In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 24 novembre 2019

R.F. - The Americans
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Robert Frank (1924-2019), dont le nom a déjà été évoqué ici et qui vient de nous quitter au début de ce mois. Proche des artistes de la Beat Generation, il voulait, disait-il, réaliser un documentaire contemporain dont l'impact visuel le dispenserait de commentaires.
R.F. - The Americans

Il est justement célébré pour sa série The Americans, un projet dans lequel il s'était lancé sur les conseils de Walker Evans et pour lequel, de 1955 à 1957, il a sillonné l'Amérique avec femme et enfants. Robert Frank s'y distingue par la spontanéité d'une photographie qui capture l'essence de la vie et de la culture américaine des 50s et 60s, s'attachant le plus souvent à documenter la vie des marginaux et des laissés-pour-compte, notamment les afro-américains et les Amérindiens. Cette série de 84 clichés, qui est considérée comme ayant révolutionné l'art de la photographie documentaire, a fait l'objet d'une publication en France en 1958, sous le titre Les Américains.
"Of all the photographs in The Americans, I think there were only two or three photographs where I did talk to the person, but most of the time I was completely silent, walking through the landscape, through the city, and photographing and turning away. Well, that is my temperament, to be silent, just looking on..."
DS2

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dimanche 17 novembre 2019

Mike Worrall - Pink shirt
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre anglais Mike Worrall (b.1942). Le surréalisme, dans ses principes comme dans ses œuvres, ne m'a jamais particulièrement attiré, que ce soit en littérature ou en arts plastiques. Il y a même beaucoup de choses que je n'ai jamais appréciées, à commencer par la personnalité de son chef de file, André Breton ; mais ce n'est pas le sujet... 

Mike Worrall - Killer blonde (2017)
En ce qui concerne Mike Worrall, beaucoup de ses tableaux - la plupart à vrai dire - me laissent indifférent. Mais pas ces deux-là. 

J'aime leur composition, et j'aime les histoires qu'ils me permettent de me raconter. Un homme élégant sur un monocycle - accessoire de cirque - dans une rue lugubre ; et une blonde fatale, dans une ville qui semble à l'abandon (mais le bar est bondé)... Est-elle descendue de cette splendide Hudson Hornet qui s'éloigne en laissant derrière elle un chat écrasé ?

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samedi 16 novembre 2019

John Schlesinger - Macadam cowboy (1969)
Une image et des mots. Jon Voight et Dustin Hoffman dans Macadam Cowboy (1969) de John Schlesinger.
J'ai pensé pour accompagner cette capture d'écran à ce poème de George-Emmanuel Clancier pour Guillevic.

"Alors vieux camarade,
Le vent du nord rigolait dur dans la forêt,
Les saisons somnolaient dans la grange
Où parfois le chien hiver aboyait.
Nous respirions sans toi le passé qui mijote
Autour des lits campagnards et de la table.
L'air, le pain de l'amitié on croirait les partager
Avec ce soupir du noroît et le quignon mâchonné devant le poêle.
C'est comme si le vif de nos jours
Bien calés au creux, au chaud du temps,
Demeurait là, plus fort que toi,
Vieux camarade, plus fort que nous."
RH4
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dimanche 10 novembre 2019

G. Dou - Femme au clavicorde (c.1665)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre néerlandais Gerrit Dou (1613-1675), fils et élève d'un graveur sur verre. En 1628, à l'âge de 15 ans il devient l'élève de Rembrandt qui lui-même n'en a encore que 22.

G.D. - Chien assoupi (1650)
Après le départ en 1631 de Rembrandt pour Amsterdam, G. Dou reste dans sa ville natale de Leyde, déclinant même l'invitation de Charles II à s'installer en Angleterre.
Il y développe son propre style, fidèle à la technique minutieuse apprise de son maître, et se consacre à la réalisation d'oeuvres de petit format dont il perfectionne les détails à la loupe ; son chien assoupi, par exemple, ne mesure que 16,3 cm sur 21,6 cm, ce qui rend les détails encore plus remarquables. Il va y fonder en 1648 l'école de Leyde, celle des fijnschilders (les "peintres fins") évoqués en octobre dernier avec Willem van Mieris et qui a prospéré jusqu'au XIXème siècle. Gerrit Dou a eu une influence considérable sur la peinture néerlandaise du siècle d'or, et il a formé plusieurs peintres de premier plan, dont Frans van Mieris l'Ancien et Gabriel Metsu.
DA1
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dimanche 3 novembre 2019

Yousuf Karsh - Winston Churchill (1941)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe portraitiste canadien Yousuf Karsh (1908-2002). D'abord celui de Winston Churchill, non seulement parce que c'est celui qui en 1941 a fait sa renommée, mais aussi parce que dans les plus de 10.000 portraits qu'a réalisés Karsh, autant privilégier ceux de personnalités que j'admire.

Y. Karsh - Martin Luther King
(1962)
Martin Luther King en fait lui aussi évidemment partie. Mais comment peut-on admirer à la fois un guerrier et un pacifiste ? Serait-ce que mon panthéon est décousu ? The answer, my friend, is blowing in the wind....

samedi 2 novembre 2019

Frederic Edwyn Church - River of light (1877)
Une image et des mots. L'américain Frederic Edwin Church (1826-1900) était une figure majeure de l'École de peintres paysagistes de l'Hudson River School, déjà évoquée ici avec Bierstadt en juillet 2008.
À deux reprises, celui qui fut surnommé le Michel-Ange du paysage part en Amérique du sud, inspiré par les récits d'Alexandre de Humboldt, auteur du Voyage en Amérique équinoxiale et à qui l'on doit notamment l'exploration du Brazo Casiquiare, ce cours d'eau qui relie les bassins hydrographiques de l'Orénoque et de l'Amazone.

Ce tableau, River of light (1877), fruit de ces voyages, est conservé à la National Gallery of Art de Washington qui présente ainsi le peintre :
"Comme son maître Thomas Cole, Church exprime en célébrant dans ses paysages les merveilles apparemment infinies de la nature un sens stupéfiant du sublime. L'artiste consacrait énormément de temps à l'étude scientifique, convaincu que la connaissance de l'optique, de la météorologie, de la botanique et de l'écologie apporterait beaucoup à son travail."

Pour aller avec, j'ai choisi les mots de Roberto Juarroz, extraits de sa Dixième poésie verticale.

Eras el portador de la aventura
el huéped de lo insólito,
Titular de los trajines del milagro,
depositario de las rúbricas del viento,
capitán del azul inesperado,
reinventor general de lo existente.

No importa que las costras de la vida
sometieran tu heráldico penacho.
No importa que tu enorme expectativa
se hundiera en los sarcófagos bruñidos.
No importa que tus manos siempre abiertas
te las hayan cerrado con usuras.
No importa que tus sueños para todos
se volvieran un sueño para nadie.

Basta sencillamente que hayas sido
lo que alguna vez fuiste :
un hueco de tos joven
en la cueva envejica del mundo.

***

Tu étais le porteur de l’aventure,
l’hôte de l’insolite,
maître des allées et venues du miracle,
dépositaire des rubriques du vent,
capitaine du bleu inespéré,
réinventeur général de l’existant.

Peu importe que les croûtes de la vie
aient soumis ton panache héraldique.
Peu importe que ton énorme attente
se soit enfouie dans les sarcophages polis.
Peu importe que tes mains toujours ouvertes
aient été fermées par l’usure.
Peu importe que tes rêves pour tous
ne soient devenus un rêve pour personne.

Il suffit simplement que tu aies été
ce qu’un jour tu fus :
une caverne de jeune toux
dans la grotte vieillie du monde.

S. Ghadirian - Be colourful (2002) Le vide-grenier du dimanche. Par ses photographies - et particulièrement celles de la série Like everyda...