In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 5 mars 2023

Oksana Shachko

Le vide-grenier du dimanche. À l'approche de la Journée internationale des droits de la femme, voici deux oeuvres de l'artiste et activiste féministe et anarchiste Ukrainienne Oksana Shachko (1987-2018).
Elle était l'une des trois cofondatrices à Kiev, en 2008, du mouvement Femen, mais son opposition à l'autorité qu'elle jugeait abusive de Inna Chevtchenko (voir mars 2022) entraînera sa mise à l'écart progressive du mouvement dont elle s'éloigne définitivement en 2014. Elle revient alors à sa première passion, la peinture, et vit à Paris dans une grande précarité; elle finira cependant par trouver refuge dans un petit studio à Montrouge et s'inscrit au Beaux-Arts en 2017.

O. Shachko - Untitled
Oksana est une enfant pieuse et passionnée par l'art de l'icône; à l'âge de 8 ans elle est acceptée à l'école réputée de Nikosh alors que seuls les adultes y sont normalement admis :
" Je voulais entrer au couvent, car j'adorais les icônes orthodoxes que je copiais passionnément, mais en m'approchant de cette discipline j'ai réalisé que c'était un grand business, et que les prêtres étaient plus des marchands que des gens de Dieu. J'ai continué l'École d'iconographie, mais j'ai abandonné l'idée d'être nonne." Elle en sort diplômée en 2000 et se lance dans des études de philosophie à l'université de Khmelnytskyï, sa ville natale.
Son art est profondément ancré dans celui de l'icone russe et byzantine, comme on peut le voir ici avec sa Trinité voilée ou encore avec son détournement de la pêche miraculeuse pour dénoncer le sort des migrants en Méditerranée.
Les peintres d'icônes russes de l'ancienne Russie, avec une clarté et une force étonnantes, ont incarné dans leurs images et leurs couleurs ce qui remplissait leur âme : la vision d'une autre vérité de la vie et d'un autre sens du monde, écrivait le philosophe russe Evgueni Troubetzkoï (1863-1920)
Oksana Shachko s'est donnée la mort le 23 juillet 2018 dans son studio de Montrouge.

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samedi 4 mars 2023

Sohei Szincza - Contact (2017)
Une image et des mots. Une photographie du polonais Sohei Szincza (b.1969) et quelques mots d'Alain Badiou extraits de sa conversation avec Nicolas Truong, publiée chez Flammarion en 2009 dans la collection Café Voltaire sous le titre Éloge de l'amour.

Si, appuyé sur l'épaule de celle que j'aime, je vois, disons, la paix du soir sur un lieu montagnard, la prairie d'un vert doré, l'ombre des arbres, les moutons au museau noir immobiles derrière les haies et le soleil en train de s'absenter derrière les rochers, et que je sais, non par son visage, mais dans le monde même tel qu'il est, que celle que j'aime voit le même monde, et que cette identité fait partie du monde, et que l'amour est justement, en ce moment même, ce paradoxe d'une différence identique, alors l'amour existe et promet d'exister encore. [...] L'amour est toujours la possibilité d'assister à la naissance du monde.
CS2

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dimanche 26 février 2023

L.M. - Pêcheurs en hiver

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre allemand Ludwig Munthe (1841-1896). Né en Norvège, il suit d'abord à Bergen l'enseignement de Franz Schiertz, avant de s'installer à Düsseldorf où il sera à la Kunstacademie l'élève du peintre paysagiste Albert Flamm ; c'est à cette École de Düsseldorf que Munthe est communément rattaché.

L.M. - Paysage d'hiver (1863)
Ludwig Munthe est avant tout un peintre de paysage avec staffage, et les personnages paraissent donc souvent secondaires dans un grand nombre de ses compositions ; c'est une des raisons pour lesquelles j'aime particulièrement cette représentation de pêcheurs au rivage.

dimanche 19 février 2023

K. Sluvan - Lettonie (2002)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe franco-slovène Klavdij Sluban (b.1963).
Né à Paris, il passe son enfance dans un petit village slovène et revient en France pour ses études secondaires. Après une maîtrise en littérature anglo-américaine, il profite d'une bourse pour l'agrégation pour séjourner un an en Italie.
Il se passionne pour la photographie dès l'adolescence et l'apprend en autodidacte avant d'effectuer un stage de tirage noir et blanc chez Georges Fèvre, assistant personnel de Cartier-Bresson, Koudelka, Doisneau et Lartigue.

K. Sluvan - Ukraine (1998)
Il se réinstalle un temps avec sa femme et ses enfants dans la campagne slovène, y traduit de la poésie, avant de devoir repartir à cause de la guerre en Yougoslavie et de la sécession de la Slovénie. C'est à son retour en France qu'il décide de se consacrer définitivement à la photographie.
Pour comprendre ce qui se passe dans son pays d'origine, il repart vers les zones de combat mais n'y prend aucun cliché : Je voulais comprendre, mais je n'ai pas compris pourquoi un homme saisit un fusil et court tuer son voisin. Parce que c'était ça, la guerre en Yougoslavie, qui a été déclarée un beau jour, par une belle matinée ensoleillée. Voilà, je n'étais pas reporter de guerre. Il y avait certaines photographies que je pouvais faire, et d'autres que je ne pouvais pas. (in La nouvelle chambre claire)".
Photographe indépendant, sac au dos et n'appartenant à aucune agence, il voyage seul - à l'exception d'un voyage dans les Balkans avec François Maspéro -, sans rechercher le sensationnel.
Ce qui est important pour moi dans la photo, c'est la trace qu'elle laisse en moi.
En 1995, il anime un atelier dans le Centre des jeunes détenus (CJD) de Fleury-Mérogis, et invite Henri Cartier-Bresson à l'exposition de leur travail ; celui-ci viendra encourager les jeunes détenus à l'occasion de plusieurs rencontres. Suite à cette première expérience, Klavdij Sluban a créé des ateliers-photo pour jeunes détenus dans de nombreux pays de l'ex-URSS et en Serbie, puis en Irlande, ainsi qu'au Guatemala et au Salvador auprès des gangs de Maras.

TN3
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Gilbert Garcin - Le moulin de l'oubli (1999) Une image et des mots. Où Beckett dialogue avec Tati... Une "photosophie" du p...