Oksana Shachko |
Le vide-grenier du dimanche. À l'approche de la Journée internationale des droits de la femme, voici deux oeuvres de l'artiste et activiste féministe et anarchiste Ukrainienne Oksana Shachko (1987-2018).
Elle était l'une des trois cofondatrices à Kiev, en 2008, du mouvement Femen, mais son opposition à l'autorité qu'elle jugeait abusive de Inna Chevtchenko (voir mars 2022) entraînera sa mise à l'écart progressive du mouvement dont elle s'éloigne définitivement en 2014. Elle revient alors à sa première passion, la peinture, et vit à Paris dans une grande précarité; elle finira cependant par trouver refuge dans un petit studio à Montrouge et s'inscrit au Beaux-Arts en 2017.
O. Shachko - Untitled |
Oksana est une enfant pieuse et passionnée par l'art de l'icône; à l'âge de 8 ans elle est acceptée à l'école réputée de Nikosh alors que seuls les adultes y sont normalement admis :
" Je voulais entrer au couvent, car j'adorais les icônes orthodoxes que je copiais passionnément, mais en m'approchant de cette discipline j'ai réalisé que c'était un grand business, et que les prêtres étaient plus des marchands que des gens de Dieu. J'ai continué l'École d'iconographie, mais j'ai abandonné l'idée d'être nonne." Elle en sort diplômée en 2000 et se lance dans des études de philosophie à l'université de Khmelnytskyï, sa ville natale.
Son art est profondément ancré dans celui de l'icone russe et byzantine, comme on peut le voir ici avec sa Trinité voilée ou encore avec son détournement de la pêche miraculeuse pour dénoncer le sort des migrants en Méditerranée.
Les peintres d'icônes russes de l'ancienne Russie, avec une clarté et une force étonnantes, ont incarné dans leurs images et leurs couleurs ce qui remplissait leur âme : la vision d'une autre vérité de la vie et d'un autre sens du monde, écrivait le philosophe russe Evgueni Troubetzkoï (1863-1920)
Oksana Shachko s'est donnée la mort le 23 juillet 2018 dans son studio de Montrouge.