Jeune mère Yanomami |
Une image et des mots. L'auteur de ce cliché m'est inconnu, les mots sont du psychiatre et psychologue des profondeurs suisse Carl Gustav Jung (1875-1961), pour qui tous les organismes partagent un même "substrat universel" d'où naissent toutes les pensées et toutes les émotions.
À mesure que la connaissance scientifique progressait, le monde s'est déshumanisé. L'homme se sent isolé dans le cosmos, car il n'est plus engagé dans la nature et a perçu sa participation affective inconsciente, avec ses phénomènes. Et les phénomènes naturels ont lentement perdu leurs implications symboliques. Le tonnerre n'est plus la voix irritée d'un dieu, ni l'éclair son projectile vengeur. La rivière n'abrite plus d'esprits, l'arbre n'est plus le principe de vie d'un homme et les cavernes ne sont plus habitées par des démons. Les pierres, les plantes, les animaux ne parlent plus à l'homme et l'homme ne s'adresse plus à eux en croyant qu'ils peuvent l'entendre. Son contact avec la nature a été rompu, et avec lui a disparu l'énergie affective profonde qu'engendraient ses relations symboliques.
C.G. Jung, L'Homme et ses symboles (1961).