In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 29 janvier 2022

Will Faller - Untitled (c.1966)
Une image et des mots. Le cliché est du photographe américain Will Faller (b.1941).
Les mots sont de Marshall McLuhan, extraits de son ouvrage The mechanic bride (La mariée mécanique), publié en 1951 et où il analyse la culture de masse de l'homme moderne. 
Dans sa préface il évoque la télévision, ce "monde qui s'effondre sur le monde", selon les mots de Christian Bobin (L'inespérée, 1994).

Notre ère est la première à avoir fait de la pénétration des consciences collectives et publiques par des milliers de consciences individuelles, parmi les plus formées d'entre elles, une activité à plein temps. Il est à présent question de s'introduire dans les consciences à des fins de manipulation, d'exploitation et de contrôle. Avec pour objectif de produire de la chaleur et non de la lumière. Maintenir chacun dans un état d'impuissance prolongée est l'effet produit par un grand nombre de publicités et de programmes de divertissement.
Hanouna, si tu nous lis...

dimanche 23 janvier 2022

A. Delaney - The road into town

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre anglais Arthur Delaney (1927-1987), renommé pour ses œuvres nostalgiques illustrant la vie industrielle du nord de l'Angleterre, particulièrement les paysages urbains de Manchester au début du XXe siècle.
Ses représentations de l'Angleterre industrielle et de sa ville natale, avec ses personnages évocateurs des matchstick men de LS Lowry témoignent de l'influence qu'a eue sur lui l'oeuvre de son aîné mancunien (voir déc. 2015 et mai 2020).

A.Delaney - City under snow
C'est une vision pleine de nostalgie de la ville de son enfance, le Manchester des années 30 qu'il dépeint souvent par des scènes empreintes de chaleur et de charme, bien que les sujets soient parfois austères. Ses tableaux représentent fréquemment des scènes de rue animées, des tramways anciens, et des tranches de vie ouvrière, sur fond de cheminées d’usine et de bâtiments industriels, sous des ciels souvent nuageux et chargés de fumée.
Le style de Delaney se distingue par son souci du détail et une certaine douceur nostalgique, qui contraste avec les réalités plus dures de la vie urbaine qu’il illustre. Il parvient ainsi à saisir l’atmosphère du Manchester industriel tout en évoquant la résilience de ses habitants.
Cette approche unique lui a valu une grande popularité dans le nord de l’Angleterre, où ses œuvres continuent d’être admirées pour leur représentation d’une époque révolue de l’histoire britannique ; aujourd’hui, les peintures d’Arthur Delaney sont souvent exposées dans des galeries et collections dédiées à l’art industriel et au patrimoine culturel du nord de l'Angleterre.

dimanche 16 janvier 2022

Bernard Plossu - Françoise
Le vide grenier du dimanche. Deux clichés du photographe-voyageur français Bernard Plossu, tous deux consacrés à sa compagne Françoise Nuñez, qui vient de brutalement disparaître la veille de Noël. Assistante de Jean Dieuzaide à la fin des années 70, elle était elle-même photographe et grande voyageuse.
Né en 1945 dans le sud du Vietnam, Bernard Plossu découvre la photographie à l'âge de 13 ans, à l'occasion d'un voyage avec son père dans le Sahara.
Son travail se distingue par une approche intime et poétique de la photographie de voyage et de paysage ; il est très influencé par le cinéma qui le passionne et dont il s'est nourri pendant son adolescence à Paris, où il fréquentait assidument la cinémathèque plutôt que d'aller en cours.

B.P. - Françoise (1981)
Plossu n'a pas cessé de photographier le monde : l’Inde, le Mexique, les États-Unis, l'Afrique, et bien sûr la France. Son premier reportage il le réalise au Mexique à l'âge de 20 ans en se joignant à une expédition ethnographique dans le Chiapas ; 15 ans plus tard il en fera un livre, "Le voyage mexicain" (1979). Dès lors les voyages vont se succéder, et autant de reportages en couleur, à l'occasion desquels va naître son idée du "surbanalisme" :
En 1970, je me suis rendu compte que les choses les plus banales étaient en fait extraordinairement surréalistes ! D’où la contraction des deux mots. Le «surbanalisme» est un pied de nez au surréalisme souvent pompier ! Selon moi, pas mal de mauvaises œuvres en ont trop fait sous l’étiquette facile de surréel. Des photos nulles de sandwiches, des images faussement délirantes ont été réalisées. Ça m’a permis de dire que rien n’est plus surréel que le banal ! (Culturopoing de novembre 2015).
Rapidement, Bernard Plossu va toutefois privilégier le noir et blanc et l'emploi exclusif de la focale 50mm, l'optique à vision humaine. Sa manière unique de capturer l'essence des lieux lui permet alors de créer des images qui dépassent la simple documentation pour offrir une vision personnelle, plus introspective, emplie de détails subtils et à l'atmosphère douce et parfois mélancolique. C'est vrai que l'usage du noir et blanc accentue le côté intemporel et universel des photographies, tandis que les expérimentations de Plossu avec le flou et les angles inattendus révèlent son approche instinctive et poétique.
Son travail est largement exposé dans les musées et galeries à travers le monde ; sa vision du monde, empreinte de simplicité et de poésie, continue de captiver et de marquer profondément le champ de la photographie contemporaine.
AV4

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dimanche 9 janvier 2022

L. Harris - Little house (1966)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre canadien Lawren Harris (1885-1970), cofondateur avec James MacDonald, qu'il rencontre en 1911, du Groupe des Sept déjà évoqué en mars et avril 2010.
À partir de 1933, ce groupe va se diluer dans le Canadian Group of Painters, dont Lawren Harris sera un des membres les plus éminents.

L.H. - Lake and mountains (1928)


Pendant trois ans, de 1904 à 1907, il part étudier en Europe, à Berlin précisément, où il va s'intéresser à la théosophie, une forme de philosophie mystique apparue à la fin du 19e et dont le principal représentant est Krishnamurti.
C'est dans l'épure à la fois vigoureuse et austère de ses paysages du Nord canadien que Harris exprimera toute sa profonde spiritualité.
.. Notre art est fondé sur une compréhension et un amour grandissant du Nord, dans une expérience toujours plus claire d'unité avec l'esprit messager de toute la terre, et un sentiment étrange et enveloppant de Mère Nature favorisant la naissance d'une nouvelle race et d'une ère nouvelle...          
[.....]
Nous vivons en bordure du Grand Nord et de sa blancheur où foisonne la vie, de sa solitude et de ses perspectives de régénération, de ses abandons et de sa libération, de ses appels et de ses réponses, de ses rythmes purificateurs. Il semble que le toit du continent soit la source d'un courant spirituel qui ne cessera de déverser sa clarté sur la race des hommes d'Amérique.
Sa toile Mountain forms, représentative de cette vision exaltée d'une nature puissante et harmonieuse a été adjugée plus de 11 millions de dollars en 2016 ; elle est à ce jour l'oeuvre canadienne la plus chère jamais vendue.

samedi 8 janvier 2022

Mikhaïl Potapov - The moment (2017)

Une image et des mots. Le cliché est du photographe russe Mikhaïl Potapov (b.1983).
Les mots pour aller avec sont de Jean Vautrin, extraits de Gipsy blues (2014).

Pourtant, dès mon premier ouf, c'est inouï comme j'avais soif d'aimer les autres. Enfant de la lune et du soleil, j'avais une envie folle de coller mon oreille contre le fût des arbres. D'écouter battre sous l'écorce le suc de la terre. De me mêler à la gaudriole générale. À tout ce raffut de la création. D'orchestrer le cui-cui des oiseaux, d'apprivoiser le savoir des personnes. Pas une minute, je n'imaginais que les gens puissent être aussi arrogants, aussi méchants. O mensi ! comme nous les appelons dans notre parler manouche. Les gens ! Passants ordinaires, je veux dire. Gadjé ! Des corniauds de tous les jours qui vont, qui viennent et traversent devant nous.
[.....] J'ignorais qu'en naissant Tzigane, je serais rabaissé au rang de gueux, de sauvage, de chien errant qui ne connaitrait ni les lois ni la morale ordinaire.

dimanche 2 janvier 2022

Victor Pasmore - Hammersmith, evening (1944)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et architecte anglais Victor Pasmore (1908-1998), considéré comme une figure majeure du développement de l'art abstrait au Royaume-Uni. D'abord éminent représentant d'une peinture figurative marquée par des maîtres du post-impressionnisme - Bonnard par exemple -, Pasmore a évolué d'un style figuratif vers l'abstraction, ce qui l’a positionné comme un leader du modernisme britannique.

V.P. - Quiet river, The Thames at Chiswick
(1943)

Les deux tableaux présentés ici s'inscrivent dans cette période de transition, celle que je préfère, qui vit Pasmore se muer après guerre en une figure capitale de l'art abstrait britannique.
Cette évolution, dans les années 40, doit beaucoup à l'influence d'artistes comme Nicholson, Piet Mondrian et Paul Klee, qui l'ont mené à explorer des formes géométriques, la couleur et les lignes.
Ainsi, dans les années 1950, Pasmore est définitivement devenu un fervent défenseur de l'abstraction en Grande-Bretagne. Ses œuvres intégraient des formes minimalistes et des reliefs sculptés, repoussant les frontières entre peinture et sculpture. Il a également contribué à des projets d’art public, notamment dans la conception de la ville nouvelle de Peterlee, dans le comté de Durham, où il a intégré l’art abstrait dans l’architecture et l’aménagement urbain. Son œuvre, marquée par une exploration de la forme et de l’espace, est conservée dans de nombreuses collections prestigieuses, notamment celles de la Tate et du Museum of Modern Art de New York, et continue d’inspirer par sa rigueur intellectuelle et ses innovations formelles.

HB3 ICI