In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 17 avril 2021

Obiadun Olaku, Salvation Hill, Lagos (2018)

Une image et des mots. Ce tableau du peintre nigérian Obiadun Olaku m'a fait penser à un poème de Kenneth Patchen, extrait de The Collected Poems réédité par New Directions Books en 1967.

It is said that
Once, before the coming of man,
A hill caught fire, and the goddess Anna
Died, screaming in the flames, her womb
Burning like a sack of oil.
Next day the world split into four parts:


The place of water,
The place of heaven,
The place of mind,
And the place of air...

It is told that land did not exist at all,
Though many people knew nothing else.

On that hill strange things embraced,
And their children hated the earth kind.

***

On dit que
Jadis, avant la venue de l'homme,
Une colline s'embrasa et la déesse Anna
Périt, hurlant dans les flammes, son ventre
Brûlant comme une outre d'huile.
Le jour suivant, le monde se divisa en quatre:
Le lieu de l'eau,
Le lieu du paradis,
Le lieu de l'esprit,
Et le lieu de l'air...

On dit que la terre n'existait pas,
Bien que beaucoup ne connussent rien d'autre.

Sur cette colline des êtres étranges s'étreignaient,
Et leurs enfants haïssaient ce qui venait de la terre.

KC1
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dimanche 11 avril 2021

R.G. - série L'oeil de l'amour (1952)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe suisse René Groebli, présenté sur ce blog le 8 août 2010. Ayant étudié à l’École des Arts et Métiers de Zurich, Groebli a commencé sa carrière dans la photographie documentaire, comme avec ses reportages dans l’industrie ferroviaire. Sa série Rail Magic (1949) est emblématique de cette période, avec ses jeux de lumière et de mouvement qui rendent hommage à l'esthétique industrielle.

R.G. - série L'oeil de l'amour
Mais Groebli s'est rapidement tourné vers une photographie plus artistique et expérimentale, explorant des thèmes comme l'intimité et le passage du temps. Son travail le plus connu, L'Œil de l'Amour (1954), évoqué justement dans la publication d'août 2010 et dans lequel il immortalise son épouse Rita, capture avec tendresse des moments de la vie de couple dans une série intime et poétique, évoquant les textures et les émotions du quotidien amoureux.
ML15

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dimanche 4 avril 2021

William Hawkins - Untitled
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre afro-américain William Hawkins (1895-1990). 
Le Smithsonian American Art Museum (SAAM) nous apprend que né et élevé dans une ferme du Kentucky, il apprit à dessiner en copiant des illustrations de brochures pour ventes aux enchères de chevaux et des images de calendriers. À vingt et un ans, il s’installe à Columbus, dans l'Ohio, où il peint les paysages urbains et les animaux fantastiques qui font aujourd'hui sa renommée.

W.H. - Food Bar (1980)
Ainsi, entièrement autodidacte, Hawkins n’a réellement commencé à se consacrer à l’art que tardivement, s'inspirant de ses expériences de travail manuel en tant qu’ouvrier agricole et autres petits boulots ; il utilisait souvent des matériaux récupérés, comme le contreplaqué, ce qui donne à ses œuvres une texture brute et marquée.
Le style de Hawkins se distingue aussi par ses couleurs éclatantes et ses formes simplifiées, presque abstraites, au trait souvent enfantin et cernées de lignes épaisses et noires. Il avait une approche unique de la perspective et de la composition, représentant fréquemment des sujets comme des animaux, des monuments, et des icônes religieuses dans des proportions exagérées et dynamiques. Enfin il ajoutait souvent du texte dans ses œuvres, incluant sa signature et sa date de naissance sur toute la largeur de la toile, ce qui enrichissait la dimension narrative de ses créations.

samedi 3 avril 2021

(A/U)
Une image et des mots. Éloge de la légèreté avec cette belle photo d'Einstein avec sa belle-fille Margot à l'ouverture de la Foire de New York en 1939, à Flushing Meadows.. Je l'associerai à quelques mots du chantre du Gai savoir, Nietzsche ; ils sont extraits du Voyageur et son ombre (1879) :

Il y a un mépris hypocrite de toutes les choses qu’en fait les hommes regardent comme les plus importantes, de toutes les choses prochaines.
On dit, par exemple : « On ne mange que pour vivre »,– mensonge exécrable, comme celui qui parle de la procréation des enfants comme du dessein propre de toute volupté.
Au rebours, la grande estime des « choses importantes » n’est presque jamais entièrement vraie : quoique les prêtres et les métaphysiciens nous aient accoutumés en ces matières à un langage hypocritement exagéré, ils n’ont pas réussi à changer le sentiment qui n’attribue pas à ces choses importantes autant d’importance qu’à ces choses prochaines méprisées.
[…..] Socrate déjà se mettait de toutes ses forces en garde contre cette orgueilleuse négligence de l’humain au profit de l’homme, et aimait, par une citation d’Homère, à rappeler les limites et l’objet véritable de tout soin et de toute réflexion :
« C’est, disait-il, et c’est seulement ce qui chez moi m’arrive en bien et en mal ».
Épicure, l’homme qui calma les âmes de l’antiquité finissante, eut cette vue admirable, si rare à rencontrer aujourd’hui encore, que, pour le repos de la conscience, la solution des problèmes théoriques derniers extrêmes n’est pas du tout nécessaire.

dimanche 28 mars 2021

Y. Kurnosov - Portrait 1

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du russe Yura Kurnosov, dont je ne sais pas encore grand chose sinon qu'il vit à Moscou, et qu'il cite Richard Avedon et Irving Penn parmi ses influences. 
Je l'ai découvert par hasard avec quelques natures mortes aussitôt archivées, mais ce sont surtout ses portraits que j'apprécie particulièrement.

Y. Kurnosov - Portrait 2








Ses modèles ne sont pas professionnels, ce sont des gens ordinaires chez qui - loin des standards du glamour -, les attitudes, le visage, le regard, dégagent une beauté singulière et nous font partager - ou peut-être imaginer, peu importe finalement -, un vécu d'une saisissante densité. "Voir le visage, c'est parler du monde", dit Emmanuel Levinas.

HB3 ICI