In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 22 décembre 2019

Q.v.B. - L'atelier du tailleur (1661)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre du siècle d'or néerlandais Quirijn van Brekelenkam (1622-1668). Influencé par Gerrit Dou (voir VG du 10 novembre), son aîné et maître présumé, il se spécialise dans la scène de genre intimiste : petits intérieurs bourgeois, ateliers d’artisans, échoppes et scènes domestiques où tout semble baigner dans une lumière douce et feutrée. Sa peinture met souvent en scène des tailleurs, des médecins, des coiffeurs ou des marchands, qu’il traite avec une précision presque chirurgicale et une attention marquée pour les textures - étoffes, verreries, papiers, outils. 
Q.v.B. - Une famille au foyer (1665)






Membre de la guilde de Saint-Luc de Leyde, il sera l'un des représentants du courant des fijnschilders.
Mais il n'y a rien de spectaculaire dans son réalisme soigneusement composé, aucune allégorie grandiloquente, juste la beauté simple des gestes ordinaires et la dignité du quotidien.
Après s'être d'abord consacré à ses représentations de modestes artisans au travail - il proposera ainsi treize versions d'un tailleur dans son atelier -, Quirijn van Brekelenkam va aussi s'intéresser à d'autres sujets plus à la mode inspirés par le travail de Gabriel Metsu (sa Conversation sentimentale par exemple, qui rappelle La femme assise en compagnie d'un joueur de violon) et celui de Pieter de Hooch. Moins célèbre que certains de ses contemporains, il fait partie de ces peintres qui ont su, à travers de petits formats et des sujets simples, saisir toute l’âme d’une époque.

HP4
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dimanche 15 décembre 2019

Ian Dryden - Beckett à Paris (1985)
Le vide-grenier du dimanche. En ce jour du 30ème anniversaire de sa disparition, simplement deux de mes photos préférées de Samuel Beckett.

(A/U) Beckett à Ussy-sur-Marne (1952)









La première a été prise à la terrasse d'un café parisien, la seconde dans son jardin d'Ussy-sur-Marne. Est-il en train d'expliquer par le geste sa vision du monde à un exégète? Non, il aménage son jardin avec son frère Frank.
"Je perds la bataille avec les taupes, et les sangliers ont démoli la clôture. Je passe la plupart du temps à Ussy à tuer le temps avec la pelouse et du papier."
NC5

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samedi 14 décembre 2019

Alessandro Allori - Charybde et Scylla (1575)
Une image et des mots. Cette représentation du voyage d'Ulysse, quand six de ses compagnons sont dévorés dans le détroit de Messine par le monstre Scylla, est une des fresques du maniériste italien Alessandro Allori qui ornent les murs du Palazzo Salviati, au coeur historique de Florence.
Pour aller avec, voici quelques vers du poète soudanais Abdel Wahab Yousif...

You'll die at sea.
Your head rocked by the roaring waves,
your body swaying in the water
like a perforated boat.

In the prime of youth you'll go,
shy of your 30th birthday.
Departing early is not a bad idea;
but it surely is if you die alone
with no woman calling you to her embrace:
"Let me hold you to my breast,
I have plenty of room.
Let me wash the dirt of misery off your soul".

***

Tu mourras en mer.
La tête ballottée par les vagues rugissantes,
ton corps qui se balance dans l'eau.
comme un bateau crevé.

Tu partiras dans la fleur de ta jeunesse,
à peine la trentaine.
Partir tôt n'est pas une mauvaise idée,
mais c'en est une si tu meurs seul,
sans une femme qui t'ouvre ses bras :
" Laisse-moi te presser contre ma poitrine,
j'ai beaucoup de place.
Laisse-moi laver ton âme de la misère crasse ".

Abdel Wahab Yousif est mort noyé en Méditerranée au mois d'août dernier, avec 44 de ses compagnons de voyage, adultes et enfants. Il avait vingt-neuf ans.

dimanche 8 décembre 2019

Pierre Belhassen - New York (2012)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du français Pierre Belhassen (b.1978), déjà présenté ici le 29 mai 2016. Deux clichés pris à New York, où Pierre Belhassen a découvert la photographie, à l'occasion d'un premier voyage en 2005. Il en arpente les rues en restant attentif à la lumière, aux gestes fugaces, aux détails presque invisibles qui disent pourtant beaucoup. Sa photographie est une affaire de rythme, de sensation, de présence.

P.B. - série Color walk

C'est ici que tout a commencé, il y a une énergie unique qui circule dans cette ville. New York est définitivement un lieu de genèse pour moi.
Les influences que revendique Pierre Belhassen sont nombreuses : le cinéma de Kurosawa, la littérature de Chandler et Ellroy, la peinture de Bonnard et Bacon, la musique..., et bien sûr un grand nombre de photographes, de Robert Frank à Trent Parke, en passant par Saul Leiter ou encore Jonas Bendiksen (voir janvier 2008). Pierre Belhassen fait partie de ces photographes qui racontent le monde sans le commenter, préférant la suggestion à l’explication. Un regard libre, très personnel, porté sur les frémissements de la vie qui parfois nous échappent.

CL1
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C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932) Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets, voici q...