In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 6 juillet 2019


Meretseger (Nouvel Empire) 
Une image et des mots. Une représentation de la déesse Meretseger, (ou Mertseger) "celle qui aime le silence", sur cette stèle en calcaire conservée au Louvre, ou encore sur cet ostracon conservé au Musée du Caire.

La déesse cobra Meretseger était la gardienne de la Vallée des Rois et de la vaste nécropole thébaine située sur la rive ouest du Nil, en face de Louxor, et classée aujourd'hui au patrimoine mondial de l'humanité. Son culte est rattaché à la période faste du Nouvel Empire, entre les 16e et 11e av. J -C.; elle était la protectrice du village de Deir el-Médineh, où vivaient les artisans chargés de la construction des temples et des tombeaux des pharaons.

Meretseger
Pour aller avec, j'ai pensé à ce texte du poète palestinien Mahmoud Darwich (1942-2008),  Le grondement du silence (in La trace du papillon, Actes Sud)

"J'écoute le silence. Existe-t-il? Si, oubliant son nom, nous tendions l'oreille, nous entendrions les voix des âmes errantes dans les airs et les cris de ceux qui ont trouvé le chemin des premières cavernes. Le silence est une voix qui s'est évaporée, cachée dans le vent et brisée en échos conservés dans des jarres cosmiques. Si nous tendions l'oreille, nous entendrions le heurt de la pomme tombant sur une pierre dans le jardin d'Eden, le cri d'Abel effrayé par le premier sang répandu, le premier gémissement de désir entre un mâle et une femelle désemparés, nous entendrions les méditations de Jonas dans le ventre de la baleine et les négociations secrètes entre les dieux anciens. Si nous tendions l'oreille derrière le voile du silence, nous entendrions les conversations nocturnes entre les prophètes et leurs épouses, les premières cadences de la poésie, la plainte des empereurs qui s'ennuient, le martèlement des sabots des chevaux dans une guerre aux date et lieu inconnus, la musique du rituel sacré de la prostitution, les pleurs de Gilgamesh sur son ami Enkidu, la perplexité du singe après qu'il eut sauté de l'arbre sur le trône de la tribu et les insultes échangées entre Sarah et Hagar. Si nous tendions l'oreille à la voix du silence, nos paroles se feraient plus rares!"
GF2

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dimanche 30 juin 2019

A. Carte - Marins regardant la mer
(1923)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du belge Antoine Carte (1886-1954), déjà présenté en septembre 2012.
Plus connu sous le nom d’Anto Carte, il est né le 8 décembre 1886 à Mons, dans une famille d’artisans. Son père, maître ébéniste, lui transmet le goût du travail bien fait et des matériaux nobles, des valeurs qui marqueront durablement son œuvre artistique.
En 1897, il intègre l'Académie de Mons où il apprend la peinture et les techniques décoratives, tout en développant ses talents de dessinateur. En raison de contraintes financières, il doit poursuivre ses études en soirée et travaille comme apprenti chez un peintre-décorateur. Cette expérience l’initie à des techniques variées et enrichit son approche artistique.

A. Carte - Le pain (1921)
À l’Académie, il se lie d’amitié avec Louis Buisseret (de qui j'aime beaucoup les portraits), qui jouera un rôle clé dans sa carrière, en l’encourageant à exposer ses œuvres.
Anto Carte poursuit sa formation à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, où il étudie sous des maîtres symbolistes comme Jean Delville. Fasciné par les poèmes d’Émile Verhaeren, il trouve dans ces textes une source d’inspiration majeure qui va influencer ses premières œuvres, riches en atmosphères poétiques et symboliques.
Entre 1910 et 1913, grâce à une bourse, il découvre l’avant-garde parisienne et se familiarise avec les arts de la scène, notamment les décors des Ballets Russes. Cependant, son style reste profondément marqué par une quête de simplicité et d’humanisme. Après la Première Guerre mondiale, il illustre des textes littéraires et participe à de prestigieuses expositions, ce qui va lui valoir un succès notable aux États-Unis.
En 1928, avec Buisseret et Léon Eeckman, il fonde le groupe Nervia, réponse wallonne à l'expressionnisme flamand, qui soutient les jeunes artistes et promeut un art figuratif empreint de symbolisme. Reconnu pour son autorité et son exigence, il enseigne les arts décoratifs à Bruxelles et réalise des œuvres variées, notamment des vitraux. Anto Carte décède le 15 février 1954 à Bruxelles. Son œuvre, oscillant entre décoratif et monumental, associe souvent mystique et quotidien, révélant une profonde sensibilité religieuse et humaniste.

ML8

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dimanche 23 juin 2019

Berenice Abbott - New York at night (1932)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de la photographe américaine Berenice Abbott (1898-1991).
Comme beaucoup d'artistes et d'intellectuels européens et américains à cette époque, elle choisit au début des années 1920 de s'installer à Paris, alors dominée par les surréalistes.
C'est là, grâce à Man Ray qui l'a prise sous son aile, qu'elle fait la connaissance d'Eugène Atget (voir 27/11/2011) pour l'oeuvre de qui elle se passionne.
En 1928 elle acquiert une partie du fonds du maître français et l'expose à Paris, puis à New York où elle revient définitivement s'installer en 1929;  c'est ainsi que Berenice Abbott va dès lors jouer un rôle considérable dans la conservation, la promotion et la diffusion de l'oeuvre d'Atget.

B. Abbott - Herald Square, NYC (1936)


Aux États-Unis elle est choisie par l'administration américaine pour collaborer au projet documentaire de la Work Progress Administration sur la ville de New York, alors plongée comme tout le pays dans la Grande Dépression, la pire crise économique du XXème siècle.
De cette commande gouvernementale va naître sa série sans doute la plus célèbre, Changing New York, composée de 305 clichés. "Le tempo de la ville n'est pas celui de l'éternité, écrit-elle, ni celui du temps, mais celui de l'éphémère. C'est pour cette raison qu'un tel enregistrement revêt une importance particulière, tant documentaire qu'artistique."
Ces deux clichés font partie de ce travail.
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