| BC1 |
In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0
dimanche 2 juin 2019
samedi 1 juin 2019
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| Sorrowing Adam, ivoire, art byzantin 10-11e siècle |
"…. Je peux reconnaître que la mer et le vent ne manqueront pas de me survivre et que l’éternité se soucie peu de moi.
Mais qui me demande de me soucier de l’éternité ? Ma vie n’est courte que si je la place sur le billot du temps.
[…..] tout ce qui m’arrive d’important et tout ce qui donne à ma vie son merveilleux contenu :
la rencontre avec un être aimé, une caresse sur la peau, une aide au moment critique, le spectacle du clair de lune, une promenade en mer à la voile, la joie que l’on donne à un enfant, le frisson devant la beauté, tout cela se déroule totalement en dehors du temps. Car peu importe que je rencontre la beauté l’espace d’une seconde ou l’espace de cent ans. Non seulement la félicité se situe en marge du temps mais elle nie toute relation entre celui-ci et la vie."
Stig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (1952)
dimanche 26 mai 2019
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| A.C. Johnston - Tilly Losch |
Ses clichés - souvent réalisés en studio, dans une lumière savamment maîtrisée - oscillent entre glamour, élégance et audace. Johnston excelle dans l’art de composer des poses qui allient grâce théâtrale et sensualité suggérée. Ses portraits de danseuses en costume de scène, ou parfois dénudées, gardent aujourd’hui encore un parfum d’insolence feutrée : celui des Années folles.
Ce que je trouve intéressant, c’est que ces images, tout en étant conçues comme outils de promotion du spectacle, ont dépassé leur contexte pour devenir de véritables icônes. On y lit à la fois l’esprit d’une époque, fascinée par la modernité, la beauté et le divertissement, et la recherche d’un style photographique qui flirte avec l’art.
Le premier de ces deux portraits est celui d'Ottilie (Tilly) Losch, qui deviendra comtesse de Carnarvon, et était l'une des danseuses des Ziegfield Follies, avant de tâter du cinéma et de la peinture :
"My role of ballerina comes first. Second is my work as a choreographer. My acting comes third, my painting fourth. I rate my role as Lady Carnarvon fifth in importance simply because I can't think of anything interesting to put after painting".
Drucilla Strain, le second portrait, était elle aussi une des innombrables Ziegfield girls et actrices photographiées par Johnston.
samedi 25 mai 2019
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| Guy Rose - Carmel shore (1919) |
Je l'ai choisie pour illustrer ces vers de la poétesse américaine (d'origine anglaise) Denise Levertov (1923-1997):
The sea’s repeated gesture
Stroking its blue shore
throughout the night, patient, patient,
determined rhetoric that never
persuades, the rocks unwilling
to be pebbles, nights and days and
centuries passing before the pebbles
dwindle to join the sand, the sand itself
at last barring the sea’s way
into the land, an island
forming from the silt. Yet still
all this night and all
the nights of our life the sea
stoking its blue shore,
patient, patient.
***
Le geste répété de la mer
Caressant son rivage bleu
tout au long de la nuit, patiente, patiente,
rhétorique entêtée qui jamais
ne persuade, les rochers ne voulant pas
être galets, les nuits et les jours et
les siècles s’écoulant avant que les galets
ne soient réduits en sable, le sable
enfin barrant le chemin de la mer
à l’intérieur des terres, une île
se formant du limon. Néanmoins
cette nuit toute entière et toutes
les nuits de notre vie la mer
caressant son rivage bleu,
patiente, patiente.
The sea’s repeated gesture
Stroking its blue shore
throughout the night, patient, patient,
determined rhetoric that never
persuades, the rocks unwilling
to be pebbles, nights and days and
centuries passing before the pebbles
dwindle to join the sand, the sand itself
at last barring the sea’s way
into the land, an island
forming from the silt. Yet still
all this night and all
the nights of our life the sea
stoking its blue shore,
patient, patient.
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| Denise Levertov |
***
Le geste répété de la mer
Caressant son rivage bleu
tout au long de la nuit, patiente, patiente,
rhétorique entêtée qui jamais
ne persuade, les rochers ne voulant pas
être galets, les nuits et les jours et
les siècles s’écoulant avant que les galets
ne soient réduits en sable, le sable
enfin barrant le chemin de la mer
à l’intérieur des terres, une île
se formant du limon. Néanmoins
cette nuit toute entière et toutes
les nuits de notre vie la mer
caressant son rivage bleu,
patiente, patiente.
dimanche 19 mai 2019
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| Wout Schram - Still life with bottle (nd) |
Ses natures mortes, composées souvent d'objets aux formes simples, sont caractérisées par le soin extrême apporté à leur placement, et par l'adoption assez inhabituelle d'un point de vue en plongée ; aucun élément n'en cache un autre, tout est donné au regard, tout est offert à l'observation.
J’ai toujours aimé les natures mortes, qu’elles soient espagnoles, flamandes ou hollandaises. Plus que pour la virtuosité qu’elles exigent, surtout pour la dignité qu'elles donnent à l’ordinaire : un bol, un fruit, un ustensile sont soudain objets de contemplation. Les natures mortes sont aussi des témoins précieux qui disent les goûts d’une époque, ses usages et ses aspirations, son rapport au savoir, à la matière, à la vie quotidienne. Dans le regard de Schram comme chez bien d’autres, on assiste - dans cette célébration virtuose du quotidien - au surgissement de la beauté du plus trivial.
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