In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 23 juillet 2016

E. Tudor-Hart - Hungry child, White Chapel
(1935)
Une image et des mots. L'image est de la photographe britannique Edith Tudor-Hart, les mots sont de l'égyptien Albert Cossery, extraits de son recueil de nouvelles Les hommes oubliés de Dieu (1927)

Cependant, la ville regorgeait d'une multitude d'êtres, qui n'avaient rien de commun avec ce désordre et ces lumières. Ils passaient près de toutes ces lumières comme des ombres peureuses. Ils regardaient toutes ces belles choses de la ville avec des yeux de bêtes qui ne comprennent pas. Ils transportaient avec eux leur quartier boueux et leur sale misère. Ils étaient visibles comme des plaies. On leur faisait la chasse, mais ils s'obstinaient à rester. Une raison suffisante et implacable les attirait dans cette enceinte magique : la faim. C'était une chose qu'ils comprenaient très bien. Ils étaient innombrables, autour des restaurants, de tous les endroits où l'on mange. Pour eux, manger était tout. Ils ne désiraient rien d'autre. Depuis des générations ils n'avaient pas eu d'autres désirs. C'était des corps ignobles et sans âme. La ville souffrait de les contenir ; la civilisation souffrirait de les voir. Ils ressemblaient à des remords ; des remords très anciens enracinés dans le sol. Mais, malgré tout, ils ne voulaient pas mourir. Mendier un morceau de pain à ceux qui leur avaient tout pris était encore pour eux une chance de vivre. Et on les appelait mendiants ou bien voleurs suivant leur insistance à vivre.

dimanche 17 juillet 2016

Lev Lagorio - Lofoten islands (1895)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et aquarelliste russe Lev Lagorio (1927-1805), formé à l'Académie des Arts de Saint-Petersbourg sous la férule de Maxime Vorobiov.
Grand admirateur  d'Ivan Aïvazovski, maître de la peinture de marines que Turner considérait comme un génie (voir son époustouflant La neuvième vague), c'est à ce genre que Lagorio a consacré la plus grande partie de son oeuvre, et j'aime particulièrement la vision qu'il nous propose ici de ces magnifiques îles norvégiennes. 

L. Lagorio - In the Caucasus mountains
(1870s)
Derrière la magie romantique des paysages enveloppés par les brouillards marins, on devine la dureté de la vie des hommes, la dureté de la vie des femmes...; il faut, si l'on veut s'y plonger, lire Cent ans, le roman d'Herborg Wassmo.

Mais le tableau que je préfère, c'est celui de cette chevauchée dans le Caucase; il me rappelle (c'est l'heure des confidences?) un peu les miennes dans la cordillère des Andes.....
Et si pour une fois cet amoureux des océans ne peint pas une marine, même son ciel ressemble à la mer.
VU1

ICI

dimanche 10 juillet 2016

Eamonn Doyle - série End (2016)
Le vide-grenier du dimanche. Cent ans après l'insurrection de Pâques, le soulèvement qui allait mener l'Irlande vers l'indépendance, le photographe irlandais Eamonn Doyle (b.1969)  livre une série de clichés pris dans l'artère dublinoise où tout a commencé.

E. Doyle - série End (2016)






C'est là, sur O'Connell Street, que le 24 avril 1916 Pádraig MacPiarais a lu la déclaration d'indépendance de la République d'Irlande.
D'abord impliqué dans le monde de la musique, Eamonn Doyle n'est venu que tard à la photographie. Ses images, marquées par une esthétique épurée et un sens aigu de la géométrie, offrent une perspective unique sur l'interaction humaine et l'environnement urbain.
LM1
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dimanche 3 juillet 2016

A. Frahm - Falling panties serie (1950)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'illustrateur américain Art Frahm (1907-1981), très influencé par le travail d'Haddon Sundblom dont il fut l'assistant (voir publication du 27/12/2015).

A. Frahm - Traveling hobo serie
La première illustration fait partie de sa très célèbre - et joliment sexiste - série Falling panties, où de ravissantes jeunes femmes perdent leurs dessous dans toutes les situations de la vie ordinaire, le plus souvent, comme ici, embarrassées par leur sac de courses d'où émerge immanquablement une branche de céleri.
La seconde fait partie de sa non moins sympathique série Traveling Hobo, qui met en scène les tribulations d'une joyeuse bande de vagabonds à travers la pimpante Amérique des années 50.

samedi 2 juillet 2016

F.Bacon - Study for a running dog
(1954)
Une image et des mots. Il y a bien longtemps j'ai voulu lire Trilces, un recueil de poèmes du péruvien César Vallejo, tout simplement parce qu'une de mes connaissances avait choisi cette oeuvre pour sa thèse en linguistique et que son choix m'intriguait.
C'est un gros volume, et je devais revenir souvent sur des passages que je ne comprenais pas, mais je l'ai lu obstinément, avec peine et sans aucun plaisir, du premier au dernier vers.
De ces milliers de vers obscurs un seul m'est resté, que je n'ai jamais oublié et qui aujourd'hui encore me revient devant cette étude de Bacon.

"Un perro pasa royendo el hueso de otro perro que fue."
  Un chien passe, rongeant l'os d'un autre chien qui fut.

JM1 ICI