In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 22 novembre 2015

Ako Salemi - Freedom (2015)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste Ako Salemi, né en 1981 à Bukan, dans le Kurdistan iranien. Formé à la photographie documentaire, il se fait d’abord connaître par ses reportages sur des sujets souvent sensibles : la vie quotidienne en Iran, les questions environnementales, la migration, les minorités.
Son style, loin du sensationnalisme, s'attache aux détails ténus, aux gestes ordinaires, avec une attention particulière à la lumière naturelle et aux compositions épurées.

Ako Salemi
Chef d'un restaurant traditionnel
(2015)




Salemi travaille régulièrement pour la presse internationale, mais ce qui marque dans son approche, c’est cette manière discrète et sensible d’entrer dans l’intimité d’un lieu ou d’un moment, sans jamais forcer le trait : un mélange de retenue et d'empathie qui fait que ses images semblent toujours nous arriver à hauteur d’homme.
Les deux photos - comme toute la série dont elles sont tirées -, ont été prises au smartphone, à Mazar-i-Charif,  quatrième ville d'Afghanistan. C'est le pays de la burqa ; et lorsqu'on sait que le pigeon y est symbole de liberté, le contraste que propose le premier cliché est d'autant plus saisissant. Aujourd'hui basé aux États-Unis, Ako Salemi continue de travailler sur des projets documentaires en photographie et en film, explorant les tensions sociales, culturelles et environnementales de notre époque.

DG3
ICI

samedi 21 novembre 2015

DAH - Wild horses, Spain (1977)
Une image et des mots. Un cliché du photographe américain  David Alan Harvey (b.1944), et un poème de Sully Prudhomme.

Agite, bon cheval, ta crinière fuyante ;
Que l'air autour de nous se remplisse de voix !
Que j'entende craquer sous ta corne bruyante
Le gravier des ruisseaux et les débris des bois '.
Aux vapeurs de tes flancs mêle ta chaude haleine,
Aux éclairs de tes pieds ton écume et ton sang !
Cours, comme on voit un aigle en effleurant la plaine
Fouetter l'herbe d'un vol sonore et frémissant !
« Allons, les jeunes gens, à la nage ! à la nage ! »
Crie à ses cavaliers le vieux chef de tribu ;
Et les fils du désert respirent le pillage,
Et les chevaux sont fous du grand air qu'ils ont bu !
Nage ainsi dans l'espace, ô mon cheval rapide,
Abreuve-moi d'air pur, baigne-moi dans le vent ;
L'étrier bat ton ventre, et j'ai lâché la bride,
Mon corps te touche à peine, il vole en te suivant.
Brise tout, le buisson, la barrière ou la branche ;
Torrents, fossés, talus, franchis tout d'un seul bond ;
Cours, je rêve, et sur toi, les yeux clos, je me penche ...
Emporte, emporte-moi dans l'inconnu profond !
TW1
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dimanche 8 novembre 2015

Liu Bolin - Suo Jia Cun
Le vide-grenier du dimanche. Pour vivre heureux vivons caché... Le matin du 16 novembre 2005, Liu Bolin découvre son atelier en ruines; les autorités chinoises viennent de démolir le village d'artistes de Suo Jia Cun. L'artiste chinois Liu Bolin, né en 1973 à Shandong, a fait de la disparition son langage. Formé à la sculpture à l’Académie centrale des beaux-arts de Pékin, il commence à se faire remarquer à la fin des années 1990, dans un contexte politique où l’expression artistique reste étroitement surveillée.

Liu Bolin
C'est avec ses performances photographiques qu'il forge peu à peu son style : dans ses séries Hiding in the City ou The Invisible Man, Liu Bolin se camoufle entièrement dans les paysages urbains ou industriels, peint sur lui-même le décor jusqu’à se fondre presque parfaitement dans l’arrière-plan. À la fois critique sociale, réflexion sur l’effacement de l’individu face au pouvoir, et métaphore de l’adaptation forcée dans un monde normé, son travail navigue entre performance, photographie et installation.
Ses oeuvres, qui sous leurs allures ludiques parlent aussi de marginalisation, de disparition culturelle, de la tension entre traditions et modernité dans la Chine contemporaine - et plus largement, du devenir de l’humain dans des sociétés où tout est contrôle et spectacle -, vont désormais devenir éloge de la dissimulation. Elle peut être, on le sait depuis Machiavel, une technique d'opposition politique. Les sages sans puissance, disait Tomaso Campanella, sont contraints de vivre comme les fous.
Installé aujourd'hui entre Pékin et New York, Liu Bolin continue d'explorer à travers ses projets récents les formes invisibles de résistance ; il s'efface pour mieux parler du monde.
KB1

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F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...