In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 15 août 2015

Paul Himmel - Brooklyn Bridge (1948)
Une image et des mots. L'image est un cliché du photographe documentaire américain Paul Himmel (1914-2009). Que contemple cet homme du haut du Brooklyn Bridge ? Et à quoi pense-t-il ? À la verticalité obstinée de nos aspirations ou au fleuve d'Héraclite ?
Pour l'accompagner, voici quelques lignes de Jean Guéhenno, extraites de son récit autobiographique Changer la vie (1961).

C'est une incroyable chance d'avoir quelquefois le temps de vivre, le temps de la conscience, fût-ce la conscience de tout son malheur, de pouvoir s'arrêter quelquefois, reprendre souffle et lever la tête pour contempler l'étonnant paysage autour de soi, y reconnaître sa place et se perdre en lui. C'est une lubie peut-être de cet homme de livres, de ce flâneur que je suis devenu. Mais il me semble qu'aucun plus grand bonheur n'est possible pour les hommes. Ce n'est pas le bonheur du bonheur, mais le bonheur de la libre respiration, de l'oubli de soi. Alors la course se ralentit jusqu'à s'arrêter. Les choses ne sont plus autour de nous l'enjeu d'un combat, mais rien qu'un spectacle que nous voulons comprendre. Nous ne rapportons plus rien à nous-mêmes. Il n'est plus ni bonheur, ni malheur, parce qu'il n'est plus ni désir ni angoisse. Nous ne sommes plus rien qu'un effort pour nous accorder à une présence éternelle, mais ce sont là bien des mots pour souhaiter à tous les hommes des loisirs et des rêves.
AL1

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dimanche 9 août 2015

W.H.R. - The lullaby bed (nd)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres de William Heath Robinson (1872-1944), illustrateur britannique à l’imaginaire débordant et qui fut certainement l'un des artistes les plus décalés et les plus amusants du début du 20ᵉ siècle. Avec ses machines farfelues, souvent imprégnées d'une douce poésie absurde, Robinson transforme des tâches ou des situations quotidiennes simples en entreprises délirantes.
Mais derrière l'humour, comme souvent, il y a la satire sociale : l'artiste critique, à travers la complexité de ses inventions, une tendance à multiplier les technologies et à compliquer ce qui pourrait être fait simplement. L’absurde se mêle ici à la réalité, et chaque élément du dessin paraît posséder une logique propre, tout en étant totalement fantaisiste.

W.H.R. - The Kinecar (1926)
Aujourd'hui, les œuvres de William Heath Robinson n'ont rien perdu de leur fraîcheur et son style unique demeure une référence obligée pour ceux qui aiment jongler avec l'absurde et le visuel. Ces œuvres font plus que nous divertir : elles pointent du doigt, de manière légère mais percutante, une certaine absurdité de la société moderne. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, s'interrogeait Jacques Rouxel, le créateur des Shadoks.
LA1

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dimanche 2 août 2015

H.G. - Fort Mahon, Baie de Somme (1991)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe belge Harry Gruyaert (b.1941) déjà présenté en août 2009. Formé à l'École de Photographie et de Cinéma de Bruxelles, il dit n'avoir jamais avoir voulu être autre chose qu'un photographe. Je ne saurais pas comment vivre sans la photographie. Je ne sais pas ce que ma vie serait sans elle, un trou noir probablement.

H.G. - Extremadure, Espagne (1998)


Bien plus proche des grands coloristes américains que j'avais cités dans la première publication que de la photographie humaniste française, il convient que si le noir et blanc amplifie la relation à autrui, c'est la couleur - dès lors qu'on opte pour elle -, et non les personnages qui doit être au centre de la composition. C'est ce qu'illustrent les deux clichés présentés aujourd'hui, même si chacun le fait de façon totalement différente.

DO2
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F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...