In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 10 août 2014

G. Boldini - La femme en rouge

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'italien Giovanni Boldini (1842-1931), portraitiste de grande renommée surnommé "le peintre de l'élégance".
Figure du génie précoce formé dans l’ombre bienveillante de son père Antonio à Ferrare, il rejette dès son plus jeune âge les carcans académiques. S'il aborde l'univers de la peinture avec la rigueur héritée de la Renaissance italienne,  il se tourne rapidement vers des formes plus libres et expressives. Il part à Florence, où il côtoie les Macchiaioli, ces pionniers italiens du naturalisme, mais très vite il s’en détache et c’est à Paris, au cœur battant de la Belle Époque, qu’il trouve sa véritable patrie artistique. Là, entouré d’intellectuels, de mécènes et de muses, il s’impose comme le peintre mondain par excellence, ami de Degas, admirateur de Corot et de Hals, et rival d’un Sargent ou d’un Whistler.

G.B. - Conversation au café (1877)
Dans le portrait - le genre qui a fait sa renommée et sa fortune -, son style flamboyant se reconnaît au premier coup d’œil. " Je veux la vie dans mes portraits, pas des marbres ". Et en effet, Boldini ne peignait pas des statues ; de son pinceau virevoltant, il dynamitait les poses figées du portrait traditionnel pour exprimer tout le raffinement d'un monde en fête. Surnommé aussi le « Paganini du pinceau », Boldini devient alors l’interprète le plus brillant de la vie élégante et électrique de la Belle Époque, d'une parenthèse suspendue entre faste et fragilité.
La première des deux oeuvres que j'ai choisies donne à voir une femme qui cherche ses notes sur le clavier d’un piano. Son visage reste à deviner, son geste semble hésitant : elle ne joue pas encore, elle s’y essaie. C’est précisément cette retenue, cette atmosphère d'intimité qui me touche beaucoup. La seconde est une scène de rue : deux amies, à la terrasse d'un café parisien, partagent un moment de complicité. Que sont-elles en train de commenter ? La mise d'une passante, ou l'allure d'un homme à leur goût ? C'est une scène pleine de charme.

ES1

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dimanche 3 août 2014

K. Yamamoto - Untitled (1955)
 Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du photographe et poète japonais Kansuke Yamamoto (1914-1987), très marqué par le Surréalisme - même si les deux clichés que j’ai choisis n’en témoignent pas directement. Il écrivait dans son journal :
"Artwork comes out of some disobedient spirit against readymade things of society...".
Issu d’un milieu intellectuel ouvert aux courants occidentaux, Yamamoto découvre dès l’adolescence les écrits d’André Breton et les images de Man Ray, qui le marquent durablement.
K.Y. - In Kobe (1953)

Autodidacte passionné, il fusionne avec audace les influences occidentales et les sensibilités nippones, forgeant très tôt un langage personnel, entre photographie expérimentale et poésie visuelle, à une époque où le Japon bascule vers l’autoritarisme. En 1938 et 1939, il publie brièvement la revue Yoru no funsui (The Night’s Fountain), où il diffuse ses textes, dessins et photographies, mais doit l’abandonner sous la pression des autorités, incommodées par son contenu.

samedi 2 août 2014

Duane Hanson - Supermarket lady (1969).

Une image et des mots. L'image, c'est celle de la célébrissime sculpture hyperréaliste de Duane Hanson (1925-1996), Supermarket lady (1969).
Pour aller avec, voici quelques lignes des Mémoires d'Hadrien (1958), de Marguerite Yourcenar.

Je doute que toute la philosophie du monde parvienne à supprimer l'esclavage : on en changera tout au plus le nom. Je suis capable d'imaginer des formes de servitude pires que les nôtres, parce que plus insidieuses : soit qu'on réussisse à transformer les hommes en machines stupides et satisfaites, qui se croient libres alors qu'elles sont asservies, soit qu'on développe chez eux, à l'exclusion des loisirs et des plaisirs humains, un goût du travail aussi forcené que la passion de la guerre chez les races barbares.

dimanche 27 juillet 2014

A. d'Agata - Puerto San José, Guatemala (1998)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du français Antoine d'Agata (b.1961), photographe radical des marges de l’extrême et de la décrépitude, dont le travail explore avec une intensité bouleversante les zones d’ombre de l’existence humaine. Il quitte la France en 1983, et suit à New York l'enseignement de Larry Clark et Nan Goldin.

A. d'Agata - Mala noche
(1998)



Son travail documentaire, marqué par l’errance et la noirceur, porte un regard cru sur le monde de la drogue et de la prostitution, et est étroitement lié à son propre vécu.
Ce n'est pas comment le photographe regarde le monde qui est important ; c'est sa relation intime avec lui.
L’obscurité dans ses images ne se limite pas à l’absence de lumière : elle devient une métaphore puissante des recoins de l’âme humaine. Membre de Magnum Photos depuis 2004, Antoine d’Agata vient de publier un nouvel ouvrage intitulé Antibodies, dont les portraits évoquent les physionomies et silhouettes torturées de Francis Bacon.
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dimanche 20 juillet 2014

A. Guillou - Jeune fille du Finistère (n.d.)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre Alfred Guillou (1844-1926), peintre breton dont le travail s’inscrit dans la tradition réaliste et naturaliste du XIXe siècle.
Né à Concarneau, il est très tôt attiré par les scènes de la vie maritime et paysanne qui animent sa région natale.
Formé à l’École des Beaux-Arts de Paris auprès d’Alexandre Cabanel, il y rencontre Jules Bastien-Lepage, figure majeure du naturalisme, une influence notable dans sa quête d’un réalisme empreint de simplicité et de sincérité. 

A.G. - Arrivée du pardon (1887)
Mais, déçu par le monde des arts de la capitale, Guillou revient s’installer à Concarneau, entraînant à sa suite de nombreux peintres parisiens, anglo-saxons, scandinaves… Certains y feront bâtir villas et ateliers, dans la ville close ou près des plages. C’est grâce à eux que, en 1905, les remparts de la ville seront classés, alors qu’on envisageait de les abattre.
Parmi ses sujets favoris, les scènes de port, les moments de la vie quotidienne et les traditions locales, comme ici cette Arrivée du pardon de Sainte-Anne de Fouesnant à Concarneau.
La peinture académique de Guillou ne lui a jamais permis d'atteindre une renommée internationale, mais comment rester insensible à l'humanité de son regard sur les gens ordinaires de sa région - les travailleurs de la mer - et sur leur culture ?

Ganjifa moghol Le vide-grenier du dimanche. Deux Ganjifas , ces cartes d’un jeu ancien, originaire de Perse, qui a pris toute sa richesse en...