In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 22 mars 2014

E.Elisofon - Manhattan switchboard operators (1962)
Une image et des mots. Le cliché est du photographe documentaire américain Eliot Elisophon (1911-1973). Les mots sont extraits d'une des chroniques écrites par Alexandre Vialatte en 1938, alors qu'il enseignait le français au lycée d'Héliopolis, et que Le Dilettante a eu la bonne idée de réunir dans un petit volume intitulé Au coin du désert (2002).

[.....] Au bout, la culbute. Et après ça, où ira-t-on ? Nous arriverons à un âge où l'humanité aura tant parlé qu'elle n'aura plus envie que de se taire. On verra paraître des livres blancs. Il y aura des concours de silence organisés par des journaux monosyllabiques. Des genres du silence : des grands genres, des petits genres, des silences plats et des silences de virtuose. Des arts poétiques du mutisme, des silences en vers et des silences en prose. On dira tout par la façon dont on se taira.

dimanche 16 mars 2014

Martin Driscoll - The tall tale
Le vide-grenier du dimanche. En cette veille de Saint Patrick, plutôt que revoir les oeuvres du célébrissime Francis Bacon, voici deux oeuvres certes plus modestes (au sens littéral) mais très attachantes de Martin Driscoll (1937-2011), peintre de la vie quotidienne irlandaise..

Martin Driscoll - Road dancing


Né à New York d'une mère irlandaise, il entre après son service militaire à l'Art Students League où il va suivre les cours très demandés de Frank J. Reilly. 
Cependant il ne pensait pas en faire son métier et  travaillera à Pan Am Airlines pendant presque 30 ans, interrompant même sa pratique artistique durant une très longue période, de 1978 à 1996. I went to art school not thinking of becoming a commercial artist. I wanted to learn something I would love all my life.
Sa peinture est profondément enracinée dans la vie rurale irlandaise ; les fêtes de village, les conversations au pub, la mise à l'eau des bateaux de pêche, la conduite du bétail, la tonte des moutons... I wanted to stop time and change. I got a book of black and white photos on life there between the 1860s and 1940s. It resonates with me, I'm tied to memories and roots.
On peut, c'est mon cas, préférer ses études à certaines toiles plus abouties.

MO1
ICI

dimanche 9 mars 2014

T.M. - Tehuantepec, Mexique (1929)
Le vide-grenier du dimanche. Au lendemain de la Journée internationale des droits de la femme, deux clichés de la photographe et militante italienne Tina Modotti (1896-1942), dont le travail et la vie ont été constamment liés à son engagement pour la justice sociale et les causes politiques.
Née à Udine dans une famille modeste, elle connait l'usine à 12 ans ; c'est son oncle qui l'initie à la photographie, et son père à la politique. En 1913, elle le rejoint aux États-Unis où celui-ci avait émigré cinq ans plus tôt pour y retrouver son frère. En Californie, la belle Tina Modotti trouve un emploi de mannequin de cabine, rencontre son mari le peintre et poète Roubaix de l'Abrie Richey et entreprend un petite carrière d'actrice, d'abord au théâtre, puis à Hollywood où elle obtient le premier rôle dans deux films muets.
T.M. - Mains d'ouvrier, Mexique (1927)



En 1921, elle rencontre à Los Angeles Edward Weston (voir janvier 2012 et février 2014), un des cofondateurs du Groupe f/64, dont elle devient le modèle, la maîtresse, et finalement l'assistante.
Viendront ensuite ses premiers voyages au Mexique, en pleine effervescence post-révolutionnaire, où elle s'installe avec Weston et où elle va faire la connaissance des muralistes, comme Diego Rivera et José Clemente Orozco.
C'est là que va s'affirmer un engagement politique qui ne faiblira jamais et au service duquel elle va mettre son art. Avec le Secours rouge international, elle sera en Espagne lors de la guerre civile, en Pologne, en Hongrie, ou encore en Autriche lors du soulèvement contre la dictature de Dolfuss.
Tina Modotti, hermana, no duermes, no no duermes :
tal vez tu corazón oye crecer la rosa de ayer,
la última rosa, la nueva rosa.
Descanca dulcemente, hermana.
Pablo Neruda.

dimanche 2 mars 2014

A. Kobzdej - Patience (1956)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre polonais Aleksander Kobzdej (1920-1972), que l'on associe au mouvement du réalisme social polonais.
Il entreprend des études d'architecture à Lviv en 1939, qu'il poursuit à l'Institut Polytechnique de Gdansk avant d'intégrer finalement l'Académie des Beaux-Arts de Cracovie.

A.K. - Fabricants de briques (1953)
D'abord apparenté au post-impressionisme son travail a peu à peu évolué vers l'abstraction, mais il a aussi été dans les années 40 un digne représentant du réalisme socialiste avec notamment son oeuvre la plus iconique, Podaj cegle (Passe-moi une brique, 1949).

samedi 1 mars 2014

iHeart - Nobody loves me (2014)
Une image et des mots. L'image c'est ce pochoir que le street-artist canadien iHeart vient de réaliser sur un mur de Stanley Park,  à Vancouver. Un enfant en pleurs, mobile à la main, y dit avec le vocabulaire des réseaux sociaux "Personne ne m'aime".
Et j'ai choisi pour l'accompagner ces quelques mots de Philippe Jacottet :

"Dernière chance pour toute victime sans nom qu'il y ait, non pas au-delà des collines ou des nuages, non pas au-dessus du ciel ni derrière les beaux yeux clairs, ni caché dans les seins nus, mais on ne sait comment mêlé au monde que nous traversons, qu'il y ait, imprégnant ses moindres parcelles, de cela que la voix ne peut nommer, de cela que rien ne mesure, afin qu'encore il soit possible d'aimer la lumière ou seulement de la comprendre, ou simplement, encore, de la voir elle, comme la terre la recueille, et non pas rien que sa trace de cendre."