In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 20 avril 2013

Joan Miró - Étoile bleue (1927)

Une image et des mots. 
L'image est un tableau de Joan Miró (1893-1983), qui m'a simplement fait penser à un poème de Paul Celan (1920-1970).

Une étoile de bois, bleue,
faite de petits losanges, aujourd'hui, par
la plus jeune de nos mains.
Le mot, tandis que
tu fais tomber du sel de la nuit, le regard
de nouveau cherche la galerie du vent :
- Une étoile, entre-la,
entre l'étoile dans la nuit.
(- Dans la mienne, dans la mienne).

TT1

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dimanche 14 avril 2013

Fred - Philémon
Le vide-grenier du dimanche. Une planche du dessinateur et scénariste français Fred, pseudonyme de Frédéric Othon Théodore Aristidès (1931–2013), créateur de l’inoubliable Philémon et figure très singulière de la bande dessinée francophone. Né à Paris dans une famille d’origine grecque, il se lance dans le dessin de presse dans les années 1950 avant de fonder Hara-Kiri en 1960 avec Choron et Cavanna, puis de participer à partir de 1965 à l’aventure de Pilote. C’est là qu’apparaissent Philémon, Barthélémy, l'âne Anatole et l’île du A de l'Atlantique, et, avec eux, un univers à la fois absurde, poétique et doucement subversif.
Fred, que j'avais présenté en janvier dernier à l'occasion de la clôture du Festival d'Angoulême, nous a quittés le 3 de ce mois ...  C'est un artiste que j'aimais énormément.

dimanche 7 avril 2013

Maruyama Ōkyo - Papillons (1788)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du  japonais Maruyama Ōkyo (1733-1795), figure majeure de la période Edo et déjà présenté ici en février 2009. 

Maruyama Ōkyo
Encre et peinture (1771)
Maître attentif aux leçons de la nature, il introduit dans la peinture nippone des innovations techniques qui marquent durablement son époque : l’usage subtil des ombres pour suggérer la profondeur, et celui de la couleur pour renforcer le réalisme des sujets.Derrière cette maîtrise, une conviction simple : Painting is the mirror of the heart. Chez Ōkyo, chaque feuille, chaque vol de papillon ou d’oiseau, chaque reflet d’eau semble filtré par ce regard direct, sans emphase, où la précision devient une forme de poésie.

PH1
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samedi 6 avril 2013

Jason deCaires Taylor - Inertia
Une image et des mots. Une des sculptures, "Inertia", de l'anglais Jason deCaires Taylor, immergées dans son musée sous-marin de Cancún, le Musa. Pour l'accompagner, un extrait de Tristes tropiques de Claude Levi-Strauss.

"Voyages, coffrets magiques aux promesses rêveuses, vous ne livrerez plus vos trésors intacts. Une civilisation proliférante et surexcitée trouble à jamais le silence des mers. Les parfums des tropiques et la fraîcheur des êtres sont viciés par une fermentation aux relents suspects, qui mortifie nos désirs et nous voue à cueillir des souvenirs à demi corrompus.
Aujourd'hui où des îles polynésiennes noyées de béton sont transformées en porte-avions pesamment ancrés au fond des mers du Sud, où l'Asie tout entière prend le visage d'une zone maladive, où les bidonvilles rongent l'Afrique, où l'aviation commerciale et militaire flétrit la candeur de la forêt américaine ou mélanésienne avant même d'en pouvoir détruire la virginité, comment la prétendue évasion du voyage pourrait-elle réussir autre chose que nous confronter aux formes les plus malheureuses de notre existence historique ? Cette grande civilisation occidentale, créatrice des merveilles dont nous jouissons, elle n'a certes pas réussi à les produire sans contrepartie. Comme son oeuvre la plus fameuse, pile où s'élaborent des architectures d'une complexité inconnue, l'ordre et l'harmonie de l'occident exigent l'élimination d'une masse prodigieuse de sous-produits maléfiques dont la terre est infectée. Ce que d'abord vous nous montrez, voyages, c'est notre ordure lancée au visage de l'humanité.
Je comprends alors la passion, la folie, la duperie des récits de voyage. Ils apportent l'illusion de ce qui n'existe plus et qui devrait être encore, pour que nous échappions à l'accablante évidence que vingt-mille ans d'histoire sont joués.
Il n'y a plus rien à faire : la civilisation n'est plus cette fleur fragile qu'on préservait, qu'on développait à grand peine dans quelques coins abrités d'un terroir riche en espèces rustiques, menaçantes sans doute par leur diversité, mais qui permettaient aussi de varier et de revigorer les semis. L'humanité s'installe dans la monoculture, elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comporte plus que ce plat
."
Dans quel océan de laideur et de médiocrité nous sommes-nous plongés ?
FL1

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