In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 14 octobre 2012

Ernest Pignon-Ernest - Rimbaud (1978)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres d'un précurseur de l'art urbain. Avant Banksy il y a Ernest Pignon-Ernest (b.1942), figure fondatrice de l’art urbain en France, dont la démarche associe dessin, mémoire et engagement politique. Formé à l’École des beaux-arts de Nice, il développe dès les années 1960 une pratique in situ qui conjugue art plastique et conscience sociale.
Refusant les musées comme seuls lieux de légitimité artistique, il investit l’espace public avec des interventions éphémères - sérigraphies ou dessins grandeur nature, collés à même les murs -, toujours en résonance avec les lieux, les événements ou les blessures de l’Histoire.

E. P-E - Les expulsés (1977-1979)
Ernest Pignon-Ernest était avant-hier au Courtaud Institute à l'occasion d'une manifestation très justement intitulée : "Before Banksy : Ernest Pignon-Ernest"
" Mes oeuvres, ce ne sont pas mes dessins, c'est ce que provoquent mes dessins dans les lieux dans lesquels je travaille. Et dans cette réalité là, je viens glisser un élément de fiction.
Cet élément de fiction c'est mon dessin. "

RG1
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dimanche 7 octobre 2012

S.S. -  East Harlem dinner

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Steve Schapiro (b.1934), figure majeure du photojournalisme des années 1960, qui a porté témoignage de moments parmi les plus marquants et socialement chargés de l’histoire américaine. 
Élevé à Brooklyn, Schapiro s’intéresse très tôt à la photographie, inspiré par Henri Cartier‑Bresson, et se forme auprès de W. Eugene Smith (voir jan.2010) qui lui transmet une approche engagée et profondément humaine de l’image, qui lui fait prendre conscience de l'importance d'avoir une vision personnelle du monde.
Dès lors, comprenant que "tout art est un point de vue", la photographie est pour Shapiro un facteur de changement social. Mais il n’hésite jamais à esthétiser la dure réalité - la beauté comme outil de compassion - pour rendre visible ce qui, autrement, resterait dans l’ombre. 

S.S. - The worst is yet to come (1965)
À partir de 1961, il travaille comme pigiste pour des magazines aussi emblématiques que Life, Look, Time, Newsweek ou Rolling Stone, et couvre des sujets variés : Harlem, l’addiction, le Jazz, la campagne de Robert Kennedy, la condition des travailleurs migrants de l'Arkansas, la vie des hippies de Haight-Asbury, les minorités oubliées, et les protestations pour les droits civiques - dont les marches de Selma à Montgomery et la grande marche de Washington en 1963, où il photographie Martin Luther King.
Dans les années 70, devant l’effondrement du photo-essai magazine, Schapiro réoriente son activité vers le cinéma et la musique : il devient photographe de plateau sur des tournages cultes (The GodfatherTaxi DriverMidnight Cowboy) et immortalise des figures majeures comme David Bowie, Barbra Streisand, Andy Warhol ou Muhammad Ali.
Admirateur de Cartier-Bresson, Shapiro se fait oublier... Attendre, invisible, comme une mouche sur un mur, le moment d'émotion qui fait le bon cliché [....] l'image iconique qui révèle de façon honnête la personne et la situation. Son regard "fly‑on‑the‑wall", discret mais jamais voyeuriste, fait de chaque image un récit à la fois documentaire et profondément empathique.

BS4

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samedi 6 octobre 2012

Klimt - Pinewood (1902)
Une image et des mots."Pinewood"(1902) de Gustav Klimt.
Et pour l'accompagner, une petite fable de Stevenson.

Once upon a time there came to this earth a visitor from a neighbouring planet.
And he was met at the place of his descent by a great philosopher, who was to show him everything.
First of all they came through a wood, and the stranger looked upon the treees.
- “Whom have we here?” said he.
- “These are only vegetables”, said the philosopher. “They are alive, but not at all interesting.”
- “I don’t know about that,” said the stranger. “They seem to have very good manners. Do they never speak?”
- “They lack the gift”, said the philosopher.
- “Yet I think I ear them sing”, said the other.
- “That is only the wind among the leaves”, said the philosopher. “I will explain to you the theory of winds: it is very interesting”.
- “Well”, said the stranger, “I wish I knew what they are thinking.”
- “They cannot think”, said the philosopher.
- “I don’t know about that”, returned the stranger; and then, laying his hand upon a trunk;
“I like these people”, said he
.

***

Il était une fois un visiteur qui arriva d’une planète voisine sur cette terre. Vint le chercher,
à l’endroit où il était descendu, un grand philosophe qui devait lui montrer tout ce qu’il y avait à voir.
Tout d’abord ils traversèrent un bois et l’étranger posa son regard sur les arbres.
- « Qui avons-nous ici ?», demanda-t-il.
- « Ce ne sont que des végétaux », répondit le philosophe. « Ils sont vivants, mais pas du tout intéressants. »
- « Je n’en suis pas si sûr », rétorqua l’étranger. « Ils semblent avoir de bonnes manières. Ils ne parlent jamais ? »
- « Ils n’ont pas le don de la parole », répondit le philosophe.
- « Pourtant il me semble les entendre chanter », observa l’autre.
- « Ça c’est seulement le vent dans leurs feuilles », énonça le philosophe. Je vous expliquerai la théorie des vents. C’est très intéressant. »
- « Eh bien, j’aimerais savoir ce qu’ils pensent. »
- « Ils sont incapables de penser », dit le philosophe.
- « Je n’en suis pas si sûr », reprit l’étranger ; puis, posant la main sur un des troncs, il dit :
- « J’aime ces gens-là. »
NC4

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dimanche 30 septembre 2012

E. van der Elsken - Couple endormi (1953)

Le vide grenier du dimanche. Deux clichés de Ed van der Elsken, (1925-1990), figure emblématique, par son approche intensément personnelle, de la photo et du cinéma documentaire néerlandais. Né à Amsterdam, il s'installe à Paris en 1950 pour y travailler comme tireur de laboratoire chez Magnum Photos.
Il découvre alors les cercles bohèmes de la capitale, un univers de figures atypiques et profondément humaines, souvent marginales, qui vont occuper le coeur de son oeuvre.
En 1956, il publie Love on the Left Bank, un livre photographique novateur mi-documentaire mi-fiction. À travers l’histoire romancée d’une jeune femme à Paris, incarnée par l'artiste australienne Vali Myers, il construit un récit à l'esthétique presque cinématographique qui bouleverse les codes de l’époque et consacre immédiatement sa notoriété.
E.vd E. - Temple, Tokyo
 
En 1959, lors de son premier voyage au Japon, Van der Elsken noue des liens étroits avec Eikoh Hosoe et le groupe de photographes VIVO. Des échanges qui vont élargir ses perspectives esthétiques et approfondir son goût pour l’expérimentation ; en un mot enrichir son regard artistique.
Son style, au bout du compte, peut se définir par son caractère sans concession et sa spontanéité... ; des clichés proches de l’esthétique du « snapshot » par lesquels il a su à sa manière traduire l’universalité de l’expérience humaine et une part de ce que Werner Bishof (voir juin 2009) appelait le vrai visage du monde.

F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...