In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 9 septembre 2012

David Inshaw - She did not turn (1974)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du britannique David Inshaw (b.1943), associé au renouveau de la peinture figurative en Angleterre dans les années 1970. Formé à la Beckenham School of Art puis au Royal Academy Schools de Londres, il enseigne un temps à la West of England College of Art avant de s’installer dans le Wiltshire, région dont les paysages vont profondément nourrir son œuvre.

D. Inshaw - Allotments (1988)


Deux ans après la découverte par le public de The badminton game, le tableau qui l'a rendu célèbre, il crée en 1975 le groupe The Brotherhood of Ruralists (d'abord nommé Broadheath Brotherhood) avec cinq autres artistes qui prônaient une esthétique poétique, symbolique, souvent inspirée par la campagne anglaise, en réaction à l’art conceptuel dominant.
Parmi eux, Peter Blake et Jann Haworth, les créateurs de la pochette de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.
David Inshaw peint des scènes énigmatiques, suspendues dans le temps, où les figures humaines se fondent dans une nature imprégnée de mystère, comme dans le tableau ci-dessus. On peut par moments y percevoir l’héritage de William Blake ou de Samuel Palmer, que je présenterai sans doute. Ses tableaux parlent de mémoire, de solitude, de l’étrangeté du quotidien, tout en magnifiant une Angleterre rurale à la fois réelle et imaginaire.
I am not interested in making photographic representations of the world around me, but in creating a pictorial language that can express my thoughts and feelings in a poetic and symbolic way. It is a way of creating meaning and beauty in a world that can sometimes seems empty and meaningless.
Pour découvrir son travail, c'est ICI.
MK2

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dimanche 2 septembre 2012

Brian Day - Tarp (2012)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Brian Day (b.1977), né à Detroit, Michigan. Autodidacte, il évoque sa fascination pour l'oeuvre d'Ansel Adams, mais aussi l'influence majeure qu'a représenté pour lui le travail de Joel Meyerowitz ou de Bill Rauhauser, auteur d'une formidable somme documentaire sur la ville de Detroit et que je présenterai bientôt.
B.D. - It's all mathematics (2009)

Ce champ de la photographie documentaire, Brian Day le dépasse souvent, avec ses deux très belles séries sur sa ville natale, "Planet Detroit"- d'où le second cliché est issu -, et "Detroit from above".
Il y a bien de belles photographies de rue, des portraits sensibles d'une ville que l'on dit sinistrée, mais on y trouve aussi certains clichés qui s'inscrivent dans une démarche plus conceptuelle, jusqu'aux métaphores vertigineuses - au sens littéral - de compositions presque abstraites nées d'une géographie urbaine vue du ciel. Photographe autodidacte devenu influent tout en restant modeste, Brian Day incarne une esthétique qui transcende le local et le banal, en révélant une profondeur sensible dans ce que beaucoup pourraient juger ordinaire. Ses images, tantôt abstraites, tantôt narratives, traduisent en fait un même souci : une vision poétique, discrète et critique de la ville qu’il aime.
TN1
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samedi 1 septembre 2012

Une image et des mots. 
Dans la prairie j'ai rencontré la Dame,
La toute belle enfant des fées,
Les cheveux longs, le pied léger,
Et ses yeux étaient sauvages, nous dit John Keats dans La Belle Dame sans Merci.

Mais cette jolie jeune fille, que nous présente Bouguereau avec son "Repos pendant la moisson" (1865), pourrait-elle être aussi le beau visage de la poésie tête nue, cette fille entourée d'épis dont parle, dans son Manifiesto, l'anti-poète chilien Nicanor Parra ? 

W. Bouguereau - Repos pendant la moisson (1865)
Nosotros sostenemos
Que el poeta no es un alquimista
El poeta es un hombre como todos
Un albañil que construye su muro:
Un constructor de puertas y ventanas.
Nosotros conversamos
En el lenguaje de todos los días
No creemos en signos cabalísticos.

Nosotros repudiamos
La poesía de gafas obscuras
La poesía de capa y espada
La poesía de sombrero alón.
Propiciamos en cambio
La poesía a ojo desnudo
La poesía a pecho descubierto
La poesía a cabeza desnuda.
No creemos en ninfas ni tritones.
La poesía tiene que ser esto:
Una muchacha rodeada de espigas
O no ser absolutamente nada.


***

Nous autres soutenons
Que le poète n'est pas un alchimiste
Le poète est un homme comme les autres
Un maçon qui construit son mur
Un fabricant de portes et de fenêtres.
Nous autres parlons
La langue de tous les jours
Nous ne croyons pas aux signes cabalistiques.

Nous autres rejetons
La poésie à lunettes noires
La poésie de cape et d'épée
La poésie à chapeau mou.
Par contre a notre faveur
La poésie à l'oeil nu
La poésie torse nu
La poésie tête nue.
Nous ne croyons ni aux nymphes ni aux tritons :
La poésie ça doit être ceci :
Une fille entourée d'épis
Ou bien n'être absolument rien.
HP2

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dimanche 26 août 2012

B. Barbey - Tanneurs de Sidi Moussa, Fez (1984) 
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photo-journaliste français Bruno Barbey (b.1941), membre de l'agence Magnum.
Passionné par le cinéma néo-réaliste italien il séjourne à plusieurs reprises en Italie à partir de 1962 pour y réaliser un documentaire photographique sur les Italiens, avec le projet d'en faire un livre. Le projet éditorial n'aboutit pas immédiatement mais lui donne l'occasion de rencontrer Henri Cartier-Bresson et Marc Riboud.

B. Barbey - China (1973)
La photographie est le seul langage qui peut être compris dans le monde entier.
Depuis 50 ans Bruno Barbey voyage sur les cinq continents. Il est en Chine pendant la révolution culturelle et au Cambodge pendant le siège de Phnom Penh par les Khmers rouges, il a couvert la guerre du Kippour en Syrie et en Israël, et d'autres conflits encore au Nigeria, au Moyen-Orient, au Vietnam, au Bangladesh, en Irak, au Koweit, en Irlande du Nord... Son travail est publié dans les plus grands magazines internationaux et il est l'auteur de plus de trente livres..
La première photo est issue d'un long travail documentaire entrepris dès 1972 dans son pays natal, le Maroc où il a grandi et dont il veut conserver la mémoire. Le second cliché, qui fait un peu lien avec les publications précédentes, s'inscrit dans son projet documentaire "Colors of China" qu'il va réaliser de 1973 à 1980. Bruno Barbey reste aujourd’hui une référence pour qui veut voir la photographie comme un acte de mémoire et de beauté - pas forcément spectaculaire, mais toujours attentif à la lumière espérée du quotidien.

RP1 ICI