In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 1 août 2010

Chris Killip - Seacoal Beach (1982)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe anglais Chris Killip (b.1946), figure majeure de la photographie documentaire et témoin incisif des bouleversements sociaux dans l’Angleterre post-industrielle.

C.K. - Seacoal Beach (1982)






En s'immergeant pendant près de vingt ans dans les communautés ouvrières du nord et du nord-est de l'Angleterre, il a porté un regard lucide et compatissant sur la brutale désindustrialisation de son pays, et les ravages qu'elle a causés chez les laissés-pour-compte du monde nouveau. Mineurs, punks, pêcheurs, familles dans des cités en ruine, c'est un peuple ravagé par les politiques néo-libérales des années 70 et 80 que Killip nous invite à connaître. Des pauvres à la dérive ou qui luttent pour leur survie, comme ici les pêcheurs de charbon de Lynemouth, dans le Northumberland. Ses images en noir et blanc, d'une grande rigueur formelle, restituent sans pathos le quotidien de ceux dont il partage l'existence pour construire une oeuvre documentaire profondément empathique.
Son livre In Flagrante (1988), aujourd’hui culte, demeure un document poignant sur les fractures sociales de cette époque. I wanted to record people's lives because I valued them.

dimanche 25 juillet 2010

B. Dylan - Train tracks (2008)
Le vide-grenier du dimanche. Deux aquarelles de Bob Dylan, vu en concert à Bordeaux le 29 juin dernier.
La première est une des nombreuses versions de sa série Train tracks.

B.D. - Sunflowers (2005)
Je me sens l'âme d'un vagabond...
Et j'ai besoin de voir les fils télégraphiques
Danser allègrement à côté des wagons...
Paul Gadenne (1926)

Il ne l'a pas jouée ce soir-là, mais voici sous ce billet une de mes chansons préférées de Dylan. L'image n'est pas belle, le son n'est pas bon, mais cette version est splendide.
BD2

ICI

dimanche 18 juillet 2010

Ralph Gibson - Christine (1974)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Ralph Gibson (b.1939), remarquable pour son approche minimaliste et graphique de la photographie. Né à Los Angeles, Ralph Gibson étudie la photographie à l’Institut d’art de San Francisco avant de servir dans la marine américaine comme photographe. Il débute sa carrière comme assistant de Dorothea Lange, célèbre pour ses images de la Grande Dépression, puis travaille avec Robert Frank sur divers projets cinématographiques. Ces expériences influencent son regard, mais Gibson s’éloigne progressivement du documentaire pour développer un langage visuel plus subjectif et introspectif.
R.G. - Hand with a rose
(1960)

Dans les années 1970, il se distingue par des photographies en noir et blanc aux contrastes marqués, où le détail devient un élément narratif essentiel.
Il y joue, comme ci-dessus, avec le cadrage serré, la lumière tranchée et des compositions souvent fragmentaires, créant ainsi des images à la fois réalistes et mystérieuses.
Amateur de poésie et de musique - il a consacré une belle série à la guitare -, il fut aussi proche des poètes et écrivains Beat comme Ginsberg ou Kerouac que de l'univers d'un Borgès...
Le premier cliché fait partie de la belle série Infanta, le second de la série San Francisco, ville-berceau de la Beat Generation.
"Even though fixed in time, a photography evokes as much feeling as that which comes from music or dance. Whatever the mode - from the snapshot to the decisive moment to multi-media montage - the intent and purpose of photography is to render in visual terms feelings that often elude the ability of words to describe." 
DR1

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samedi 17 juillet 2010

Andrew Wyeth - Monday morning (1955)

Une image et des mots. Une oeuvre du peintre américain Andrew Wyeth, déjà présenté en janvier 2009 et sur qui je reviendrai sans doute. Cette aquarelle, pour l'apparente trivialité de son sujet et la manière dont il est traité - un simple panier d'osier, et son ombre portée sur le sol et le mur ensoleillé -, est tout simplement un de mes tableaux préférés.
Pour l'accompagner, quelques lignes de Joyce, de son Portrait de l'artiste en jeune homme (1916).

Trois choses sont nécessaires à la beauté : intégralité, harmonie et éclat. Ces choses correspondent-elles aux phases de l'appréhension ? [.....] Regarde ce panier. [.....] Afin de voir ce panier, ton esprit le sépare d'abord de tout l'univers visible qui n'est pas ce panier. La première phase de l'appréhension est une ligne de démarcation tracée autour de l'objet à appréhender. Une image esthétique se présente à nous soit dans l'espace, soit dans le temps. [.....] Mais, temporelle ou spatiale, l'image esthétique est d'abord lumineusement perçue comme un tout bien délimité sur le fond sans mesure de l'espace ou du temps, qui n'est pas cette image. Tu l'appréhendes comme une chose une. Tu la vois comme un seul tout. Tu appréhendes son intégralité, voilà l' "integritas".
Après avoir senti que cette chose est une, tu sens maintenant que c'est une chose. Tu l'appréhendes complexe, multiple, divisible, séparable, composée de ses parties, résultat et somme de ces parties, harmonieuse. Voilà la "consonantia". [.....]
Lorsque tu as appréhendé le panier en question comme une chose une, lorsque tu l'as analysé selon sa forme, lorsque tu l'as appréhendé comme un objet, tu arrives à la seule synthèse logiquement et esthétiquement admissible : tu vois que ce panier est l'objet qu'il est, et pas un autre. L'éclat dont il parle c'est, en scolastique "quidditas", l'essence de l'objet.

RP1 ICI