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DR1 |
In girum imus nocte et consumimur igni

eiπ + 1 = 0
dimanche 18 juillet 2010
samedi 17 juillet 2010
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Andrew Wyeth - Monday morning (1955) |
Une image et des mots. Une oeuvre du peintre américain Andrew Wyeth, sur qui il faudra que je revienne ultérieurement (mais comment choisir?). Cette aquarelle, pour l'apparente trivialité de son sujet et la manière dont il est traité - un simple panier d'osier, et son ombre portée sur le sol et le mur ensoleillé -, est tout simplement un de mes tableaux préférés.
Pour l'accompagner, quelques lignes de Joyce, de son Portrait de l'artiste en jeune homme (1916).
Trois choses sont nécessaires à la beauté : intégralité, harmonie et éclat. Ces choses correspondent-elles aux phases de l'appréhension ? [.....] Regarde ce panier. [.....] Afin de voir ce panier, ton esprit le sépare d'abord de tout l'univers visible qui n'est pas ce panier. La première phase de l'appréhension est une ligne de démarcation tracée autour de l'objet à appréhender. Une image esthétique se présente à nous soit dans l'espace, soit dans le temps. [.....] Mais, temporelle ou spatiale, l'image esthétique est d'abord lumineusement perçue comme un tout bien délimité sur le fond sans mesure de l'espace ou du temps, qui n'est pas cette image. Tu l'appréhendes comme une chose une. Tu la vois comme un seul tout. Tu appréhendes son intégralité, voilà l' "integritas".
Après avoir senti que cette chose est une, tu sens maintenant que c'est une chose. Tu l'appréhendes complexe, multiple, divisible, séparable, composée de ses parties, résultat et somme de ces parties, harmonieuse. Voilà la "consonantia". [.....]
Lorsque tu as appréhendé le panier en question comme une chose une, lorsque tu l'as analysé selon sa forme, lorsque tu l'as appréhendé comme un objet, tu arrives à la seule synthèse logiquement et esthétiquement admissible : tu vois que ce panier est l'objet qu'il est, et pas un autre. L'éclat dont il parle c'est, en scolastique "quidditas", l'essence de l'objet.
dimanche 11 juillet 2010
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C. Drake - Mineur de charbon à Donetsk (2006) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe américaine Carolyn Drake (b.1971).
Après des études en Histoire à la très prestigieuse Brown University de Rhode Island, elle travaille quelques années à New York dans le multimedia ; et ce n'est qu'à l'âge de 30 ans qu'elle vient à la photographie.
En 2006 elle part s'installer en Ukraine, et l'année suivante à Istanbul où elle vit actuellement. Le second cliché fait partie de son projet Two rivers, sur lequel elle travaille depuis la capitale turque en voyageant dans les pays d'Asie centrale jadis membres de la défunte Union Soviétique. Carolyn Drake est membre de l'Agence Magnum.
dimanche 4 juillet 2010
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J.C. Leyendecker - Sleeping Uncle Sam (1924) |
Le vide-grenier du dimanche. L’illustration occupe une place centrale dans la culture visuelle américaine du XXe siècle, bien au-delà du seul cadre artistique.
Dès les premières décennies du siècle, cette forme d’expression a su séduire aussi bien les élites urbaines que les lecteurs des kiosques populaires.
Des magazines prestigieux comme The Saturday Evening Post, Collier’s ou Life ont popularisé une illustration narrative et réaliste, incarnée par des figures emblématiques comme Norman Rockwell ou son précurseur et modèle, J.C. Leyendecker, dont les couvertures sont devenues de véritables icônes de l’imaginaire américain.
En parallèle, les pulp magazines, imprimés sur papier bon marché dès les années 1910, ont donné naissance à une imagerie plus populaire, exubérante et souvent transgressive. Les illustrateurs des pulps comme Earle K. Bergey ont façonné l’esthétique de genres entiers : science-fiction, fantastique, horreur, polar…
Une esthétique foisonnante, parfois outrée, mais formidablement inventive, qui continue aujourd'hui d’influencer la bande dessinée, le cinéma ou le jeu vidéo.
Dans les années 1940, c’est l’essor des pin-ups : des images qui mêlent glamour, érotisme suggéré et patriotisme bon enfant, popularisées par des artistes comme Gil Elvgren ou Alberto Vargas. Pendant la Seconde Guerre mondiale, on les retrouvait partout : sur les murs des baraquements, dans les poches des soldats jusque sous le feu… un idéal de beauté, comme un souffle léger dans une époque marquée par l’angoisse et le chaos.
Les illustrateurs américains étaient, pour beaucoup, des artistes techniquement très accomplis. Ils avaient souvent été formés dans des écoles exigeantes comme la Pennsylvania Academy of the Fine Arts ou l’Art Students League de New York. Et pourtant, ils furent longtemps méprisés par le monde de l’art « officiel », parce qu’ils œuvraient dans la presse, la publicité ou la culture populaire – jugées trop commerciales, voire vulgaires. On les associait à un prétendu « mauvais goût bourgeois ». Mais leur influence fut immense : sur le cinéma hollywoodien, la bande dessinée, le design graphique, et même sur certains mouvements picturaux modernes qui ont fini par reconnaître leur puissance expressive.
Ce qui me plaît tant dans cette forme d’art, au-delà de sa dimension artistique, c’est sa valeur documentaire sur une époque et aussi sa capacité unique à raconter une histoire, à installer une atmosphère, à suggérer un contexte, parfois même à condenser tout un drame en une seule scène. Sous leur apparente simplicité, ces images sont souvent d’une incroyable richesse visuelle et émotionnelle.
Au fil de ce blog, je reviendrai donc sur ces artistes, les illustrateurs, que j’apprécie particulièrement, qu’ils soient célèbres ou injustement oubliés. En attendant, voici pour cette première publication deux images emblématiques : la première, en ce 4 juillet, est signée J.C. Leyendecker, figure tutélaire du Saturday Evening Post, maître du style Art déco et de la composition élégante, dont l’influence sur Rockwell sera décisive ; la seconde est une couverture pulp de Earle K. Bergey, illustrateur iconique des magazines populaires des années 1940.
Deux visions très différentes de l’illustration américaine… mais toutes deux puissantes, marquantes, et profondément ancrées dans notre imaginaire collectif.
samedi 3 juillet 2010
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Piero della Francesca - L'Annonciation (c.1471) |
… Le premier, l'image, est une leçon de perspective : l' Annonciation de Piero della Francesca (c. 1412-1492), conservée à la Galerie Nationale de Pérouse.
Comme le rappelle Gérard-Julien Salvy (Cent énigmes de la peinture, ed. Hazan), La question de la perspective – l’élaboration de ses règles et leur application – fut au centre des préoccupations des artistes italiens dès l’aube de la Renaissance.
Pourquoi les peintres de cette époque ont-ils vu dans une affaire de géométrie de l’espace, voire de mathématique, la possibilité d’une réponse à une question d’ordre spirituel et théologique ? »
Le second document, un extrait de La trahison des clercs (Julien Benda, 1927), est une réflexion sur cette conception erronée de l’ordre que peuvent invoquer les adversaires de la démocratie.
"L’idée d’ordre est couramment l’objet d’une équivoque dont usent, non pas seulement ceux qui l’exploitent, mais que paraissent admettre d’honnêtes esprits en toute bonne foi.
L’un de ceux-ci (André Siegfried dans la Revue des Deux Mondes de 1941) nous parle de l’ordre,
idée à nous léguée, dit-il, par les Grecs, et ajoute, non sans quelque justesse, que l’ordre est une règle alors que la justice est une passion.
Rappelons que l’idée d’ordre telle que l’ont conçue les fils d’Homère, est l’idée de l’harmonie de l’univers, surtout de l’univers inanimé, l’idée de cosmos, de monde, ce mot signifiant l’ordonné par rapport à l’immonde.
Le rôle suprême de la divinité et son honneur, chez les philosophes helléniques, était, non pas d’avoir créé l’univers, mais d’y avoir introduit de l’ordre, c’est-à-dire de l’intelligibilité.
Or il n’y a aucun rapport entre cette contemplation sereine et toute intellectuelle, qui, en effet,
s’oppose à la passion, et l’état tout de passion par lequel certaines classes supérieures entendent maintenir, fût-ce par les moyens les moins harmonieux, leur mainmise sur les inférieures : passion qu’elles nomment le sens de l’ordre.
Je crois que l’historien pensera comme nous que l’auteur du Timée eût peu reconnu son idée de l’ordre dans les actes par lesquels certaines castes, au lendemain de revendications populaires qui les ont fait trembler, « rétablissent l’ordre »."
Pourquoi les peintres de cette époque ont-ils vu dans une affaire de géométrie de l’espace, voire de mathématique, la possibilité d’une réponse à une question d’ordre spirituel et théologique ? »
Le second document, un extrait de La trahison des clercs (Julien Benda, 1927), est une réflexion sur cette conception erronée de l’ordre que peuvent invoquer les adversaires de la démocratie.
"L’idée d’ordre est couramment l’objet d’une équivoque dont usent, non pas seulement ceux qui l’exploitent, mais que paraissent admettre d’honnêtes esprits en toute bonne foi.
L’un de ceux-ci (André Siegfried dans la Revue des Deux Mondes de 1941) nous parle de l’ordre,
idée à nous léguée, dit-il, par les Grecs, et ajoute, non sans quelque justesse, que l’ordre est une règle alors que la justice est une passion.
Rappelons que l’idée d’ordre telle que l’ont conçue les fils d’Homère, est l’idée de l’harmonie de l’univers, surtout de l’univers inanimé, l’idée de cosmos, de monde, ce mot signifiant l’ordonné par rapport à l’immonde.
Le rôle suprême de la divinité et son honneur, chez les philosophes helléniques, était, non pas d’avoir créé l’univers, mais d’y avoir introduit de l’ordre, c’est-à-dire de l’intelligibilité.
Or il n’y a aucun rapport entre cette contemplation sereine et toute intellectuelle, qui, en effet,
s’oppose à la passion, et l’état tout de passion par lequel certaines classes supérieures entendent maintenir, fût-ce par les moyens les moins harmonieux, leur mainmise sur les inférieures : passion qu’elles nomment le sens de l’ordre.
Je crois que l’historien pensera comme nous que l’auteur du Timée eût peu reconnu son idée de l’ordre dans les actes par lesquels certaines castes, au lendemain de revendications populaires qui les ont fait trembler, « rétablissent l’ordre »."
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