In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 2 mai 2010

A.N. - Otto Frank, Amsterdam (1960)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Arnold Newman (1918-2006), figure centrale du portrait « environnemental » du XXe siècle. Formé à la peinture à l’Université de Miami, il commence la photographie en 1938 avec un emploi dans un studio de portraits bon marché. Dès les années 1940, il développe une approche originale : plutôt que d’isoler le sujet dans un décor neutre, il l’intègre dans son environnement personnel ou professionnel - atelier, bureau, laboratoire, bibliothèque -, afin de révéler sa personnalité ou son activité.
Cette méthode deviendra sa signature, et l'une des innovations majeures du portrait moderne. Il photographie ainsi des figures intellectuelles, politiques ou artistiques du XXe siècle : Stravinsky, Picasso, Dali, Martha Graham, JFK, Marilyn Monroe, Piet Mondrian, Salvador Dalí, Otto Frank, Andy Warhol, ou encore Alfred Krupp, dont le célèbre portrait en 1963 - sombre et glaçant -, a suscité controverse.

Arnold Newman
Marilyn Monroe et Carl Sandburg
(1962)
Newman refuse l’improvisation : chaque image est longuement pensée, composée avec précision. Il se réclame d’un héritage pictural classique (Rembrandt, Ingres) et moderniste (Mondrian, qu’il admire profondément), combinant rigueur géométrique, clair-obscur et narration visuelle.
Le premier est un portrait d'Otto Frank, réalisé le 3 mai 1960 dans le grenier de "l'annexe secrète" - c'est-à-dire il y a 50 ans presque jour pour jour-, quelques heures avant l'inauguration de la maison d'Anne Frank.

Sur le second, Marilyn et le poète Carl Sandburg sirotent un Dry Martini à Hollywood, Californie.                                      You may not come, O girl of a dream,
We may but pass as the world goes by,
And take from a look of eyes into eyes,
A film of hope and a memoried day.

Collaborateur régulier de Life, Look, The New Yorker ou Harper’s Bazaar, Arnold Newman a aussi publié plusieurs ouvrages (dont One Mind’s Eye, 1974 ; Arnold Newman’s Americans, 1992) et a enseigné à la Parsons School of Design. Son œuvre est aujourd’hui conservée dans les collections de grands musées, dont le MoMA et le Metropolitan Museum of Art.

TS1
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samedi 1 mai 2010

Louis Lingg
Une image et des mots. L'image, c'est cette oeuvre de Walter Crane, A garland for May Day (1895).
Le 1er mai 1886 une grève mobilisant près de 350.000 ouvriers et employés éclate à l'usine McCormick de Chicago, pour revendiquer la journée de travail de huit heures.
Après la prise de parole du militant anarchiste August Spies (photo) la police charge la foule, faisant des dizaines de blessés et un mort.
Un appel est alors lancé pour un rassemblement le 4 mai, en protestation contre la violence policière. La manifestation dégénère, une bombe est lancée sur la police, la police tire sur la foule...; c'est le massacre de Haymarket Square. Huit militants anarchistes sont arrêtés, sept sont condamnés à mort, le dernier à 15 ans de prison. Des sept condamnés à mort, Louis Lingg (photo 1) se suicide en prison et deux verront leur peine commuée en prison à perpétuité avant d'être finalement graciés sept ans plus tard.

August Spies

Les quatre autres seront pendus : August Spies (photo), George Engel, Adolph Fisher, et Albert Parsons. L'exécution a lieu le 11 novembre 1887. Six ans plus tard, en 1893, la justice les réhabilite, le gouverneur de l'Illinois avouant que le chef de la police de Chicago avait tout organisé, y compris l'attentat à la bombe contre la police, pour justifier la répression qui allait suivre.
En 1889, le deuxième congrès socialiste international choisit de commémorer le massacre du Haymarket chaque 1er mai pour faire de cette journée la fête internationale des travailleurs.
Elle est aujourd'hui célébrée dans plus de 80 pays.

Les mots qui suivent sont de Thomas More..
"Maintenant cher Morus, je vais vous ouvrir le fond de mon âme, et vous dire mes pensées les plus intimes.
Partout où la propriété est un droit individuel, où toutes choses se mesurent par l'argent, là,
on ne pourra jamais organiser la justice et la prospérité sociale, à moins que vous n'appeliez juste la société où ce qu'il y a de meilleur est le partage des plus méchants, et que vous n'estimiez parfaitement heureux l'État où la fortune publique se trouve la proie d'une poignée d'individus insatiables de jouissances, tandis que la masse est dévorée par la misère."
Thomas More, L'Utopie, 1516.

GL4

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dimanche 25 avril 2010

Franklin Carmichael - Mirror lake (1929)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du canadien Franklin Carmichael (1890-1945), membre fondateur du Groupe des Sept évoqué le mois dernier avec A.J. Casson qui en était proche, et qui a profondément transformé la peinture de paysage au Canada. Ses membres, inspirés par l’impressionnisme et l’Art nouveau, aspiraient à créer un art qui reflète l’essence du territoire canadien, qui aille puiser son inspiration dans la nature et non dans les traditions académiques européennes.

F. Carmichael - Snow clouds (1938)



Ils étaient animés par une quête spirituelle du paysage et une volonté de représenter la puissance des vastes espaces nord-américains.
We shall yet develop a movement that will be distinctive as our native landscape ... [....]
A landscape clean and crip in form and colour, rich in inspiration is all that an artist could wish for, begging to be used, and full of inherent possibilities...
On peut penser, à cette vision exaltée de la nature que donnent la vigueur du trait et de la couleur, à la poésie panthéiste de Walt Whitman, au "puissant spectacle de l'universel au coeur de cette vaste terre".
GY1

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dimanche 18 avril 2010

H.Levitt - New York (1940)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe américaine Helen Levitt (1913-2009). Native de New York - qui nourrira son travail tout au long de sa longue vie -, elle abandonne ses études au sortir du lycée et, à 17 ans, elle apprend le métier auprès d'un photographe commercial du Bronx.

Je sortais et je photographiais, je suivais mes yeux ; ce qu'ils voyaient j'essayais de le capturer avec mon appareil, pour que d'autres le voient

H.Levitt - New York (1938)

Elle rencontre Henri Cartier-Bresson et Walker Evans dont elle sera l'assistante en 1938 et 1939, notamment sur un projet documentaire dans le métro new-yorkais, appareil caché sous le manteau. Leur approche et leurs méthodes, la rigueur documentaire de Evans et la recherche de "l'instant décisif" chez Cartier-Bresson, vont avoir une influence déterminante sur son travail.                                                                                                                                        Elle photographie les enfants des quartiers pauvres, ceux de Harlem, de Brooklyn, et du Lower East Side, pour porter témoignage de leur culture, de leurs jeux et des éphémères dessins à la craie dont ils parent les murs et les trottoirs. Ce travail fournira la matière à une de ses séries les plus célèbres, publiée dans un livre intitulé In the street : Chalk Drawings and Messages, New York  City 1938-1948.

Tout ce que je peux dire à propos du travail que j'essaie de faire, c'est que l'esthétique est dans la réalité elle-même.

René Maltête -  La majorité Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français René Maltête (1930-2000). Né à Lamballe en Bre...