Yann Slama - Abandon (2015) |
Les mots sont extraits de l'essai de Michel Béaud Le basculement du monde, paru aux Éditions La Découverte (1999).
« Riches ou aspirant à l’être, les sociétés sont comme prises dans les rouages et les spirales sans fin d’une machinerie économique à produire, distribuer et détruire des richesses.
Une machinerie planétaire, c’est-à-dire à la fois locale, nationale, multinationale et mondiale.
Une machinerie qui concerne presque la totalité de l’Humanité, et dans laquelle chacun ou presque est rouage : agent, bénéficiaire et/ou victime. Multitude de victimes ; petit nombre de très grands bénéficiaires ; mais des classes et des couches de plus en plus nombreuses, à la fois victimes et bénéficiaires, qui n’ont d’autre choix pour subsister que de participer au fonctionnement de l’ensemble. Titanesque machinerie, dont les laudateurs ne voient que les emplois et les richesses qu’elle crée, tandis que ses contempteurs ne voient que les chômages et les détresses qu’elle suscite. […..]
Dès lors que l’économie domine les sociétés, les inégalités de notre monde et les dynamiques de l’inégalité rendent inexorable l’engrenage sans fin des croissances.
Et dans un monde et des sociétés très inégalitaires, les dynamiques de l’économie reproduisent, souvent aggravent, pauvreté, chômage et exclusions. »