Une image et des mots. Cette Une du Petit Parisien est consacrée à la fusillade de Fourmies, survenue le 1er mai 1891 lors d'une manifestation ouvrière organisée pour revendiquer la journée de 8 heures. La troupe ouvre le feu sur les manifestants; le bilan est de 9 morts et de 35 blessés.
Pour aller avec, je choisis ces quelques vers de Jules Mercier. L'homme de peine - aujourd'hui on dit un manoeuvre - qui se donne la mort à l'âge de 24 ans en se jetant dans la Seine, parle ici du peuple.
Je ne menace pas, mais je veux de ma main
Forcer la vôtre à sonder sa blessure.
Je veux qu'en m'écoutant votre coeur plus humain
Songe aux maux que par vous et pour vous il endure.
Je ne menace pas, je le répète encore,
Mais je l'ai vu si grand que je crains sa colère;
Je l'ai vu, triomphant, promener sa misère,
Dans vos palais moqueurs, brillants de marbre et d'or.
Et, généreux pourtant, pour prix de vos conquêtes
Que voulait-il? Vos biens? .... Non, quelques pauvres lois,
Lui qui, pour secouer sa vermine et ses rois,
De son pied de géant pouvait broyer vos têtes.