In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 17 février 2024

Theodore Roosevelt diary
Une image et des mots. Le journal de Théodore Roosevelt à la page du jeudi 14 février 1884.
Ce jour-là, il y a pratiquement 140 ans jour pour jour, celui qui dix-sept ans plus tard allait devenir  le 26ème président des États-Unis perdait sa mère et son épouse.

À ces mots, Fernanda sentit une brise légère et lumineuse lui arracher les draps des mains et les déplier dans toute leur largeur. Amaranta éprouva comme un frissonnement mystérieux dans les dentelles de ses jupons et voulut s'accrocher au drap pour ne pas tomber, à l'instant où Remedios la Belle commençait à s'élever dans les airs. Ursula, déjà presque aveugle, fut la seule à garder suffisamment de présence d'esprit pour reconnaître la nature de ce vent que rien ne pouvait arrêter, et laissa les draps partir au gré de cette lumière, voyant Remedios la Belle lui faire des signes d'adieu au milieu de l'éblouissant battement des ailes des draps qui montaient avec elle, quittaient avec elle le monde des scarabées et des dahlias, traversaient avec elle les régions de l'air où il était déjà plus de quatre heures de l'après-midi, pour se perdre avec elle dans les hautes sphères où les plus hauts oiseaux de la mémoire ne pourraient eux-mêmes la rejoindre.
Gabriel García Márquez, Cent ans de solitude (1967)

samedi 19 avril 2014

Hiroko Otake - Metamorphosis
Une image et des mots. Une oeuvre de la japonaise Hiroko Otake (b.1980).

Je me souviens qu'à la découverte, dans Cent ans de solitude, du passage où sont évoqués les vols de papillons qui accompagnent où qu'il aille un des personnages du roman, je m'étais émerveillé que Garcia Marquez ait pu avoir une idée si belle et si poétique.
Depuis je suis allé en Amazonie, et j'ai vu cent fois, à chacune de mes expéditions, des nuées de papillons jaunes sur les berges des fleuves ; ils s'y posent en grappes énormes et tourbillonnent autour de celui qui passe. J'ai alors compris que Garcia Marquez avait dû lui aussi voir ce spectacle des dizaines de fois sur les rives des fleuves colombiens, et qu'il puisait dans son enfance une part de son inspiration.

C'est alors qu'elle remarqua les papillons jaunes qui précédaient chaque apparition de Mauricio Babilonia. Elle avait déjà noté leur présence, surtout à l'atelier de mécanique où elle avait pensé que les attirait l'odeur de peinture. Quelquefois elle les avait sentis voleter au-dessus de sa tête dans la pénombre du cinéma. Mais quand Mauricio Babilonia se mit à la poursuivre comme un spectre qu'elle seule pouvait identifier dans la foule, alors elle comprit que les papillons avaient quelque chose à voir avec lui. Mauricio Babilonia se trouvait toujours parmi le public des récitals, au cinéma, à la grand-messe, et elle n'avait nul besoin de le voir pour découvrir sa présence que lui signalaient les papillons.