In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 27 août 2023

P.T. - Café de Flore, Paris (2023)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste franco-américain Peter Turnley (b.1955). Natif de Fort Wayne, dans l'Indiana, il découvre la photographie à l'âge de 17 ans, alors qu'il est hospitalisé et qu'on lui offre son premier appareil et un livre d'Henri Cartier-Bresson. Dans la foulée il découvre les grands photographes des rues et de la vie parisiennes : Atget (voir nov.2011), Brassaï (voir oct.2009 et déc.2013), Izis (voir juin 2016), et Kertész (voir nov.2010).
Puis ce seront Robert Doisneau et Édouard Boubat, à la faveur de l'emblématique - et monumentale -, exposition photographique présentée pour la première fois en 1955 au MoMA de New York par Edward Steichen : The Family of Man.

P.T. - Brasserie de l'Ile St Louis, Paris
(1994)
En 1975, Peter Turnley vient pour la première fois à Paris où il s'installe définitivement à partir de 1978 ; c'est là qu'il rencontre Édouard Boubat avec qui il va nouer une amitié qui durera jusqu'à la disparition du photographe français, en 1999. Parallèlement à ses études à la Sorbonne et à Sciences-Po, il travaille pour Pierre Gassman, le fondateur en 1950 du laboratoire pour photographes professionnels Pictorial Service. C'est ainsi qu'il a l'opportunité de montrer son travail à Robert Doisneau qui va le présenter à Raymond Grosset, directeur de l'agence de presse photographique Rapho, qui va régulièrement lui proposer des missions pour la presse internationale : Times, Newsweek, The New York Times... Dès lors, Peter Turnley va parcourir le monde pour couvrir de grands événements et de nombreux conflits.
Devenu citoyen français en 2019, Peter Turnley vit et travaille aujourd'hui à Paris.

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samedi 26 août 2023

A.M. - Nature morte

Une image et des mots. L'image est une oeuvre du peintre espagnol Antonio Morano (b.1943), et les mots sont de Gilles Deleuze, extraits de Le pli (1988).

L'événement est une vibration, avec une infinité d'harmoniques ou de sous-multiples, telle une onde sonore, une onde lumineuse, ou même une partie d'espace de plus en plus petite pensant une durée de plus en plus petite.
Car l'espace et le temps sont, non pas des limites, mais les coordonnées abstraites de toutes les séries, elles-mêmes en extension : la minute, la seconde, le dixième de seconde...
[....]
Aussi le labyrinthe du continu n'est pas une ligne qui se dissoudrait en points indépendants, comme le sable fluide en grains, mais comme une étoffe ou une feuille de papier qui se divise en plis à l'infini ou se décompose en mouvements courbes, chacun déterminé par l'entourage consistant ou conspirant.

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dimanche 20 août 2023

Rudolf Koppitz - Carinthiac (1930)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe autrichien Rudolf Koppitz (1884-1936). Il se forme à la photographie à partir de 1897 en travaillant comme retoucheur dans différents studios et ateliers jusqu'à son installation à Vienne en 1911. Il suit alors les cours de l'Académie des Beaux-Arts, et va également être influencé par la Sécession viennoise, un mouvement artistique qui mêlait esthétisme et modernité. Mêlant ainsi la rigueur technique à une recherche esthétique proche de la peinture, ses sujets de prédilection sont typiquement pictorialistes : portraits, scènes paysannes romantiques, paysages enneigés et vedute.

R. Koppitz - Les yeux (1928)



Rudolf Koppitz dut donc sa renommée à ses compositions pictorialistes et ses explorations artistiques du corps humain en mouvement, souvent dans un cadre symboliste.
Son travail est principalement associé à la photographie de danse et à la représentation du corps en mouvement, notamment à travers des poses stylisées et des compositions soignées.
Sa photographie la plus iconique est d'ailleurs Bewegungstudie (Étude de mouvement), prise en 1925, qui montre une danseuse dénudée entourée de figures vêtues de capes sombres.
Cette image illustre sa maîtrise du clair-obscur et du symbolisme, et révèle l'influence du Jugendstil (Art nouveau) sur son travail. Même si les opinions politiques de Koppitz, mort deux ans avant l'Anschluss, sont restées ambigües, et même si son esthétique en profonde résonnance avec l'esprit de la Heimat a été récupérée par le national-socialisme, il a joué un rôle important dans le développement de la photographie artistique en Autriche et reste l'une des figures marquantes de la photographie du début du XXe siècle.

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dimanche 13 août 2023

L. Janmot - Fleurs des champs (1845)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et poète français Anne-François-Louis Janmot (1814-1892). La seconde fait partie de son cycle de 18 peintures et 16 dessins intitulé Le poème de l'âme et auquel il a travaillé durant 40 ans. Profondément marqué par son éducation religieuse et philosophique, Janmot s'est distingué par une œuvre imprégnée de mysticisme et de spiritualité. Il fait ses études au collège royal de Lyon, où il côtoie Frédéric Ozanam puis se forme à l'École des beaux-arts de Lyon.
Après un passage à Paris, où il suit l'enseignement de Victor Orsel et d’Ingres, il voyage en Italie en 1835 ; il y découvre Rome et rencontre Hippolyte Flandrin.

L.J. - Rayons de soleil (1854)
De retour à Lyon, il ambitionne de marquer le Salon de Paris avec des œuvres religieuses de grande ampleur, mais l’accueil décevant réservé à son cycle monumental Le Poème de l’âme lors de l’Exposition universelle de 1855 le pousse à revenir à Lyon.
Désormais enseignant à l'École des beaux-arts, il se consacre également à des commandes pour la décoration d’églises, intégrant la rigueur d’Ingres à une quête spirituelle qui rappelle les nazaréens et les préraphaélites.
Figure de transition entre romantisme et symbolisme, et bien qu’il soit parfois éclipsé par des contemporains plus célèbres, Louis Janmot a a contribué à forger une sensibilité préraphaélite en France et sa recherche d’un idéal esthétique et spirituel a réellement marqué l'histoire de l'art. Admiré par des artistes comme Puvis de Chavannes, Odilon Redon et Maurice Denis, son travail, qui associe précision académique et introspection mystique, reflète les aspirations d’une époque où l'art et la foi cherchaient à s’unir dans une quête commune d’idéal.
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dimanche 6 août 2023

O.W.L. - Eastbound freight train, Tennessee

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Ogle Winston Link, déjà présenté ici en sept.2008, et dont le magnifique travail porte témoignage des derniers jours des trains à vapeur dans l'Amérique des 50s.
I wanted to record history as it was happening.

O.W.L. - Waiting-room, Virginia Creeper
Les trains, sur leur chemin compact de pierraille et de cendre, comme l'écrit Émile Verhaeren, puissantes métaphores, lieux de solitude et de romance, convoyeurs romanesques de vies qui regardent en rêvant défiler les paysages insaisissables d'un temps qui nous échappe...
Peut-être Winston Link ne les voyait-il que comme de magnifiques machines, mais la splendide composition de ses clichés, toujours d'une extrême qualité technique, charge chacune de ces images d'une intense poésie.

samedi 5 août 2023

Louis Buisseret - Silence (1919)
Une image et des mots.
Le silence n'est pas seulement l'absence de bruit, nous dit l'historien Alain Corbin dans son Histoire du silence, paru en 2016 chez Albin Michel. Nous l'avons presque oublié. Les repères auditifs se sont dénaturés, affaiblis, désacralisés. La peur voire l'effroi suscités par le silence se sont intensifiés.
Dans le passé, les hommes d'Occident goûtaient la profondeur et les saveurs du silence. Ils le considéraient comme la condition du recueillement, de l'écoute de soi, de la méditation, de l'oraison, de la rêverie, de la création ; surtout comme le lieu intérieur d'où la parole émerge. Ils en détaillaient les tactiques sociales. La peinture était pour eux parole de silence.
En voici une qui l'est à double titre, puisqu'elle le représente ; elle est de Louis Buisseret (1888-1956), un graveur et peintre belge de l'École de Mons.

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