In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 27 février 2022

M. Dondyuk - Culture de la confrontation (2014)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste ukrainien Maxim Dondyuk (b.1983). 
Né en 1983, Dondyuk a acquis une renommée internationale en documentant des événements et des situations critiques, comme la révolution de Maïdan en 2013-2014 à Kiev, la guerre en Ukraine, ou des crises de santé publique telles que la tuberculose en Ukraine.

M. Dondyuk - Sans titre


Comme le montre la photo ci-dessus, son style visuel se caractérise par une esthétique saisissante et souvent poétique, malgré des thèmes sombres et intenses. 
Dondyuk travaille principalement en photographie documentaire et utilise ses images pour révéler avec une approche puissante et immersive l'impact des conflits sociaux et politiques sur les individus et les communautés.
Son projet "Culture of the Confrontation," qui capture les affrontements de Maïdan, a été largement salué et exposé dans des institutions de renommée mondiale.
Ses photographies ont été publiées dans des médias internationaux tels que TIME, Der Spiegel, et Le Monde, et il a reçu de nombreuses récompenses, dont le Prix Pictet, pour sa capacité à sensibiliser à travers des œuvres visuelles puissantes. Aujourd'hui, Maxim Dondyuk continue de documenter la guerre en Ukraine et les traces laissées sur son pays par l'histoire contemporaine.

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samedi 26 février 2022

Serhii Vasylkivsky - Coucher de soleil sur le lac
Une image et des mots. La Russie vient d'attaquer l'Ukraine.
Le tableau est une oeuvre de Serhii Vasylkivsky - ou Sergueï Vassilkovski (1854-1917) -, un peintre ukrainien de la région de Karkhiv. C'est une image de paix, dans une nature que l'on devine lente, presque immobile. Au loin, le ciel rougeoit, il ne fait pas encore sombre.
Les mots sont un extrait d'un des trois Écrits pacifistes (1937) de Jean Giono, celui qui dans Solitude de la pitié disait qu'il désirait écrire un roman dans lequel on entendrait chanter le monde, au lieu de tous ces livres où l'on donne une trop grande place aux êtres mesquins et où l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers.

Ce qui me dégoûte dans la guerre, c'est son imbécillité. J'aime la vie. Je n'aime même que la vie. C'est beaucoup, mais je comprends qu'on la sacrifie à une cause juste et belle. J'ai soigné des maladies contagieuses et mortelles sans jamais ménager mon don total. À la guerre j'ai peur, j'ai toujours peur. Parce que c'est bête, parce que c'est inutile. Inutile pour moi. Inutile pour le camarade qui est avec moi sur la ligne de tirailleurs. Inutile pour le camarade en face. Inutile pour le camarade qui est à côté du camarade en face dans la ligne de tirailleurs qui s'avance vers moi.

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dimanche 20 février 2022

Joichi Hoshi - Tree blue (1972)

Le vide-grenier du dimanche. Deux gravures sur bois du japonais Joichi Hoshi (1913-1979). Né au nord de l'île de Honshu, il s'installe avec sa famille à Taïwan (alors sous domination de l'empire japonais), où il obtient en 1932 son diplôme dans une école normale. En 1946, après son rapatriement, il découvre la gravure grâce à son travail dans un atelier d'impression, en commençant par la sérigraphie, une technique qui lui permet de remporter dès 1949 un prix de l'Association japonaise de la gravure, dont il deviendra membre en 1952.
Par la suite il va s'intéresser à la gravure sur bois, qu'il étudie à l'université d'arts de Musashino d'où il sort diplômé en 1956. À partir de 1959, il expose à la Biennale internationale de gravure de Tokyo avec des œuvres abstraites s’inscrivant dans le style dominant du "Sosaku Hanga" de l'époque. Durant cette période, il enseigne également la calligraphie.

Joichi Hoshi - Dawn

À partir de 1964, il change progressivement de sujet pour explorer les étoiles et les constellations, adoptant un style intensément expressionniste, et explorant de manière de plus en plus personnelle les possibilités de la gravure sur bois. Sa série de "Constellations" (1964-1967) comprend finalement quarante-deux estampes. Mais c'est à la fin des années 1960 qu'il découvre son thème final et définitif, celui des arbres, en revenant à un naturalisme détaillé d’une complexité technique éblouissante, souvent enrichi d’or, d’argent et de couleurs vives. Ses gravures d’arbres, considérées comme des méditations visuelles qui reflètent un respect profond pour le monde naturel, totaliseront 163 feuilles, ce qui représente près de la moitié de toute sa production graphique. Aujourd’hui, ses œuvres sont très prisées et apparaissent dans de nombreuses collections et expositions à travers le monde, marquant son influence durable dans le domaine de la gravure japonaise moderne.

FS7
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dimanche 13 février 2022

Pirkle Jones - Untitled (1961)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe documentaire américain Pirkle Jones (1914-2009). 
Il s'initie à la photographie à l'âge de 17 ans avec un Kodak Brownie, et après la guerre, à laquelle il participe aux îles Fidji et dans les Philippines, il entre au premier cours de photographie proposé par la California School of Fine Arts. Il y rencontrera, parmi les formateurs, des artistes majeurs qui vont l'aider à développer ses compétences : Ansel Adams, dont il sera l'assistant pendant 6 ans (voir avril 2010), Dorothea Lange (mars.2013), Edward Weston (jan.2012 et fév.2014), ou encore Minor White (août 2013 et sept.2019).

P. Jones - Cowboy, Arizona (1957)




L'oeuvre de Pirkle Jones, riche en résonnances sociales et politiques, s'appuie sur un style qui s’inspire à la fois de l’approche artistique d'Adams et du regard documentaire engagé de Dorothea Lange. Une de ses œuvres les plus emblématiques est Death of a Valley (1956), une collaboration avec Lange qui documente le déplacement des communautés locales et la transformation des paysages pendant la construction du barrage de Monticello dans la Napa Valley.
Cette série souligne le coût humain et écologique du développement urbain en milieu rural.
Jones décrivit plus tard ce projet avec Lange comme « l'une des expériences photographiques les plus significatives de sa vie."
De son travail, que Bruce Weber comparait à l'écriture de John Steinbeck, Ansel Adams dira aussi ceci : sa photographie n'est pas flamboyante, elle ne repose pas sur des stimuli superficiels.  Pirkle Jones est un artiste au meilleur sens du terme ; ce qu'il exprime est autant en résonance avec le monde extérieur qu'avec les réactions de sa personnalité.

dimanche 6 février 2022

A.H. Thayer - Angel (1887)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Abbott Handerson Thayer (1949-1921), élève pendant quatre ans de Jean-Léon Gérôme à l'École des Beaux-Arts de Paris.
La seule chose qui nous manque sont des anges, écrit Henri Miller (directement en français), dans son petit livre J'suis pas plus con qu'un autre (1980). Dans ce vaste monde il n'y a pas de place pour eux. D'ailleurs, est-ce que nous avons des yeux pour les reconnaître ? Peut-être que nous sommes entourés par les anges sans le savoir...

A.H.T. - Roseate spoonbills (c.1905)
Thayer aime les animaux et les anges, il peint les créatures délusoires du ciel et de la terre... Et il est, avec son fils Gerald, l'auteur d'un livre sur le camouflage dans le monde animal, publié en 1909.
Sans aucun doute, ma passion de toujours pour les oiseaux m'a poussé à intégrer des ailes dans mes tableaux.
Mais j'ai surtout représenté des ailes probablement plus pour symboliser une atmosphère exaltée (au-delà du domaine de la peinture de genre) où l'on n'a pas besoin d'expliquer l'action des personnages.

samedi 5 février 2022

Bert Hardy - The Gorbals, Glasgow (1948)
Une image et des mots.
Ce cliché fait partie de la très belle série documentaire que le photographe anglais Albert Hardy (voir février 2016) a consacrée en janvier 1948 aux Gorbals, un quartier misérable et populeux de Glasgow. Ce quartier dont l'histoire remonte au moins au 13e siècle était à l'origine un petit village près d'un pont sur la rivière Clyde.
Au 19e siècle, il était fortement industrialisé et attirait une population diverse, y compris de nombreux réfugiés juifs fuyant les persécutions en Europe de l'Est​.
Les mots pour aller avec sont extraits du Traité de la réforme de l'entendement (1662), de Spinoza.

Quand l'expérience m'eut appris que tous les événements ordinaires de la vie sont vains et futiles, voyant que tout ce qui était pour moi cause ou objet de crainte ne contenait rien de bon ni de mauvais en soi, mais dans la seule mesure où l'âme en était émue, je me décidai en fin de compte à rechercher s'il n'existait pas un bien véritable et qui pût se communiquer, quelque chose enfin dont la découverte et l'acquisition me procureraient pour l'éternité la jouissance d'une joie suprême et incessante.
MA5

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