In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 28 juillet 2019

G. Buchet - Le voilier

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et sculpteur suisse Gustave Buchet (1888-1963), dont le parcours, marqué par le futurisme puis le purisme, illustre les grands courants de l’avant-garde européenne du début du XXᵉ siècle.
G.B. - Maggy (1915)

Formé à l'École des beaux-arts de Genève, il quitte en 1910 la Suisse et le sillage de Ferdinand Hodler (voir juin 2018) pour l'effervescence artistique de Paris, où il découvre Fernand Léger et Delaunay.
Il s'y nourrit des innovations du cubisme et du futurisme, reflets d’une époque fascinée par la vitesse et la modernité, et évolue à partir des années 20 vers une abstraction plus personnelle.
J’aime assez le cubisme adouci de certains de ses paysages, mais je préfère aujourd'hui ces deux aquarelles, dont la simplicité me touche davantage.

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samedi 27 juillet 2019

Frans Lantig - Tamanoir
Une image et des mots. Un beau cliché du photographe animalier Frand Lantig. Ce bel animal, au caractère plutôt placide mais pourvu de fortes griffes très dissuasives, est un fourmilier géant, ou tamanoir. Il s'agit, avec le cycliste (en huit lettres également) du plus grand mammifère insectivore connu. Il a deux petits cousins arboricoles, le doux tamandou et le mignon myrmidon. On peut observer le tamanoir dans les grandes savanes tropicales d'Amérique du Sud mais aussi, bien que plus difficilement, dans la jungle. Ceux qui n'ont rien d'autre à se mettre sous la dent peuvent en faire une expérience culinaire rare qu'ils ne répèteront pas ; je peux en témoigner. Les mots que j'ai choisis pour accompagner cette image sont extraits d'un article de l'AFP paru le 11 juillet 2017.

"La sixième extinction de masse sur Terre est plus rapide que prévu et se traduit par un "anéantissement biologique" de la vie sauvage, alerte une nouvelle étude". Il s'agit d'un anéantissement biologique qui survient au niveau global, même si les espèces auxquelles appartiennent ces populations existent toujours quelque part sur Terre", affirme l'un des auteurs de l'étude, Rodolfo Dirzo, professeur de biologie à l'Université de Stanford.
Les chercheurs ont dressé la carte de la répartition géographique de 27.600 espèces d'oiseaux, amphibiens, mammifères et reptiles, un échantillon représentant près de la moitié des vertébrés terrestres connus. Ils ont analysé les baisses de population dans un échantillon de 177 espèces de mammifères de 1900 à 2015.
Sur ces 177 mammifères, tous ont perdu au moins 30% de leurs aires géographiques et plus de 40% en ont perdu plus de 80%. Plus de 30% des espèces de vertébrés sont en déclin, à la fois en termes de population et de répartition géographique, indique cette étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Science (PNAS). [...] Le déclin des animaux sauvages est attribué principalement à la disparition de leur habitat, à la surconsommation des ressources, la pollution ou le développement d'espèces invasives et de maladies. Le changement climatique pourrait aussi y contribuer de plus en plus. [...] Cette "perte massive" en termes de populations et d'espèces "est un prélude à la disparition de nombreuses autres espèces et au déclin des écosystèmes qui rendent la civilisation possible", avertit l'auteur principal de l'étude, Gerardo Ceballos, de l'Université nationale autonome du Mexique."

En conclusion, j'ajouterai à ce texte quelques mots de Jean Rostand qui, en 1959, notait dans son Carnet d'un biologiste: "Je me sens très optimiste quand à l'avenir du pessimisme". Et quant à Baltasar Gracián, dans son précieux Oráculo manual y arte de prudencia (1646, paru en français je crois sous le titre L'homme de cour), il nous dit: "Comienzan a ver algunos cuando no hay qué" (Certains commencent à voir lorsqu'il n'y a plus rien à voir).
PM4

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dimanche 21 juillet 2019

B.D. - Rose on a hillside (2009)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre, écrivain, et musicien américain Robert Allen Zimmerman (b.1941), dit Bob Dylan.
Il a pris de mai à juillet 1974 des cours de dessin auprès d'un artiste russe immigré à New York, Norman Raeben, qui avait lui-même suivi l'enseignement d'artistes de l'Ashcan School.

B.D. - Brooklyn Heights (2017)
Son influence, d'après Dylan, a eu un impact jusques sur sa façon d'écrire des chansons, Raeben lui donnant des conseils sur l'emploi de techniques narratives non linéaires.
I was convinced I wasn't going to do anything else, and I had the good fortune to meet a man in New York City who taught me how to see. He put my mind and my hand and my eye together in a way that allowed me to do consciously what I unconsciously felt.
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dimanche 14 juillet 2019

Albert Fié - Le bal du 14 juillet 44
Le vide-grenier du dimanche. En ce 14 juillet, deux oeuvres d'Albert Fié (1923-2017), grande figure de la Résistance et dessinateur. Plus de 130 de ses dessins, légendés par lui-même et témoignant de la vie de son bataillon de maquisards, ont été publiés par la maison d'édition Mémoire de la Drôme sous le titre Scènes de vie, scènes de résistance.
A.F. - Jaillans, 1944.

Le marin représenté dans cette gouache rappelle que Paul Pons, le commandant de sa compagnie, était officier de la marine marchande.
Le second dessin montre un groupe d'hommes de la compagnie Pons rassemblés au matin du 21 juillet 44 devant la fontaine de Jaillans, avant de partir prendre position. Douze d'entre eux ne reviendront pas.

dimanche 7 juillet 2019

Lewis Hine - Johnnie and the shucking-boss (1911)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Lewis Wickes Hine (1874-1940), pionnier de la photographie sociale aux États-Unis. Ils font partie des dix photographies restaurées et colorisées par le colorisateur anglais Tom Marshall, ICI.
Convaincu que l’image pouvait éveiller les consciences, Hine l’utilise très tôt comme un outil de réforme. Formé à la sociologie, il documente avec rigueur les conditions de vie des immigrants à Ellis Island, puis les réalités souvent brutales du monde ouvrier.

Lewis Hine - Garment workers (1910)
Dans les années 1910, son travail pour le National Child Labor Committee le conduit à parcourir le pays pour dénoncer l’exploitation des enfants. 
Il photographie, souvent au péril de sa sécurité, les petites mains de l’industrie textile, des mines ou de la pêche. « Il y a un travail qui profite aux enfants, et un travail qui ne profite qu’aux employeurs. » Johnnie, petit écailler de Louisiane, a 9 ans en 1911 ; les jeunes ouvrières du textile, âgées de 5 à 12 ans, ont été photographiées à New York le 26 janvier 1910. Ces images contribueront à faire évoluer la législation sur le travail des enfants.
Mais Lewis Hine ne se limite pas à la dénonciation: il célèbre aussi la dignité du labeur, notamment dans ses célèbres clichés des ouvriers sur le vertigineux chantier de l’Empire State Building. En soignant la composition et la beauté formelle de ses images, il donnait à son témoignage social une puissance accrue, convaincu que la photographie devait dire ce que les mots seuls ne sauraient exprimer. « Si je pouvais raconter l’histoire en mots, je n’aurais pas besoin de traîner un appareil photo. »

ZU3
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samedi 6 juillet 2019


Meretseger (Nouvel Empire) 
Une image et des mots. Une représentation de la déesse Meretseger, (ou Mertseger) "celle qui aime le silence", sur cette stèle en calcaire conservée au Louvre, ou encore sur cet ostracon conservé au Musée du Caire.

La déesse cobra Meretseger était la gardienne de la Vallée des Rois et de la vaste nécropole thébaine située sur la rive ouest du Nil, en face de Louxor, et classée aujourd'hui au patrimoine mondial de l'humanité. Son culte est rattaché à la période faste du Nouvel Empire, entre les 16e et 11e av. J -C.; elle était la protectrice du village de Deir el-Médineh, où vivaient les artisans chargés de la construction des temples et des tombeaux des pharaons.

Meretseger
Pour aller avec, j'ai pensé à ce texte du poète palestinien Mahmoud Darwich (1942-2008),  Le grondement du silence (in La trace du papillon, Actes Sud)

"J'écoute le silence. Existe-t-il? Si, oubliant son nom, nous tendions l'oreille, nous entendrions les voix des âmes errantes dans les airs et les cris de ceux qui ont trouvé le chemin des premières cavernes. Le silence est une voix qui s'est évaporée, cachée dans le vent et brisée en échos conservés dans des jarres cosmiques. Si nous tendions l'oreille, nous entendrions le heurt de la pomme tombant sur une pierre dans le jardin d'Eden, le cri d'Abel effrayé par le premier sang répandu, le premier gémissement de désir entre un mâle et une femelle désemparés, nous entendrions les méditations de Jonas dans le ventre de la baleine et les négociations secrètes entre les dieux anciens. Si nous tendions l'oreille derrière le voile du silence, nous entendrions les conversations nocturnes entre les prophètes et leurs épouses, les premières cadences de la poésie, la plainte des empereurs qui s'ennuient, le martèlement des sabots des chevaux dans une guerre aux date et lieu inconnus, la musique du rituel sacré de la prostitution, les pleurs de Gilgamesh sur son ami Enkidu, la perplexité du singe après qu'il eut sauté de l'arbre sur le trône de la tribu et les insultes échangées entre Sarah et Hagar. Si nous tendions l'oreille à la voix du silence, nos paroles se feraient plus rares!"
GF2

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Ganjifa moghol Le vide-grenier du dimanche. Deux Ganjifas , ces cartes d’un jeu ancien, originaire de Perse, qui a pris toute sa richesse en...