In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 24 juin 2012

B. Doyle - Seáinín Dhónaill Ó Conghaile (1970s)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'irlandais Bill Doyle (1925-2010), photographe autodidacte né à Dublin, grand lecteur de poésie et amateur de musique, souvent surnommé le « Cartier-Bresson irlandais ».
Il devient professionnel après avoir remporté le prix Daily Telegraph Magazine Photographer of the Year en 1967, grâce à ses photographies des îles d’Aran ; il quitte alors une vie stable pour se consacrer entièrement à la documentation d’une Irlande en mutation - ses paysages, ses visages, ses gestes ordinaires.

B.D. - Murphy's hand, Cork (1980)
Roland Barthes disait que la photographie est un témoignage que l’instant a existé. Bill Doyle, lui, saisit ces instants avec dignité et sincérité. Qu’il photographie les agriculteurs des îles d’Aran ou les anonymes des rues de Dublin, il révèle une Irlande à la fois familière et intemporelle. Son œuvre, empreinte d’attention silencieuse, rend hommage à la vie simple et à la culture de son pays. Deux ouvrages en témoignent : Dublin Street Life and Lore (1983) et Bill Doyle’s Ireland (1991).
ES1

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samedi 23 juin 2012

J. Meyerowitz - Time Square, NYC (1963)
Une image et des mots. Un cliché du photographe américain Joel Meyerowitz, et la première et la dernière strophe d'un poème de Jean de la Croix (1542-1591) : Por toda la hermosura (Pour toute la beauté).

Por toda la hermosura
nunca yo me perderé,
sino por un no sé qué
que se alcanza por ventura.

[.....]

Por lo que por el sentido
puede acá comprehenderse
y todo lo que enterderse,
aunque sea muy subido
ni por gracia y hermosura
yo nunca me perderé,
sino por un no sé qué
que se halla por ventura.

***

Pour toute la beauté
jamais je ne me perdrai
sinon pour un je ne sais quoi
qui par fortune se saisit.

[.....]

Pour ce qui par le sens
peut ici se comprendre
et tout ce qu'on peut entendre
fût-il très élevé
pour la grâce ni la beauté
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dimanche 17 juin 2012

Niels Strøbek - Lemon (1972)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du danois Niels Strøbek (b.1944), formé sous la direction d’Egill Jacobsen à l’Académie royale des beaux-arts du Danemark de 1962 à 1967. Profondément imprégné par l’art de la Renaissance italienne et du Baroque espagnol, il est considéré comme une figure majeure du courant super-réaliste danois, qui s’est développé dans les années 1970 sous l’influence du mouvement hyperréaliste (ou photoréalisme) américain.

Niels Strøbek
Champ de chaumes à Amager (1988)
Strøbek a exploré divers sujets comme la nature morte, le paysage et la figure humaine. Ses natures mortes témoignent de son intérêt pour le jeu abstrait des formes et la tension créée par l’utilisation des couleurs primaires – rouge, jaune et bleu – comme le montre ici Lemon ou encore une oeuvre comme Yellow Box.
Dans ses paysages, comme ici avec Amager Fælled, Strøbek intègre des éléments du réel – une ville lointaine, des chênes séculaires, des bâtiments industriels ou une grange – dans des compositions épurées où la précision du détail contraste avec une atmosphère presque suspendue, qui nous invite à une contemplation qui dépasse le sujet représenté.
Quant à son travail sur la figure humaine, j’en donnerai peut-être une illustration dans une future publication.

ST1
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dimanche 10 juin 2012

H. S. - Women in a public washhouse, Glasgow
(1939)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du peintre et photographe anglais Humphrey Spender (19010-2005), frère de l'essayiste et poète Stephen Spender.
Il collabore d'abord au Daily Mirror et à Harper's Bazaar, et devient membre du MO (Mass Observation) un organisme de recherche en sociologie des comportements créé en 1937 par l'anthropologue Tom Harrison, le poète Charles Madge et le peintre Humphrey Jennings.

H. S. - Washing line (1937)
C'est ainsi que jusqu'en 1940 il va documenter avec un regard profondément humaniste la vie quotidienne de l'Angleterre populaire, les usines, les pubs, les mines, et d'une Angleterre parfois misérable, frappée par la grande crise économique des années 30, ce que l'on a appelé la Grande Dépression.
Le second cliché, justement, est issu de la centaine de photographies de sa série documentaire Worktown, nom de code pour désigner la ville de Bolton, dans la région de Manchester, qui servit de champ d'étude au Mass Observation.
À la différence de la plupart de ses clichés, il n'y a ici nulle présence humaine apparente.
La rue est déserte.et pourtant ils sont là, les prolétaires de ce quartier ouvrier. On les voit dans ces chemises et ces oreillers giflés par le vent froid de la vie dure, dans ce document qui transcende le témoignage militant pour devenir une image poétique, et qui est pour moi une de ses plus belles photographies.

PG3
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dimanche 3 juin 2012

S.T. - Stage door, Schubert Theater (1933)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres de l’Américain Saul Tepper (1899-1987), figure prolifique de l’âge d’or de l’illustration. Né dans le Lower East Side de New York, il suit une formation solide à la Cooper Union, à l’Art Students League, puis surtout à la Grand Central School of Art, où il étudie auprès de Harvey Dunn - disciple de Howard Pyle, fondateur de l’illustration américaine moderne, dont Tepper reprend le credo : « sentiment, expression et amour du métier sont les fondements du bon dessin ».

S. T. - The artist's garrett (1930)
Il commence sa carrière d'artiste dans les années 20 et collabore à divers magazines prestigieux comme Life, Collier's, le Saturday Evening Post et Good Housekeeping. Il réalise aussi les illustrations de couverture de nombreux romans populaires. La première des deux qui sont présentées ici, Stage door, était destinée à illustrer une pulp fiction de Channing Pollock, "Star magic".
Saul Tepper était également auteur de chansons, parmi lesquelles certaines furent enregistrées par Nat King Cole et Ella Fitzgerald.
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samedi 2 juin 2012

a/u (n.d)

Une image et des mots. Une curiara, une pirogue, en Amazonie.
Les mots sont du grand argentin Jorge Luis Borges ; ils sont l'incipit et la conclusion de sa nouvelle Les ruines circulaires (in Fictions, 1944).

Nul ne le vit débarquer dans la nuit unanime, nul ne vit le canot de bambou s'enfoncer dans la fange sacrée...
[.....] Dans une aube sans oiseaux le magicien vit fondre sur les murs l'incendie concentrique. Un instant il pensa se réfugier dans les eaux, mais il comprit aussitôt que la mort venait couronner sa vieillesse et l'absoudre de ses travaux. Il marcha sur les lambeaux de feu. Ceux-ci ne mordirent pas sa chair, ils le caressèrent et l'inondèrent sans chaleur et sans combustion. Avec soulagement, avec humiliation, avec terreur, il comprit que lui aussi n'était qu'une apparence, qu'un autre était en train de le rêver.

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LB1 ICI