Une image et des mots. Tout croire et ne rien croire, disait à peu près Poincaré, sont deux attitudes également commodes qui toutes deux dispensent de réfléchir...
Devant cette image si représentative d'une époque gangrénée par les délires complotistes, à l'heure où le documentaire Hold-up se répand sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre (de perlimpimpin?), on peut se rappeler quelques lignes des Principes de politique, de Benjamin Constant (1767-1830).
Aujourd'hui je le sais, on se dispense de réfuter les idées que l'on veut combattre, en professant une égale aversion contre toutes les théories, quelles qu'elles soient. On déclare toute espèce de métaphysique au-dessous de tout examen, mais les déclamations contre la métaphysique et les théories m'ont paru toujours indignes de tous les hommes qui pensent. Ces déclamations ont un double danger ; elles n'ont pas moins de force contre la vérité que contre l'erreur, elles tendent à flétrir la raison, à diriger le ridicule contre nos facultés intellectuelles, à discréditer la plus noble partie de nous-mêmes ; et elles n'ont même pas l'avantage qu'on leur attribue. [....] L'on aura beau faire, la pensée seule peut combattre la pensée. Le raisonnement seul peut rectifier le raisonnement.