In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 22 juin 2025

Dain L. Tasker - Amazon lily
Le vide-grenier du dimanche. Deux radiographies florales du Dr. Dain L. Tasker (1872-1964), qui a magnifié l’alliance de la science et de l’art en dévoilant grâce à la radiographie la beauté intime des fleurs, l'expression - disait-il -, de la vie amoureuse des plantes. Chef radiologue au Wilshire Hospital de Los Angeles à une époque où la radiologie en était à ses balbutiements, il s’est lancé dans les années 1930 dans une exploration artistique unique, inspiré par une radiographie réalisée par un collègue.

Dain L. Tasker
Ses clichés, réalisés à partir de négatifs de rayons X, dévoilent la structure délicate et presque éthérée des pétales et des feuilles. Ces images spectrales, à l'esthétique minimaliste, révèlent toute la beauté fragile et le mystère organique des fleurs.
Encouragé par le photographe Will Connell, Tasker a exposé ses œuvres dans les salons prestigieux des Camera Pictorialists de Los Angeles et à l’Exposition internationale de San Francisco en 1939. Ses photographies, publiées dans des revues influentes comme U.S. Camera et Popular Photography, lui ont valu une reconnaissance tardive mais durable. Aujourd’hui, ses œuvres, parfois vendues à prix d’or, s’imposent comme des chefs-d’œuvre de poésie intemporelle qui célèbrent l’alliance subtile de la science et de l’art.

dimanche 15 juin 2025

Jay Senetchko - Phone (2011)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du canadien Jay Senetchko (b.1973), formé à l’Université de l’Alberta puis installé à Vancouver. Peintre figuratif, il puise dans la culture populaire, la mythologie et l’histoire de l’art pour construire des images d’une grande force narrative, où se croisent la mémoire collective et les mythes personnels.
Senetchko s’intéresse particulièrement à la façon dont les images - celles des médias, du cinéma, de la publicité - façonnent notre perception du monde et du passé. Son travail explore ce lien entre la mémoire et la fiction : il recompose des scènes familières, en apparence réalistes, mais traversées par une tension étrange, qui reste assez indéfinissable, comme une suspension du temps ou une certaine "distance" entre les personnages..
J.S. - The migrants (2013)

Ses compositions, d’une rigueur classique, mêlent des références au réalisme américain et à la peinture de la Renaissance. Mais derrière cette maîtrise technique se cache peut-être un questionnement plus intime : comment les histoires qu’on se raconte – individuellement ou collectivement – influencent-elles ce que l'on voit ? Ce que j’aime dans sa peinture, c’est ça, cette manière de brouiller les frontières ; un art narratif qui invite à interroger ce que l'on croit reconnaître.

dimanche 8 juin 2025

M.T. - Sasha Pivovarova (2006)
Le vide-grenier. Deux clichés de Michael Thompson (b.1966), photographe américain réputé pour son travail dans la mode, la publicité et le portrait. Assistant d'Irving Penn après avoir été formé au Brooke Institute of Photography, en Californie, il fait partie des grands noms de la photographie ayant collaboré aux prestigieux Harper's BazaarVogueVanity Fair...

M.T. - Joss Stone (2006)
Même si la photo de mode n’est pas vraiment mon genre de prédilection, voici deux portraits qui me plaisent beaucoup ; ils dépassent la "simple" justesse technique pour inviter à quelque chose de plus personnel, une tension discrète entre ce qui est mis en beauté et ce qui, derrière la pose, reste humain et intime.

samedi 7 juin 2025

F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952)

Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté en décembre 2012, et les mots quelques vers d'un poème extrait de Tristia, d'Ossip Mandelstam.

L'air grisâtre est bruissant et moite ;
on se sent bien et à l'abri dans la forêt.
Docile je vais porter une fois encore
la croix légère des promenades solitaires.

Et de nouveau, vers l'indifférente patrie,
le reproche, comme l'oiseau, monte en spirale.
Je participe à la vie ténébreuse, je suis innocent de ma solitude.

dimanche 1 juin 2025

Sebastião Salgado - Amazonas

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Sebastião Salgado (1944–2025), qui vient de nous quitter.
Trois publications lui avaient déjà été consacrées sur ce blog (en juin 2009, août 2013 et juillet 2016), mais je ne pouvais pas ne pas lui en consacrer une nouvelle ; d’autant que les deux premières étaient des IM, et que la dernière ne le présentait pas vraiment.

S.S. - Amazonas, palo de agua




Salgado, qui aimait à dire que « chaque image est le fruit d’une rencontre, d’un respect », est un photographe important pour moi. Pour la beauté de ses images, bien sûr. Pour ses qualités humaines, aussi. Mais surtout parce qu’il a consacré une part essentielle de son travail à une région qui m’est chère : celle que je montre ici.
D’abord formé à l’économie, à l’université de São Paulo puis à la Sorbonne, il se tourne vers la photographie au début des années 1970. Il commence comme photojournaliste chez Sygma, Gamma, puis Magnum, avant de développer de grands projets documentaires qui imposent une écriture immédiatement identifiable : noir et blanc profond, composition rigoureuse, lumière sculpturale ; au point que certains ont pu lui reprocher une esthétique trop « belle » pour les réalités qu’elle montre. Lui revendiquait une photographie engagée, tournée vers la dignité. Workers (1993), Exodes (2000), puis Genesis (2013) sont devenus des repères majeurs du documentaire contemporain. C’est par ce dernier que je me suis, tardivement, vraiment intéressé à son travail, à travers le magnifique ouvrage qui m’a été offert lors de sa publication.

dimanche 25 mai 2025

Kiyoshi Saitō - Party (1963)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres, des estampes, de Kiyoshi Saitō (1907–1997), figure majeure du mouvement sōsaku hanga, un courant japonais du XXe siècle qui prônait une approche intégrale où l'artiste conçoit, grave et imprime lui-même ses œuvres. Autodidacte, Saitō développe un style sobre, épuré. Ses premières gravures semblent presque sculptées dans le bois : un réalisme en relief, discret, où l’on sent encore le froid des ruelles d’Aizu, sa région natale. C’est avec la série Hiver à Aizu, commencée en 1938, qu’il connaît ses premiers succès : maisons enneigées, silhouettes emmitouflées, lumière mate, sans effets ni fioritures.  

K.S. - Sato Horyu-Ji Nara (1962)

Puis, son style s’épure encore, se géométrise, et entre peu à peu dans une fusion très personnelle entre tradition japonaise et modernité occidentale.
Il disait que ses maîtres s’appelaient Gauguin, Matisse, Picasso, et ça se voit : les formes se simplifient, les volumes se perdent dans l’aplat, et les architectures comme les feuillages deviennent des motifs plus que des objets. Saitō intègre aussi les veinures du bois comme partie prenante de la composition : on appelle mokume-zuri ces impressions où la matière même du support entre dans l’image. « Je travaille à créer une peinture sans pinceau, en utilisant uniquement la surface plane de la plaque », disait-il.

Phil Greenwood - Leaf fall (1979) Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du graveur et aquafortiste gallois Philip Greenwood (b.1943). I...