In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

dimanche 13 mars 2022

E. Boubat - Montmartre, Paris (1948)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe Édouard Boubat (1923-1999), un des grands maîtres de la photographie humaniste déjà présenté ici en avril 2021.
Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout contre les portes de la nuit, écrivait Jacques Prévert, pour qui Boubat était un "correspondant de paix".

E. Boubat - Paris (1968)

Édouard Boubat s’intéresse aux gens, à leur vie, à leurs gestes ; il capture avec délicatesse l'intimité et la poésie des instants fugaces.
Remarquable pour sa capacité à révéler la beauté et la lumière dans les choses simples, son œuvre continue d’inspirer par son universalité et son regard bienveillant sur le monde.
Faire de jolies photos n'est pas mon problème, même si j'aime parfois montrer des bouquets de fleurs. Mais qu'est-ce que ça veut dire, montrer un bouquet de fleurs ? Ça veut dire que le photographe sait que, derrière, il a toute la misère du monde. À travers ce bouquet de fleurs, il va peut-être toucher quelque chose.

ST1
ICI

dimanche 6 mars 2022

Ivan Marchuk - Tendresse (1984)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre ukrainien Ivan Marchuk (b.1936), figure majeure de l'avant-garde ukrainienne. De 1951 à 1956 il étudie à l’École d’Arts Appliqués de Lviv, où des enseignants progressistes l'encouragent à dépasser les limites imposées par le réalisme socialiste. En 1959, il rejoint un groupe clandestin dirigé par un de ses professeurs, Karl Zvirynskyi, qui l'initie à l’art non-autorisé, à l’histoire, la musique, la littérature et la religion. Après son service dans l’armée soviétique, et pour subvenir à ses besoins, Marchuk réalise des affiches pour des usines, des clubs et des théâtres. Il travaille ensuite à l’Académie des Sciences d’Ukraine et crée des illustrations pour diverses publications soviétiques.

I.M. - Nuit dans la steppe (1984)

Mais le KGB commence à le surveiller pour ses penchants non-conformistes, et le harcèlement atteint un pic dans les années 1970. Les autorités soviétiques critiquaient notamment ses couleurs sombres, jugées contraires aux représentations habituellement lumineuses du réalisme socialiste. Elles suspectaient également Marchuk de sympathies nationalistes ukrainiennes du fait de son origine et de sa langue. En raison de son exclusion de l’Union des Artistes de l’URSS, il ne pouvait pas exposer ni vendre ses œuvres, et ce n’est qu’en 1980, avec le soutien des écrivains Pavlo Zahrebelnyi et Dmytro Pavlychko, qu’il a pu tenir une première exposition à Kyiv.
Après l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir en 1985, le KGB a cessé de le persécuter et Marchuk a pu envisager d’émigrer. En 1989, il obtient un visa pour l’Australie, où ses œuvres sont bien accueillies, puis il séjourne à Toronto, et enfin à New York avant de revenir s'installer à Kiev.
Malgré ses voyages, qui l'auront tenu éloigné de l'Ukraine pendant 12 ans, Marchuk n’a jamais perdu son attachement à sa terre natale, représentant fréquemment des paysages ukrainiens dans ses dessins méticuleux : né dans une famille de tisserands, il a développé une technique de peinture originale et très personnelle que la critique a désigné sous le nom de pliontanisme (pleuntanizm), du dialectisme ukrainien occidental пльонтати — tisser, entrelacer, et dont le tableau ci-dessus est une illustration. En 2001, il a donc décidé de revenir en Ukraine, où il est aujourd’hui reconnu comme un artiste majeur.
Donnez-moi mille ans, dit-il un jour, et je peindrai le ciel.

DG7
ICI 

samedi 5 mars 2022

Anonyme - Inna Shevshenko, Paris
Une image et des mots. La femme est un démon pour les religieux.
J'ai choisi, à quelques jours de la Journée internationale de la femme - et deux semaines après le début de l'agression de l'Ukraine par la Russie -, de rappeler ces mots de l'activiste et militante ukrainienne Inna Shevshenko.
La voici en 2013 dans un quartier de Paris, au moment où elle se vit accusée d'islamophophie pour un tweet où elle interrogeait :
Qu'est-ce qui peut être plus stupide que le Ramadan ? 
Qu'est-ce qui peut être plus laid que cette religion ?
Que l'on adhère ou pas à ses positions et à ses méthodes, il faut saluer le courage de cette femme qui face à Loukachenko (qui l'a faite enlever et torturer), et face à Poutine encore, incarne aussi aujourd'hui toute la bravoure des femmes ukrainiennes.
On ne sait rien de l'admirable activité des femmes, et même les féministes ignorent les trois-quarts de ce qu'ont fait, dans tous les ordres de préoccupations humaines, leurs aïeules, leurs mères, ... ou leurs contemporaines. Marguerite Durand (1932), fondatrice en 1897 du journal La Fronde.
MO2

ICI

dimanche 27 février 2022

M. Dondyuk - Culture de la confrontation (2014)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste ukrainien Maxim Dondyuk (b.1983). 
Né en 1983, Dondyuk a acquis une renommée internationale en documentant des événements et des situations critiques, comme la révolution de Maïdan en 2013-2014 à Kiev, la guerre en Ukraine, ou des crises de santé publique telles que la tuberculose en Ukraine.

M. Dondyuk - Sans titre


Comme le montre la photo ci-dessus, son style visuel se caractérise par une esthétique saisissante et souvent poétique, malgré des thèmes sombres et intenses. 
Dondyuk travaille principalement en photographie documentaire et utilise ses images pour révéler avec une approche puissante et immersive l'impact des conflits sociaux et politiques sur les individus et les communautés.
Son projet "Culture of the Confrontation," qui capture les affrontements de Maïdan, a été largement salué et exposé dans des institutions de renommée mondiale.
Ses photographies ont été publiées dans des médias internationaux tels que TIME, Der Spiegel, et Le Monde, et il a reçu de nombreuses récompenses, dont le Prix Pictet, pour sa capacité à sensibiliser à travers des œuvres visuelles puissantes. Aujourd'hui, Maxim Dondyuk continue de documenter la guerre en Ukraine et les traces laissées sur son pays par l'histoire contemporaine.

Gilbert Garcin - Le moulin de l'oubli (1999) Une image et des mots. Où Beckett dialogue avec Tati... Une "photosophie" du p...