In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 4 janvier 2020

Une image et des mots. "Mignonne allons voir si la rose...". J'ignore de qui est ce portrait sans titre d'un couple amoureux que l'on imagine survivants dans un monde post-apocalyptique. Veut-il nous dire que le plus beau des sentiments prévaudra toujours et que, quel que soit le monde où nous vivrons, c'est l'amour toujours qui le rendra respirable?
Pour les accompagner j'ai choisi un des plus beaux poèmes d'amour en langue anglaise de l'ère victorienne, le sonnet 43 des Sonnets portugais d'Elizabeth Barrett Browning (1806-1861).

How do I love thee? Let me count the ways.
I love you to the depth and breadth and height
My soul can reach, when feeling out of sight
For the ends of being and ideal grace.
I love thee to the level of everyday's
Most quiet need, by sun and candle-light.
I love thee freely, as men strive for right.
I love thee purely, as they turn from praise.
I love thee with the passion put to use
In my old griefs, and with my childhood's faith.
I love thee with a love I seemed to lose
With my lost saints. I love thee with the breath,
Smiles, tears, of all my life; and, if God choose,
I shall but love thee better after death
.

***

(traduction de Claire Malroux)

Comment je t'aime? Que j'en compte les façons.
Je t'aime aussi profond, aussi haut et large
que mon âme peut aller, cherchant à tâtons
les fins de l'être et de la grâce idéale.
Je t'aime à la mesure du besoin quotidien
le plus paisible, au soleil et à la bougie.
Je t'aime librement, comme on se bat pour la justice.
Je t'aime purement, comme on dédaigne l'éloge.
Je t'aime avec la passion que je mettais jadis
dans mes chagrins, avec la foi de mon enfance.
Je t'aime avec l'amour que j'avais cru perdre
en perdant mes morts sacrés. Je t'aime avec le souffle,
les rires, les pleurs de toute ma vie, et si Dieu veut,
je ne t'en aimerai que plus après ma mort.
CP2

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dimanche 29 décembre 2019

Ragnar Axelsson - Faces of the North

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste islandais Ragnar 'Rax' Axelsson (b.1958), issus de sa série Faces of the North, qui s'est étendue sur près de vingt ans et a fait en 2004 l'objet d'une belle publication. Depuis presque quarante ans il photographie le Grand Nord, où il s’est fait le témoin attentif  de ceux qui vivent au bord du monde : chasseurs inuits au Groenland, fermiers perdus dans les campagnes islandaises, éleveurs de rennes en Sibérie.

Ragnar Axelsson - Faces of the North


Il vit avec ceux qu’il photographie, il est le témoin de leurs gestes simples, partage leurs silences, leurs trajets, leurs habitudes. Ses images, toujours en noir et blanc, ont quelque chose de brut, de silencieux et de suspendu ; elles tiennent autant du documentaire que de la poésie.
Ce que Rax construit, ses portraits habités, ses images du froid, de la solitude, mais aussi de la fierté tranquille de ces vies liées à la terre, à la glace, et aux bêtes, c’est une mémoire du monde arctique, au moment précis où celui-ci, lentement, bascule.
After accompanying Artic hunters for almost 40 years, witnessing the changes in Greenland's sea ice, and sensing friends' and hunters' worries about their future, one cannot look away.
There is no doubt in their minds that something is happening. When passing a house in Thule some thirty years ago, an old hunter said , "There is something wrong. It should not be like this. The big ice is sick."

DD1
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dimanche 22 décembre 2019

Q.v.B. - L'atelier du tailleur (1661)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre du siècle d'or néerlandais Quirijn van Brekelenkam (1622-1668). Influencé par Gerrit Dou (voir VG du 10 novembre), son aîné et maître présumé, il se spécialise dans la scène de genre intimiste : petits intérieurs bourgeois, ateliers d’artisans, échoppes et scènes domestiques où tout semble baigner dans une lumière douce et feutrée. Sa peinture met souvent en scène des tailleurs, des médecins, des coiffeurs ou des marchands, qu’il traite avec une précision presque chirurgicale et une attention marquée pour les textures - étoffes, verreries, papiers, outils. 
Q.v.B. - Une famille au foyer (1665)






Membre de la guilde de Saint-Luc de Leyde, il sera l'un des représentants du courant des fijnschilders.
Mais il n'y a rien de spectaculaire dans son réalisme soigneusement composé, aucune allégorie grandiloquente, juste la beauté simple des gestes ordinaires et la dignité du quotidien.
Après s'être d'abord consacré à ses représentations de modestes artisans au travail - il proposera ainsi treize versions d'un tailleur dans son atelier -, Quirijn van Brekelenkam va aussi s'intéresser à d'autres sujets plus à la mode inspirés par le travail de Gabriel Metsu (sa Conversation sentimentale par exemple, qui rappelle La femme assise en compagnie d'un joueur de violon) et celui de Pieter de Hooch. Moins célèbre que certains de ses contemporains, il fait partie de ces peintres qui ont su, à travers de petits formats et des sujets simples, saisir toute l’âme d’une époque.

HP4
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C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932) Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets, voici q...