In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 3 mars 2018

Tish Murtha - Elswick kids (1978)
Une image et des mots. La photo est de la photographe anglaise Tish Murtha (1956-2013). Les mots sont de Patti Smith, extraits de "The long road" qui figure dans le recueil Présages d'innocence, publié en édition bilingue chez Christian Bourgois (mais je me suis autorisé à retoucher un peu la traduction).

We tramped in our black coats,
sweeping time, sweeping time,
sleeping in abandoned chimneys,
emerging to face the rain.
[.....]
We broke our mother's heart and became ourselves.
We proceeded to breathe and therefore to leave,
drunken, astonished, each of us a god.
[.....]
We saw the eyes of Ravel, ringed in blue, and blinking twice.
We sang arias of our own, bummers chanting dead blues
of hallowed ground and mortal shoes,
of forgotten infantries and distances never dreamed,
yet only as far as a human hill, turned for wooden soldiers
stationed in the folds of blankets, only as far as a sibling's hand,
as far as sleep, a father's command.

***

Nous traînions dans nos manteaux noirs,
balayant le temps, balayant le temps,
dormant dans des âtres abandonnés,
les quittant pour affronter la pluie.
[.....]
Nous brisâmes le coeur de nos mères et devînmes nous-mêmes.
Nous nous mîmes à respirer et prîmes le départ,
ivres, étonnés, chacun de nous un dieu.
[.....]
Nous vîmes les yeux de Ravel, cernés de bleu, clignant deux fois.
Entonnâmes des airs de notre cru, paumés psalmodiant de vieux blues
parlant de terre sacrée et de chaussures mortelles,
d'infanteries oubliées et de distances jamais rêvées,
pas plus loin pourtant qu'une colline humaine, retournâmes pour des soldats de bois
stationnés dans les plis de couvertures, pas plus loin qu'une main fraternelle,
pas plus loin que le sommeil, l'ordre d'un père.

DB1
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dimanche 25 février 2018

Goya
Capricho 7, Asi no la distingue
(1799)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et graveur espagnol  Francisco Goya (1746-1828), deux gravures de sa série des Caprichos, satire de la société espagnole de son temps, cupide, violente et corrompue. La plus connue de ces 80 "fantaisies" est peut-être la n°43, qui nous avertit que le sommeil de la raison produit des monstres, mais j'ai choisi aujourd'hui la n°7 et la n°14.

Goya
Capricho 14, Qué sacrificio
(1799)
"Même ainsi il ne la voit pas", dit la 1ère, où un homme lorgne avec son monocle dans le décolleté d'une jeune femme qui minaude... C'est une prostituée, il est vêtu "à la française"; entre eux l'on peut voir un visage.
Le Caprice n°14 nous donne à voir un couple de bourgeois qui offre sa fille à un homme bien plus âgé qu'elle, difforme et disgracieux, mais il est riche....; les parents sont heureux, la jeune fille est malheureuse, la duègne sanglote.

samedi 24 février 2018

Yann Slama - Abandon (2015)
Une image et des mots. L'image, c'est un cliché de Yann Slama, de sa série "Abandon".
Les mots sont extraits de l'essai de Michel Béaud Le basculement du monde, paru aux Éditions La Découverte (1999).

« Riches ou aspirant à l’être, les sociétés sont comme prises dans les rouages et les spirales sans fin d’une machinerie économique à produire, distribuer et détruire des richesses.
Une machinerie planétaire, c’est-à-dire à la fois locale, nationale, multinationale et mondiale.
Une machinerie qui concerne presque la totalité de l’Humanité, et dans laquelle chacun ou presque est rouage : agent, bénéficiaire et/ou victime. Multitude de victimes ; petit nombre de très grands bénéficiaires ; mais des classes et des couches de plus en plus nombreuses, à la fois victimes et bénéficiaires, qui n’ont d’autre choix pour subsister que de participer au fonctionnement de l’ensemble. Titanesque machinerie, dont les laudateurs ne voient que les emplois et les richesses qu’elle crée, tandis que ses contempteurs ne voient que les chômages et les détresses qu’elle suscite. […..]
Dès lors que l’économie domine les sociétés, les inégalités de notre monde et les dynamiques de l’inégalité rendent inexorable l’engrenage sans fin des croissances.
Et dans un monde et des sociétés très inégalitaires, les dynamiques de l’économie reproduisent, souvent aggravent, pauvreté, chômage et exclusions. »
KD1
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dimanche 18 février 2018

Gil Elvgren
Le vide-grenier du dimanche. Deux illustrations de l'américain Gil Elvgren (1914-1980), formé au Minnesota  Art Institute de St. Paul, sa ville natale,  puis à l'American Academy of Art de Chicago. 

Gil Elvgren
Disciple du formidable Haddon Sundblom (créateur définitif du Père Noël), et héritier de Charles Gibson (inventeur définitif de la beauté américaine), ses pin-ups - nouvelle image de la femme moderne, d'abord féminisée puis carrément érotisée - vont envahir les calendriers et les affiches publicitaires.
La pin-up illustrée, dont Gil Elvgren est un des grands maîtres, connaît son âge d'or dans les années 1950 ; mais l'apparition dans les années 70 de magazines comme Playboy ou Penthouse - qui vont la remplacer par des photographies de femmes (de plus en plus) dénudées -, va entraîner son rapide déclin.

JP4 ICI