In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 4 avril 2015

Philippe Cognée - Foule au crépuscule (2014)
Une image et des mots. Un tableau de Philippe Cognée, "Foule au crépuscule" (2014). Et pour aller avec, un extrait d'un récent ouvrage d'André Comte-Sponville, L'inconsolable et autres impromptus (2018).

Du beau mot de "solitude", j'ai toujours fait un usage plutôt positif. C'est que j'y vois une dimension - constitutive, nécessaire, inévitable - de la condition humaine, qu'on ne saurait dénier sans mentir. Lucidité du Bouddha :
"L'homme naît seul, vit seul, meurt seul."
C'est pourquoi on aime seul, même lorsqu'on est aimé en retour. Belle formule de Rilke, dans ses Lettres à un jeune poète :
"Dans la mesure où nous sommes seuls, l'amour et la mort se rapprochent" - parce que nous ne saurions les déléguer à quelque remplaçant que ce soit.
La solitude, prise en ce sens, n'est pas l'exception mais la règle: c'est le prix à payer d'être soi.
Revenons pour finir à Rilke, toujours dans ses Lettres à un jeune poète:
"Nous devons nous tenir au difficile. Tout ce qui vit s'y tient. [.....] Nous savons peu de choses, mais qu'il faille nous tenir au difficile, c'est là une certitude qui ne doit pas nous quitter.  Il est bon d'être seul parce que la solitude est difficile. [.....] Il est bon aussi d'aimer; car l'amour est difficile."
EC1

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dimanche 29 mars 2015

Jeremy Mann - Una bella adagio (2012)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Jeremy Mann, né en 1979 à Cleveland, Ohio, et qui illustrent ses deux thèmes de prédilection : la figure féminine - à laquelle il parvient toujours à conférer grâce et sensualité, avec des références aux maîtres anciens - et les paysages urbains saturés de néons et de pluie. Formé à l’Université de l’Ohio puis à l’Academy of Art de San Francisco, il partage aujourd’hui sa vie entre San Francisco et l’Espagne.
J.M. - Composition 147 (2014)

Les scènes urbaines de Mann - souvent San Francisco ou New York sous la pluie - ont un style immédiatement reconnaissable : coups de pinceau dynamiques, textures épaisses et palette saturée où dominent rouges profonds, bleus sombres et reflets dorés.
Ses images les plus fortes montrent des villes détachées de leur référence réelle, recomposées dans un mélange de mémoire et d’improvisation. Il raconte comment, en cours de travail, il cesse de se référer à la ville d’origine - il mélange les rues, découpe les voitures, tout devient flou dans l’équation visuelle jusqu’à ce que l’émotion persiste dans une image finale néo-impressionniste. Pour en découvrir davantage sur son travail, c'est ICI.

TT2
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samedi 28 mars 2015

Untitled
Une image et des mots. J'ignore de qui est cette photo, sa date et son contexte.
Les mots sont un passage du roman de Carson McCullers, La ballade du café triste.

Toute la journée, c'est le bruit des pioches dans la terre glaise, le soleil implacable, l'odeur de transpiration. Et chaque jour, c'est la musique. Une voix sombre amorce une phrase, à peine modulée, comme une question qu'elle pose. Bientôt, une seconde voix la rejoint, et peu à peu le groupe entier se met à chanter. Voix sombres dans l'incendie doré du soleil, inextricablement fondues, musique déchirante et joyeuse à la fois. Et voici qu'elle prend de l'ampleur. Une ampleur si vaste qu'elle semble ne plus venir des douze hommes, mais de la terre elle-même ou de l'immensité du ciel. Musique qui force le coeur à s'ouvrir. Celui qui l'entend demeure figé de stupeur et d'émerveillement. Peu à peu, elle va s'éteindre. Il n'y aura plus qu'une voix solitaire, comme un long soupir enroué, et le soleil, et le bruit des pioches dans le silence.
Quelle sorte de groupe peut ainsi donner souffle à une si belle musique ? Simplement douze mortels, sept Noirs et cinq Blancs du comté. Simplement douze condamnés à mort enchaînés l'un à l'autre.
GB1

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dimanche 22 mars 2015

Arthur Leipzig - Rain (1945)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe documentaire américain Arthur Leipzig (1918-2014), profondément attaché à la vie urbaine de New York dans la première moitié du XXe siècle. Originaire de Brooklyn, il commence la photographie en 1941 en rejoignant la Photo Leagueun collectif engagé dans la documentation sociale et urbaine. Sous la direction de Sid Grossman, il développe une approche humaniste, influencée par les maîtres comme Paul Strand et W. Eugene Smith.

A.L. - Chalk games (1950)
Leipzig a capté la ville dans toute sa vitalité quotidienne : les enfants qui jouent dans les rues, les promeneurs à Coney Island, les travailleurs sur le pont de Brooklyn... Ses photographies se caractérisent par un mélange de sensibilité documentaire et de poésie discrète ; elles montrent l’ordinaire, avec une intensité qui témoigne du caractère universel et intemporel des scènes de la vie urbaine. Dans l'introduction de son ouvrage Growing up in New York (1995), il confie :
The city was my home. As I look back at the work I did during that period I realize that I was witness to a time that no longer exists, a more innocent time. [.....] Of course the "good old days" were not all sweetness and light. There was poverty, racism, corruption, and violence in those days, too, but somehow we believed in the possible. We believed in hope.
En 1955 Arthur Leipzig est invité à participer à la monumentale exposition d'Edward Steichen au MoMA - ensuite itinérante - The Family of Man, ce qui constitue une reconnaissance majeure de son travail.

Ganjifa moghol Le vide-grenier du dimanche. Deux Ganjifas , ces cartes d’un jeu ancien, originaire de Perse, qui a pris toute sa richesse en...