In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 4 décembre 2010

Zhang da Zhong (1990s)
Une image et des mots. J'aime bien les jolies Gardes Rouges de Zhang da Zhong (pour en savoir plus sur cet artiste autodidacte, c'est ici). Elles n'ont pas la froideur martiale et vertueuse des héroïnes de la révolution portraiturées par le réalisme socialiste soviétique. Et lorsque comme ici elles viennent aider aux champs, elles n'ont rien des gaillardes "rabotnitsa" bolchéviques, travailleuses vaillantes dans des campagnes heureuses. Ce sont des guerrières à l'air fragile, parfois même un peu espiègle, surprises souvent en train de rêvasser ou, coquettes, d'arranger leur mise.

Les mots sont de Michel Griffon, extraits de La fracture agricole et alimentaire mondiale (chez Universalis).

"Quel est l'avenir des agricultures et des alimentations dans le monde? Cette question s'est imposée avec force après la Deuxième Guerre mondiale, alors que l'Inde et la Chine subissaient des disettes et des famines. Avec la prise du pouvoir en Chine par Mao Zedong en 1949, la faim fut clairement désignée par l'Occident comme une source de révolte pouvant mener à la révolution communiste. Parallèlement, la pauvreté des paysanneries et la proportion importante parmi elles de paysans sans terre ont mis en évidence la nécessité impérieuse de développer l'accès à la terre pour accroître la production et en finir avec les famines. [.....] Mais on décompte encore aujourd'hui dans le monde autour de 850 millions de personnes sous-alimentées, soit près d'un habitant sur sept, et un habitant sur cinq vit avec moins d'un euro par jour."
BS2

ICI

dimanche 28 novembre 2010

André Kertész - Peggy Guggenheim (1945)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe hongrois, naturalisé américain, André Kertész (1894-1985), sur l'intime plaisir de lire, ce souverain remède contre les dégoûts de la vie, disait Montesquieu.

André Kertész - New York (1965)

Composition, souci du trait, ..... si la photographie de Kertész ne s'inscrit pas dans une démarche documentaire au même titre par exemple que la photographie sociale de Willy Ronis en Europe ou de Paul Strand aux États-Unis, mais dans une recherche plastique, résolument artistique, de ses possibilités - I do not document anything, I give an interpretation -, elle n'en reste pas moins dictée par l'instant et ce qui s'y passe, autant que par l'atmosphère qui s'en dégage et ce que ressent le photographe.
"Technique isn't important. Technique is in the blood. Events and mood are more important than good light and the happening is what is important."

JV1
ICI

dimanche 21 novembre 2010

Robert Henri - Snow in New York (1902)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Robert Henri (1865-1929), dans un style très impressionniste. Considéré comme une figure majeure du réalisme américain, membre de la Ash Can School, Robert Henri a séjourné à Paris, en 1888, où il fréquenta l'Académie Julian et fut admis à l'École des Beaux-Arts; il y fut aussi élève de William Bouguereau. 
R. Henri - Cumulus clouds, East River
(1901)











À New York il fut très proche de l'anarchiste Emma Goldman et en vint à enseigner, comme George Bellows, à la Modern School (lire ICI et ici) où il eut notamment comme élèves Man Ray et Léon Trotsky.

samedi 20 novembre 2010

Charlotte Perriand (1937)
Une image et des mots. 
Un photomontage de l'architecte, designer et photographe française Charlotte Perriand (1903-1999), collaboratrice de Le Corbusier. Il fut réalisé pour l'Exposition internationale des arts et techniques de la vie moderne, qui s'est tenue à Paris en 1937. 
Les mots pour l'accompagner sont de l'historien Gérard Noiriel, extraits de son ouvrage Les ouvriers dans la société française, XIXe - XXe siècle (1986).

Ce sont les historiens marxistes qui ont le plus insisté sur la place tenue par le prolétariat au sein de la classe ouvrière du XIXe siècle. Pour Jürgen Kuczynski, c'est la machine qui définit le prolétariat. Étant donné la faiblesse de son salaire, le travailleur est dans l'incapacité d'acquérir des moyens de production que le développement des sciences et des techniques rend toujours plus onéreux, nécessitant la concentration de capitaux énormes. D'où une rupture essentielle avec l'Ancien Régime où l'ouvrier était en général propriétaire de ses outils.
"Sans disposer de rien d'autre que de sa capacité de travail, pour une production où sa propriété personnelle ne joue aucun rôle, l'ouvrier vit dans la dépendance du fonctionnement de la machine, laquelle est détenue non par lui, mais par le propriétaire de celle-ci."
[.....]
Nul mieux que Michelet n'a décrit l'enchainement au travail que doivent subir les ouvriers affectés aux métiers mécaniques. [.....] 
(À propos du travail dans les grandes filatures mécanisées du Nord). "Le travail solitaire du tisserand était bien moins pénible. Pourquoi ? c'est qu'il pouvait rêver. La machine ne comporte aucune rêverie, nulle distraction. Vous voudriez un moment ralentir le mouvement, sauf à le presser plus tard, vous ne le pourriez pas. L'infatigable chariot aux cent broches est à peine repoussé, qu'il revient à vous. Le tisserand à la main tisse vite ou lentement selon qu'il respire lentement ou vite ; il agit comme il vit ; le métier se conforme à l'homme. Là, au contraire, il faut bien que l'homme se conforme au métier, que l'être de sang et de chair, où la vie varie selon les heures, subisse l'invariabilité de cet être d'acier."

JM1 ICI