In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 3 juillet 2010

Piero della Francesca - L'Annonciation (c.1471)
Une image et des mots. Voici deux documents qui nous invitent à penser le problème de l’ordre et de l’harmonie, la mise en conformité du monde ou de sa représentation avec la vision que l’on en a.
… Le premier, l'image, est une leçon de perspective : l' Annonciation de Piero della Francesca (c. 1412-1492), conservée à la Galerie Nationale de Pérouse.

Comme le rappelle Gérard-Julien Salvy (Cent énigmes de la peinture, ed. Hazan), La question de la perspective – l’élaboration de ses règles et leur application – fut au centre des préoccupations des artistes italiens dès l’aube de la Renaissance.
Pourquoi les peintres de cette époque ont-ils vu dans une affaire de géométrie de l’espace, voire de mathématique, la possibilité d’une réponse à une question d’ordre spirituel et théologique ? »

Le second document, un extrait de La trahison des clercs (Julien Benda, 1927), est une réflexion sur cette conception erronée de l’ordre que peuvent invoquer les adversaires de la démocratie.

"L’idée d’ordre est couramment l’objet d’une équivoque dont usent, non pas seulement ceux qui l’exploitent, mais que paraissent admettre d’honnêtes esprits en toute bonne foi.
L’un de ceux-ci (André Siegfried dans la Revue des Deux Mondes de 1941) nous parle de l’ordre,
idée à nous léguée, dit-il, par les Grecs, et ajoute, non sans quelque justesse, que l’ordre est une règle alors que la justice est une passion.
Rappelons que l’idée d’ordre telle que l’ont conçue les fils d’Homère, est l’idée de l’harmonie de l’univers, surtout de l’univers inanimé, l’idée de cosmos, de monde, ce mot signifiant l’ordonné par rapport à l’immonde.
Le rôle suprême de la divinité et son honneur, chez les philosophes helléniques, était, non pas d’avoir créé l’univers, mais d’y avoir introduit de l’ordre, c’est-à-dire de l’intelligibilité.
Or il n’y a aucun rapport entre cette contemplation sereine et toute intellectuelle, qui, en effet,
s’oppose à la passion, et l’état tout de passion par lequel certaines classes supérieures entendent maintenir, fût-ce par les moyens les moins harmonieux, leur mainmise sur les inférieures : passion qu’elles nomment le sens de l’ordre.
Je crois que l’historien pensera comme nous que l’auteur du Timée eût peu reconnu son idée de l’ordre dans les actes par lesquels certaines castes, au lendemain de revendications populaires qui les ont fait trembler, « rétablissent l’ordre »."

dimanche 27 juin 2010

R. Varo - Exploration des sources de l'Orénoque
(1959)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste surréaliste espagnole, d'origine catalane, Remedios Varo (1908-1963).  Mariée en 1930 au peintre anarchiste Eduardo Lizarraga, elle rencontre en 1936 Benjamin Péret venu combattre sur le front de Teruel avec les anarchistes de la colonne Durutti. 

R.Varo - Tailleur pour dames (1957)

Ils vont entretenir une liaison d'une dizaine d'années. Avec lui elle rencontre Breton, Max Ernst, Miró, Leonora Carrington dont elle partage le grand intérêt pour l'occultisme et avec qui elle nouera au Mexique une amitié définitive. C'est là, où en 1941 elle a fui avec Benjamin Peret la France occupée, qu'elle va s'intéresser à la doctrine ésotérique de Gurdjieff - et en particulier à sa théorie de la "quête transformante". C'est là aussi qu'elle va réaliser la plus grande partie d'une oeuvre que son pays d'adoption, pour le centenaire de sa naissance, classera trésor national.

samedi 26 juin 2010

Jeune mère Yanomami
Une image et des mots. L'auteur de ce cliché m'est inconnu, les mots sont du psychiatre et psychologue des profondeurs suisse Carl Gustav Jung (1875-1961), pour qui tous les organismes partagent un même "substrat universel" d'où naissent toutes les pensées et toutes les émotions.

À mesure que la connaissance scientifique progressait, le monde s'est déshumanisé. L'homme se sent isolé dans le cosmos, car il n'est plus engagé dans la nature et a perçu sa participation affective inconsciente, avec ses phénomènes. Et les phénomènes naturels ont lentement perdu leurs implications symboliques. Le tonnerre n'est plus la voix irritée d'un dieu, ni l'éclair son projectile vengeur. La rivière n'abrite plus d'esprits, l'arbre n'est plus le principe de vie d'un homme et les cavernes ne sont plus habitées par des démons. Les pierres, les plantes, les animaux ne parlent plus à l'homme et l'homme ne s'adresse plus à eux en croyant qu'ils peuvent l'entendre. Son contact avec la nature a été rompu, et avec lui a disparu l'énergie affective profonde qu'engendraient ses relations symboliques.
C.G. Jung, L'Homme et ses symboles (1961).

dimanche 20 juin 2010

A.K. - Mer avec un voilier (1890)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du russe Arkhip Kuindzhi (1842-1910), considéré comme un des plus grands peintres paysagistes russes de la seconde moitié du 19ème siècle.

A. Kuindzhi. - Mer (1887)

Issu d'une famille très pauvre de grecs de Crimée, il rejoint après quelques années d'apprentissage le groupe des Itinérants (ou Ambulants), dont je reparlerai probablement dans une future publication consacrée à son contemporain Vassili Polenov. Il fait alors la connaissance d'Ivan Kramskoï et de Ilya Répine, deux rencontres importantes qui vont déterminer l'orientation réaliste de son travail, avec l'expression de préoccupations sociales et politiques.
AP1

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dimanche 13 juin 2010

C. de Keyzer - Infrared (c.1980)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe belge Carl de Keyzer (b.1958). Dès sa première publication, celle de son projet India en 1987, il acquiert une renommée internationale.

C. de Keyzer - India, Bombay (1985)

Son deuxième livre, Homo Sovieticus, paru en 1989 et qui documente la désagrégation de l'Union Soviétique, lui ouvre en 1990 les portes de l'Agence Magnum dont il deviendra membre à part entière en 1994.
"Je veux questionner les images qui sont dans notre mémoire. Il y a toujours deux niveaux dans mon travail; ce que vous voyez est vrai, et en même temps ne l'est pas."
En somme, comme disait Pirandello : À chacun sa vérité ...

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