In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 7 février 2010

J.G. Meyer - Listening at the door (1866)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre allemand Johann Georg Meyer von Bremen (1813-1886), un représentant de l' École de Düsseldorf.
Ce courant, émanation du romantisme allemand, aura une influence significative sur l'école paysagiste américaine de la Hudson River.

J.G. Meyer - Sleeping beauty
(1867)

À partir de 1833 il étudie à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf où il suivra l'enseignement de Wilhem von Schadow et de Karl Sohn.
Après avoir d'abord pris ses sujets dans les scènes et personnages bibliques, Meyer von Bremen s'est ensuite attaché à représenter avec beaucoup d'empathie des moments de la vie domestique paysanne.
C'est cet aspect de son oeuvre que j'ai choisi de présenter aujourd'hui.

samedi 6 février 2010

Une image et des mots. J'ai découvert par hasard ce petit film d'animation, ici, qui bien sûr, et malgré une tonalité sans doute plus proche de Kafka que de Borges, évoque immédiatement les aberrations spatiales d'Escher.
À quelle connaissance de l'espace et de l'objet notre perception nous permet-elle d'accéder ? Nous savons que ces moines ne gravissent ni ne descendent cet escalier impossible, inspiré du triangle paradoxal de Penrose, ici, mais peut-on le "voir" ?

Escher - Ascending and descending
(lithographie 1960)
Peu importe; c'est à l'infini, et à l'idée de l'éternel retour, qu'Escher nous confronte.

« Le temps peut-il être enclos dans le mouvement nécessaire d’une liaison logique? » s’interrogeait le philosophe mathématicien - et marxiste - Pierre Raymond (in La résistible fatalité de l'histoire)

Pour aller plus loin dans la réflexion à laquelle invite le travail du graveur hollandais, un livre de Douglas Hofstadter ici.
Plus qu'une mise en relation des mathématiques, des arts, et de la musique, il s'agit ici d'étudier dans quels mécanismes neurologiques cachés la cognition trouve son origine.

Et, pour découvrir l'oeuvre d'Escher, c'est ici.


Et si un jour ou une nuit, un démon se glissait furtivement dans ta plus solitaire solitude et te disait : ” Cette vie, telle que tu la vis et l’a vécue, il te faudra la vivre encore une fois et encore d’innombrables fois; et elle ne comportera rien de nouveau, au contraire, chaque douleur et chaque plaisir et chaque pensée et soupir et tout ce qu’il y a dans ta vie d’indiciblement petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la même succession et le même enchaînement – et également cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et également cet instant et moi-même. Un éternel sablier de l’existence est sans cesse renversé, et toi avec lui, poussière des poussières !
Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir

"Nous reviendrons avec le cours des choses réversibles, avec la marche errante des saisons, avec les astres se mouvant sur leurs routes usuelles [...]
[...] et les signes qu'aux murs retrace l'ombre remuée des feuilles en tous lieux, nous les avions déjà tracés."
Saint-John Perse, Vents

dimanche 31 janvier 2010


Al Capp - Lil' Abner
Le vide-grenier du dimanche. En ce jour de clôture du 37ème festival international de la bande dessinée d'Angoulême, une petite évocation nostalgique de deux des auteurs américains qui ont vraiment beaucoup compté pour moi.
D'abord Al Capp (1909-1979), le génial créateur de Lil'Abner.
Lil'Abner est le grand garçon un peu simple d'une famille de hillbillies, les Yokum, et l'objet très innocent de la convoitise de la belle Daisy Mae.

Gilbert Shelton
The Fabulous Freak Brothers





Les trois Freak Brothers en revanche, nés sous la plume du non moins génial Gilbert Shelton (b.1940), sont complètement immoraux. Ces héros de la culture underground ont pour seule préoccupation de se procurer de quoi fumer et d'échapper à la police.

dimanche 24 janvier 2010

Vilhelm Hammershøi - Intérieurs
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'inclassable danois Vilhelm Hammershøi (1864-1916), admiré par Rilke et par Dreyer.
À l'occasion de son séjour à Paris, pour l'exposition universelle de 1889 à laquelle il participe, il découvre les Impressionnistes et l'art contemporain. Mais aucune influence ne transparaît dans son travail, qui reste résolument hors mode.
Hammershøi dos à la couleur. Dans cet article du 21 novembre 1997, Hervé Gauville, critique d'art et journaliste à Libération écrit : "Il y a, dans l'attitude de cet homme austère, une fermeture à ses contemporains qui contribue à l'écarter des débats de son époque." 

Vilhelm Hammershøi - Intérieurs




Hammershøi est donc comme ses personnages, il semble indifférent à ce qui l'entoure.  Eux ne regardent personne, ni nous lorsqu'ils nous font face (portrait d'Ida Ilsted), ni ceux dont ils partagent l'espace (trois jeunes femmes, 1895) ; leur regard est ailleurs.
Des oeuvres de cette superbe série - Intérieurs (1900-1909) -, il se dégage une atmosphère étrange, comme une paisible mélancolie. Un personnage féminin vêtu de sombre - , immobile le plus souvent, de dos le plus souvent -, et comme perdu dans ses pensées ou occupé à quelque affaire silencieuse. 
Rien d'oppressant pourtant, car la lumière - âme invisible de la peinture, disait Kierkegaard, un autre danois -, est partout dans ces vastes pièces dépouillées ; et peu importe que l'ombre portée au pied des meubles nous désoriente parfois.
EG1
ICI

samedi 23 janvier 2010

A.S. Anker
La petite éplucheuse de pommes de terre
(1886)

Une image et des mots. J'aime beaucoup la peinture d'Albert Samuel Anker, à qui il me faudra consacrer une publication.
Pour accompagner ce tableau, voici quelques lignes du grand Alexandre Vialatte.

Il est contraire à la décence, au sens commun, aux bonnes manières, à la syntaxe, à l'amitié que l'on a de toujours pour la grammaire, à la rapidité du style, à la clarté, au confort vocal et, d'une façon plus générale, à tout ce qui fait le plaisir d'être homme, d'employer le subjonctif à la suite d' "après que".
On ne dit pas "j'ai mangé du steak après que j'eusse mangé les frites", mais "après que j'eus" ; mieux encore : "quand j'eus"; mieux encore : "après avoir mangé les frites"; et mieux encore : "après les frites"; et si l'on veut être parfait, "avec les frites", tout simplement. C'est bien meilleur.
Alexandre Vialatte, Chroniques de La Montagne  (1962-1971)

dimanche 17 janvier 2010

Paul Rockett - Glenn Gould's hands (1956)
 Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe de mode canadien Paul Rockett (1920-2010). Il quitte l'école à l'âge de treize ans et commence à travailler comme office boy puis dans la chambre noire du Toronto Star, avant de rejoindre la Royal Canadian Air Force comme photographe.
Dans l'Europe des années 40 un nouveau courant s'affranchit des poses statiques sous les spotlights. 
Paul Rockett sait alors tirer partie des progrès technologiques pour apporter ce style nouveau à la photo de mode, où le modèle sera saisi dans des attitudes et des mouvements naturels.

P.Rockett - Leonard Cohen (1979)
Voici les mains de Glenn Gould de qui il était le photographe préféré parce que le seul à ne pas lui parler de musique.
Glenn Gould n'aimait pas le public (comme entité bien sûr, pas les individus qui le composent), et il aurait voulu que l'on interdise les applaudissements et toute manifestation d'enthousiasme de sa part.... Le propos de l'art, disait-il, n'est pas (de provoquer) la libération d'une soudaine décharge d'adrénaline, mais plutôt la construction lente, tout au long d'une vie, d'un état d'émerveillement et de sérénité.
Le beau portrait de Leonard Cohen était la photo favorite d' Eve Rockett, son épouse.
Selon le Toronto Star, Paul Rockett était avec Yousuf Karsh la "Canadian's photography only star".

HB3 ICI