In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 5 juillet 2009

Thomas W. Dewing - The spinet (1902)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'impressionniste américain Thomas Wilmer Dewing (1851-1938).
En 1876 il part pour Paris, suivre à l'Académie Julian l'enseignement de Gustave Boulanger et de Jules Lefebvre.

Thomas W. Dewing
Recitation (1891)

De retour au États-Unis, il est en 1898 membre fondateur des Ten American Painters, un groupe de peintres en rupture avec le mercantilisme et le conservatisme de l'establishment artistique américain hostile à leur style impressionniste.
C'est évident, je ne publie rien sur ce blog qui ne me plaise pas...; je n'éprouve donc pas, en général, le besoin de dire à quel point j'apprécie l'artiste que je choisis de présenter. 
Mais Dewing est un peintre que j'aime vraiment beaucoup, en particulier pour l'atmosphère si particulière qui se dégage de ses tableaux et dont la deuxième toile, Recitation,  très "tonaliste", est caractéristique.
JR1

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samedi 4 juillet 2009

(A/U)
Une image et des mots.
Le dernier baiser avant la guerre, pour le soldat Joe Sunseri et son amie Alma Teresi. Cette photo, dont j'ignore l'auteur, a été prise le 11 mars 1941 et fait partie des archives du Los Angeles Herald Examiner.

Les mots sont extraits de Invitation à la philosophie des sciences, de Bruno Jarrosson.

"Supposons deux individus A et B.
A se trouve dans une pièce soumise à un champ de gravitation g.
B se trouve dans une pièce qui subit vers le haut un mouvement uniformément accéléré, avec une accélération g dirigée vers le haut.
B a la sensation d'être attiré vers le sol avec une accélération g et il semble que sa situation soit identique à celle de A.
Einstein pose la question suivante: A et B ont-ils, à supposer qu'ils soient enfermés dans leur pièce, un moyen de distinguer s'ils subissent un champ de gravitation ou une accélération?
Peuvent-ils imaginer une expérience qui permettrait de trancher entre les deux hypothèses?
"

dimanche 28 juin 2009

Quentin Metsys - Le prêteur et sa femme (1514)
Le vide grenier du dimanche. Deux oeuvres du primitif flamand Quentin Metsys (1466-1530). Le prêteur et sa femme (1514), exposé au Louvre, où l'artiste met sa virtuosité au service de la morale autant qu'à celui du souci documentaire; les pièces d'or qui détournent l'épouse de son missel sont à cet égard un élément suffisamment explicite. À moins que son regard ne soit désapprobateur, ce qui revient au même quant aux intentions moralisatrices de l'oeuvre.

Le prêteur et sa femme (détail)





Un détail m'a toujours intrigué dans ce tableau. Il fait jour, comme on le voit à la fenêtre qui se situe hors champ, à la droite du prêteur, et dont on peut admirer les petits vitraux dans le miroir posé devant lui. Cette fenêtre, près de laquelle l'homme au bonnet rouge s'est installé pour lire, on en voit d'ailleurs aussi le reflet dans la carafe posée sur l'étagère.
Il fait jour, donc.
Alors, qu'est-ce que ce carré noir que l'on aperçoit par la porte entre-baillée, derrière les deux personnages qui discutent dans la pièce voisine, et qui ressemble à une fenêtre ouverte sur la nuit ? Une allégorie de plus dans un tableau qui en regorge ? À moins que cette porte n'ouvre pas sur une arrière-boutique mais sur la rue, où les deux personnages se seraient arrêtés pour discuter ; dans ce cas la fenêtre obscure serait celle d'une autre maison...
Ma langue au chat...

Q.M. - L'affreuse duchesse
(1513)

Sur la deuxième de ces oeuvres je ne vais pas m'attarder ; plusieurs hypothèses circulent sur l'identité incertaine de cette dame.
Ce qui est sûr en tous cas, c'est que c'est d'elle que s'est inspiré le grand illustrateur anglais John Tenniel (1820-1914) pour créer son personnage de la duchesse dans Alice au Pays des Merveilles (et non celui de la Reine de Coeur comme il est dit erronément dans le beau livre de la National Gallery de Londres où est conservé ce tableau).
BD1
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dimanche 21 juin 2009

Werner Bishof - Varsovie 1948
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste suisse Werner Bishof (1916-1954), un des premiers membres historiques de l'agence Magnum qu'il rejoint en 1949, et récipiendaire à titre posthume du prix Nadar.

W. Bishof - Southern States
(1954)

Après la guerre il voyage à travers l'Europe pour en documenter les ravages, puis, au début des années 50 il part en Inde pour y couvrir la famine, et en Indochine comme reporter de guerre.
Je me sentais obligé de m'aventurer et d'explorer le vrai visage du monde. Mener une vie d'abondance avait rendu bon nombre d'entre nous aveugles aux immenses souffrances au-delà de nos frontières.

samedi 20 juin 2009

Soichiro Tomioka - Arbres (1961)
Un image et des mots. L'image est une oeuvre du peintre japonais Soichiro Tomioka (1922-1994).
Pour aller avec, voici un extrait de l'essai de Robert Harrison, Forêts, essai sur l'imaginaire occidental, publié dans la collection Champs, chez Flammarion, en 1992. Il est le préambule de son chapitre intitulé Les ombres de la loi.

Pendant le haut Moyen Âge les vastes forêts de l'Europe du Nord couvraient le continent de leurs dômes de ténèbres, dans l'indifférence du temps. Des colonies grandes ou petites s'y nichaient ça et là, perdues dans les ombres du déclin de l'Antiquité. Pour le nouvel ordre social médiéval qui se réorganisait sur la base de nouvelles institutions féodales et religieuses, les forêts étaient foris, à l'extérieur. C'est là que vivaient les proscrits, les fous, les amants, les brigands, les ermites, les saints, les lépreux, les maquisards, les fugitifs, les inadaptés, les persécutés, les hommes sauvages. [....] Échapper à la loi et à la société des hommes, c'était se retrouver dans la forêt.
[....] L'Église chrétienne qui visait à unifier l'Europe sous le signe de la croix était fondamentalement hostile à cette barrière impassible de nature inculte. La bestialité, la chute, l'errance, la perdition - telles sont les images que la mythologie chrétienne associera de plus en plus aux forêts. D'un point de vue théologique, les forêts représentaient l'anarchie de la matière, avec toutes les images de sombre incomplétude associées à ce concept néoplatonicien rapidement adopté par les Pères de l'Église. Étant l'envers du monde pieux, les forêts étaient considérées par l'Église comme les derniers bastions du culte païen.

JP4 ICI