In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 9 février 2025

J. van Eyck - Les époux Arnolfini
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre flamand Jan van Eyck. Des chefs-d'oeuvre, qui font partie de ses commandes privées les plus fameuses, et le premier est célébrissime.
La date et le lieu de naissance exacts de Van Eyck demeurent incertains, mais il est généralement associé à la ville de Maaseik, dans la principauté de Liège. Son œuvre marque une révolution dans l’histoire de l’art par sa maîtrise inégalée de la peinture à l’huile et son souci du réalisme.

Jan van Eyck
La Madone au chanoine van der Paele
Jan Van Eyck commence sa carrière en tant que peintre de cour pour Jean III de Bavière à La Haye avant d’être engagé pour les mêmes fonctions, en 1425, par Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Il ne se limite pas à la peinture : il réalise aussi des missions diplomatiques pour le duc, voyageant notamment au Portugal afin de négocier le mariage de celui-ci avec Isabelle de Portugal.
Installé à Bruges, il dirige un atelier et c'est là qu'il produit certaines de ses œuvres les plus célèbres (dont les deux qui sont présentées ici), et qu'il termine un des chefs-d'oeuvre ultimes de l'art primitif flamand, le retable de l'Agneau mystique, commencé par son frère Hubert.
Le travail virtuose de Van Eyck sur les effets de transparence et les superpositions de couleurs donne à ses oeuvres une profondeur et une luminosité extraordinaires. Par ailleurs, que ce soit dans le rendu des tissus, des paysages ou des reflets, son sens du détail est bluffant.
L'influence de ses innovations dans l'art de la peinture à l'huile est un héritage fondamental dans l'art du portrait et du réalisme dans la peinture occidentale.

dimanche 2 février 2025

Stanley Kubrick - New York (1940's)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Stanley Kubrick (1928-1999), d'abord jeune prodige de la photographie avant de devenir cinéaste génial, et déjà présenté en juillet 2011.

S. Kubrick - Shoe shine boy (1947)

À l'âge de 17 ans, plutôt que d'entrer à l'université, il décroche un job de photographe maison au prestigieux magazine new yorkais Look.
Des artistes, et donc de lui-même, Kubrick disait la chose suivante : Je ne pense pas qu'ils aient quelque chose de particulier à dire. Je pense qu'ils ont quelque chose qu'ils ressentent. Et ils aiment la forme de l'art : ils aiment les mots, ou l'odeur de la peinture, ou les images celluloïdes ou photographiques et travailler avec des acteurs. Je ne pense pas qu'un artiste véritable ait jamais été orienté par autre chose que sa propre vie intérieure, et la récompense est dans l'excitation de créer quelque chose qui est vivant et résonnera en d'autres personnes.

samedi 1 février 2025

Abel Grimmer - Proverbes flamands
Une image et des mots. Une oeuvre du peintre flamand Abel Grimmer (1570-1619), une huile sur panneau de bois représentant 49 proverbes flamands qui illustrent la vulgarité et la folie des hommes.
Les mots pour l'accompagner sont de la philosophe Laurence Devillairs, extraits de son ouvrage Être quelqu'un de bien, Philosophie du bien et du mal (2019).

Dans l'hostilité comme dans l'indifférence, ce que nous éludons et bafouons, c'est le face-à-face moral avec nous-mêmes, et avec ce que nous savons très clairement devoir faire. Nous nous accordons une dispense, nous nous achetons une bonne conscience ("On ne va pas changer les choses", "ce n'est pas à moi de le faire", "trop bon..."). Tel est l'athéisme moral, qui relègue l'injonction à bien agir dans les coulisses et les dimanches, loin des scènes majeures de l'existence. Telle est la méchanceté ordinaire qui habite un monde où la morale est secondaire, où le monde n'est pas un monde, habité et partagé, mais simple décor à ses activités.

dimanche 26 janvier 2025

Carali
Le vide-grenier du dimanche. Ce sera dans trois jours l'ouverture de la 52ème édition du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême, et comme chaque année à cette occasion, voici deux artistes majeurs de mon petit panthéon.

Gotlib
Carali, qui a fait les beaux jours de l'irremplaçable Charlie Hebdo, et Marcel Gotlib - grand admirateur de Tex Avery et de Robert Crumb -, qui a fait avec Gai-Luron et la Rubrique-à-brac ceux de Pilote avant de cofonder avec Mandryka l'excellent Écho des Savanes.

dimanche 19 janvier 2025

Dain L. Tasker - Amazon lily
Le vide-grenier du dimanche. Deux radiographies florales du Dr. Dain L. Tasker (1872-1964), qui a magnifié l’alliance de la science et de l’art en dévoilant grâce à la radiographie la beauté intime des fleurs, l'expression - disait-il -, de la vie amoureuse des plantes. Chef radiologue au Wilshire Hospital de Los Angeles à une époque où la radiologie en était à ses balbutiements, il s’est lancé dans les années 1930 dans une exploration artistique unique, inspiré par une radiographie réalisée par un collègue.

Dain L. Tasker
Ses clichés, réalisés à partir de négatifs de rayons X, dévoilent la structure délicate et presque éthérée des pétales et des feuilles. Ces images spectrales, à l'esthétique minimaliste, révèlent toute la beauté fragile et le mystère organique des fleurs.
Encouragé par le photographe Will Connell, Tasker a exposé ses œuvres dans les salons prestigieux des Camera Pictorialists de Los Angeles et à l’Exposition internationale de San Francisco en 1939. Ses photographies, publiées dans des revues influentes comme U.S. Camera et Popular Photography, lui ont valu une reconnaissance tardive mais durable. Aujourd’hui, ses œuvres, parfois vendues à prix d’or, s’imposent comme des chefs-d’œuvre de poésie intemporelle qui célèbrent l’alliance subtile de la science et de l’art.

samedi 18 janvier 2025

R. Lalique - La femme ailée (1900)
Une image et des mots. Cette merveille Art nouveau du maître joaillier René Lalique porte le même nom qu'une nouvelle de Izumi Kyôka ; celle-ci raconte l'histoire d'un enfant qui vit avec sa mère près d'un pont.
Elle lui enseigne que les réactions humaines n'ont pas plus de valeur que celles des animaux...

"Ah, madame! Comme j'aimerais devenir un animal ! Il faut croire qu'ils sont tous des bêtes et que ce singe est l'un des leurs! Ils lui ont donné à manger, tandis qu'à moi, humain, ils n'ont pas prêté la moindre attention !" avait-il dit en jetant un regard courroucé autour de lui. Nul doute que ce vieil homme, lui, comprenait...
Non ! Il ne s'agissait pas pour lui de comprendre, il savait, sans avoir à le dire, que les hommes sont des animaux, m'expliquait ma mère.

dimanche 12 janvier 2025

S. Steinberg - Dancers
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'illustrateur et dessinateur de presse Saul Steinberg (1914-1999), figure inclassable de l’art du XXe siècle. Célèbre notamment pour sa collaboration de plus de 50 ans avec The New Yorker, il y a redéfini les frontières entre humour graphique et art conceptuel. Né en Roumanie dans une famille juive, Steinberg a étudié la philosophie à Bucarest puis l’architecture en Italie, mais les lois antisémites de Mussolini le contraignent à l'exil ; il rejoint alors les États-Unis sans papiers, une expérience qui a profondément influencé son œuvre marquée par une réflexion constante sur l’identité, le déplacement et les frontières.

Saul Steinberg - Self portrait
Ses dessins emblématiques, comme la célèbre couverture View of the World from 9th Avenue (1976) - illustration satirique de la perception new-yorkaise du reste du monde -, sont immédiatement reconnaissables. Mais limiter Steinberg au rôle de dessinateur serait réduire considérablement la portée de son œuvre ; son style, à la fois minimaliste et riche de sens, mêle souvent des éléments de cartographie, de typographie et de narration visuelle pour commenter la condition humaine, les absurdités sociales et la complexité des identités culturelles. Proche de l’expressionnisme abstrait américain, et contemporain d’artistes comme Jackson Pollock et Willem de Kooning, il partageait leur quête de liberté formelle tout en restant inclassable : « Je ne suis pas entièrement dans le monde de l’art, ni dans le monde de la bande dessinée, ni dans celui des magazines, parce que le monde de l’art ne sait pas où me placer. »
Ses liens avec d’autres figures exilées comme Samuel Beckett, Alberto Giacometti et Eugène Ionesco ont enrichi son regard ironique et incisif sur le monde ; l'œuvre de Steinberg, "dessinateur de l'invisible", constitue un espace de réflexion plein d'humour et de profondeur sur la complexité des appartenances et la nature protéiforme de l’art.

A.M. - Vieux coeur de frêne Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), un de ceux dont l’œ...