In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 17 novembre 2024

C.P. - Valenciennes (1883)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Camille Pissaro (1830-1903), figure fondatrice de l’impressionnisme, souvent considéré comme le "père spirituel" du mouvement. Né aux Antilles danoises (aujourd'hui les Îles Vierges américaines), il s’installe à Paris et suit des cours particuliers à l’École des Beaux-Arts en 1856, avant de s’inscrire comme copiste au musée du Louvre. Pissarro explore de multiples influences :
il rencontre Camille Corot, avec qui il étudie, et découvre Delacroix, Courbet, Ingres ou Daubigny. Séduit par les thèmes de la vie rurale chez Millet, par le refus du pittoresque de Courbet et par la poésie lumineuse de Corot, il s’oriente vers une peinture de plein air, ancrée dans la réalité et la lumière.
C.P. - La Seine à Rouen (1888)

Entre 1859 et 1861, il fréquente des académies libres, dont celle du "père Suisse", haut lieu de l’avant-garde. Il y lie amitié avec Monet, Guillaumin, Piette et Cézanne, qu’il encouragera toute sa vie. Travaillant aussi dans l’atelier d’Anton Melbye, il peint en plein air à Montmorency, affinant sa recherche sur la lumière et les paysages. Théoricien de l’anarchie, proche des milieux libertaires de la Nouvelle-Athènes, Pissarro imprègne son œuvre d’un humanisme profondément égalitaire. Tout au long de sa carrière, il célèbre la ruralité, la vie quotidienne et les paysages en mutation, dans des compositions où la lumière devient le fil conducteur de l’harmonie entre l’homme et la nature.

dimanche 10 novembre 2024

Weegee - At the Limelight Café, NYC (1954)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photo-journaliste américain Arthur Fellig (1899-1968), plus connu sous le pseudonyme de Weegee, figure mythique du reportage criminel new-yorkais.
Né en 1899 à Złoczów, en Galicie (aujourd’hui en Ukraine), il émigre avec sa famille à New York en 1909. Fasciné très tôt par la photographie, il quitte l’école à 14 ans pour travailler dans un studio, puis dans un laboratoire de développement pour l’agence Acme Newspictures. En 1935, il se lance en indépendant et se spécialise dans les faits divers : c’est là qu’il gagne son surnom, dérivé de Ouija, pour ce « sixième sens » qui le faisait arriver sur les lieux des crimes avant la police – en réalité grâce à une radio branchée sur leurs fréquences.

Weegee - Broome St., Little Italy; NYC
(1942)
Armé de sa Speed Graphic il parcourt les rues de New York, souvent la nuit : avec une intensité dramatique et une noirceur accentuées par l’emploi du flash, il photographie scènes de crimes,  incendies, accidents, corps broyés, cadavres de caïds ou de porte-flingue, portraits de dingues et de paumés.... En 1945, Weegee publie "Naked City", un recueil de photographies qui devient un best-seller et assoit sa renommée. Véritable plongée dans la splendeur chaotique de New York, ce livre inspire à Jules Dassin le magnifique film noir du même nom (La cité sans voiles en version française, 1948). C'est un film que j'aime beaucoup, et au fond la raison pour laquelle j'ai décidé de parler (autant) de Weegee, c'est que son travail - et l'image du photographe, cigare vissé aux lèvres, faisant crépiter le flash de sa belle Speed Graphic sur des pavés mouillés de sang et de pluie avant de finir sa nuit au Sammy's Bowery Follies -, est pour moi, au même titre que le cool jazz, indissociable de l'atmosphère qui définit ce genre.
En 1946, Weegee quitte New York pour Los Angeles : il abandonne alors les scènes macabres pour les reflets d’Hollywood. Il s’amuse à déformer les visages de stars, tourne en dérision la célébrité, et publie en 1953 Naked Hollywood, pendant ironique et fantasque de son Naked City.

dimanche 3 novembre 2024

Netsuke (fin 18e - début 19e)
Le vide-grenier du dimanche. Le netsuke est un petit objet sculpté en bois, ivoire, os, corne ou autre matériau, né dans la culture japonaise au XVIIe siècle.
À l’origine, il s’agissait d’un accessoire fonctionnel : les vêtements traditionnels japonais, comme le kimono, ne comportant pas de poches, le netsuke servait à fixer au cordon de l’obi (ceinture) des objets du quotidien tels qu’une bourse, un inrō (petit coffret) ou une pipe.

Netsuke (fin 18e)
Les netsuke sont des objets d'une grande finesse artistique, souvent sculptés en formes animales, végétales, humaines ou fantastiques, et chaque pièce est unique. Certaines sculptures racontent des histoires ou représentent des personnages de la mythologie et du folklore japonais. Avec le temps, les netsuke sont devenus des objets de collection prisés pour leur complexité esthétique et le savoir-faire artisanal qu’ils reflètent.
Ils sont aujourd'hui considérés comme des œuvres d'art à part entière, collectionnées pour leur beauté et leur valeur historique.

samedi 2 novembre 2024

Matt Black - Dewey County
Une image et des mots. Un cliché de Matt Black (voir février 2018), extrait de sa série "Géographie de la pauvreté", et quelques vers du poète espagnol Miguel Florián Ocaña.

Los días se parecen a los pájaros
-vienen y luego van- y siempre dejan
una herida de luz. Huele a musgo su vuelo,
a países de escarcha,
a savia de madroños escondidos...
(Hay una fuente oculta que derrama blancos ríos de sed, y un campanario
azul, mecido por el viento).
De qué cielo, de qué elevada dicha,
los pájaros descienden. De qué amor.
Los días se parecen a los pájaros,
igual tristeza dejan cuando pasan,
la misma oscuridad, igual silencio.

***

Les jours ressemblent aux oiseaux
– ils viennent puis s’en vont – et laissent toujours
une blessure de lumière. Leur vol sent la mousse,
les contrées de givre,
la sève des arbousiers cachés…
(Il y a une source secrète qui répand
des rivières blanches de soif, et un clocher
bleu, bercé par le vent).
De quel ciel, de quel bonheur élevé,
descendent les oiseaux. De quel amour.
Les jours ressemblent aux oiseaux,
ils laissent la même tristesse lorsqu’ils passent,
la même obscurité, le même silence.

dimanche 27 octobre 2024

O.S. - Fermant les volets (1929)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres, des tempera sur papier, du peintre et illustrateur suédois Otte Sköld (1894-1958). Né en Chine, il y reçoit ses premières leçons de dessin avant que sa famille ne retourne s’installer en Suède. Il y poursuit sa formation, notamment à l’école de peinture d’Althin – l’une des plus importantes de Scandinavie – puis part à Copenhague et à Paris, où il dirige dans les années 1920 l’Académie Scandinave et enseigne à la Maison Watteau. De retour en Suède, il fonde sa propre école, l’école Sköld.

O. Sköld - Mansardes (1921)
Représentant du courant de la Nouvelle Objectivité, apparu dans l’Europe des années 1920 – d’abord en Allemagne (Neue Sachlichkeit) en réaction à l'expressionisme et à l’évolution du modernisme vers l’abstraction –, Sköld s’attache à peindre la réalité nue, sans embellissement. Issus pour la plupart des grandes villes, en particulier de Berlin, les artistes de ce mouvement veulent montrer le monde tel qu’il est : celui d’une société d’après-guerre rongée par la pauvreté et le désenchantement. Il n'y a qu'un seul monde et il est cruel, disait Nietzsche.

RS2
ICI

samedi 26 octobre 2024

Henri Senders
Une image et des mots. Un cliché du photographe néerlandais Henri Senders (b.1958).

Elle vivra toujours,
Sur les grèves,
Des îles roses,
Toujours indocile,
Toujours indomptable,
Avec ses chevilles
Si blanches
Que leur révélation
Passe comme un éclair sur la mer
Et illumine le monde entier.

Panaït Istrati, Nerrantsoula

Albert Rieger - Clair de lune Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe autrichien Albert Rieger (1834-1905), form...