NS2 |
In girum imus nocte et consumimur igni
dimanche 3 octobre 2021
samedi 2 octobre 2021
Maarten van Heemskerck - Geometry (16e) |
Une image et des mots.
En contemplant cette oeuvre du maître hollandais Maarten van Heemskerck (1498-1574), qui nous donne à voir deux hommes prenant la mesure du monde, pourrait nous venir l'image plus prosaïque de deux maquignons qui évaluent d'un bestiau ce qu'il pourra leur rapporter.
Les mots pour l'accompagner sont extraits de l'ouvrage de Riccardo Petrella, Le bien commun - Éloge de la solidarité, traduit et publié en France en 1996.
Selon les Nouvelles Tables de la Loi, le monde est composé d'une série de marchés à conquérir. Le monde n'est pas composé de sociétés, de populations ayant une histoire, une culture, des besoins, des projets. Avant la société, c'est le marché qui compte. [....]
Alors que l'on cherche à éduquer nos sociétés à privilégier un développement durable (sustainable development) sur le plan environnemental et social, l'économie, elle, obéissant à la culture de la conquête, affirme qu'il n'y a pas de durabilité possible : ce qui compte, c'est gagner maintenant.
[....] Le nouveau monde mondialisé est surtout considéré comme un ensemble d'espaces de nouveaux gisements de richesses à exploiter. Le "village global" est ressenti et vécu surtout en tant que nouveau terrain d'affrontement entre les meilleurs candidats au pouvoir mondial. [....] Une nouvelle génération de conquérants est née. (En son sein), les financiers (et les industriels qui poursuivent davantage une stratégie financière) constituent une catégorie à part. Dans leur cas, en général, la culture de la conquête se transforme en une logique de prédation...
[....] La prédation ne crée pas de richesse. Elle ne fait que la prendre là où elle est. Elle a pris l'ampleur qu'on lui connaît suite à la vague de libéralisation des mouvements de capitaux qui a déferlé sur le monde dans les années 80 ; à l'abandon des mécanismes de contrôle public sur les capitaux ; à l'existence de 37 paradis fiscaux dans plusieurs régions du monde, et au maintien du secret bancaire.
[....] La culture d'un peuple est devenue également un marché comme les autres, et donc un marché à conquérir ...
dimanche 26 septembre 2021
Trent Parke - Sydney Harbour (2006) |
En transformant des scènes quotidiennes en images presque oniriques, Trent Parke va au-delà de la simple démarche documentaire.
Ses séries comme Dream/Life et Minutes to Midnight par exemple, explorent des thèmes de la vie urbaine, de la solitude et de l'identité australienne avec une intensité visuelle qui rappelle le style du cinéma noir. Dans Minutes to Midnight, réalisée lors d'un voyage de 90 000 kilomètres à travers l’Australie, il dresse un portrait intime et parfois sombre de la culture et des paysages australiens, explorant des questions d'identité nationale, de patrimoine et d'isolement dans les vastes étendues du continent.
Le travail de Parke est aussi profondément personnel, comme le montre sa série The Black Rose qui aborde des thèmes de la mémoire, de la mortalité et de l'expérience humaine à travers des photographies mêlant moments quotidiens et méditation poétique. Ce projet très introspectif est né après une période de perte et de deuil dans la vie de Parke, et témoigne de sa capacité à allier des émotions intenses à une maîtrise technique remarquable.
Ainsi Trent Parke continue de s’imposer comme une figure majeure de la photographie contemporaine, combinant une perspective documentaire avec une approche artistique et émotionnelle unique qui invite le spectateur à redécouvrir la beauté dans l'ordinaire.
Sa tendance à saturer les couleurs et à forcer sur les contrastes peut finir par lasser, et l'omniprésence des zones d'ombres être à la longue oppressante, mais certaines images sont vraiment belles, et c'est un plaisir de les partager.Et après tout, ce n'est que mon opinion...
I am forever chasing light. Light turns the ordinary into the magical.
dimanche 19 septembre 2021
A.B. Swensson - Les escaliers (nd) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres, des huiles sur toile, de la suédoise Anette Björk Swensson (b.1956).
Après un passage par l'Art Student League de New York, de 1981 à 1983, elle retourne en Suède où elle vit et travaille aujourd'hui.
Son travail, caractérisé par des compositions visuelles poétiques, souvent empreintes d'une ambiance mélancolique et rêveuse et qui explorent régulièrement des thèmes autour de la mémoire et du temps qui passe, se situe à l'intersection de la photographie et des arts graphiques.
A.B.S. - En attendant (2018) |
I'm inspired by light and shadows and what highlights everyday life as something worth noting.
To see the simple and sometimes boring unimportant things as something attractive and beautiful.
L'artiste, écrit Le Clézio dans L'extase matérielle, nous montre du doigt une parcelle du monde.
dimanche 12 septembre 2021
M. Bourke-White - Statue of Liberty (1930) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américaine Margaret Bourke-White (1904-1971), pionnière du photojournalisme, et figure emblématique de la photographie américaine du XXᵉ siècle.
Elle a marqué l’histoire en devenant la première femme photographe accréditée pour couvrir des zones de combat et l'une des premières à travailler pour le magazine Life, dont elle a réalisé la couverture inaugurale en 1936.
Dès ses débuts, Margaret Bourke-White s'intéresse à la photographie industrielle, immortalisant la puissance des machines et l'esthétique des usines. Son regard novateur et sa capacité à capter la grandeur mécanique lui valent une reconnaissance rapide, qui se traduira notamment par sa collaboration avec des entreprises comme General Electric. Mais son travail évolue ensuite vers des sujets humains. Pendant la Grande Dépression, elle s'associe avec l'écrivain Erskine Caldwell, son époux, pour produire un livre marquant, You Have Seen Their Faces (1937), qui documente les conditions de vie des agriculteurs appauvris du Sud des États-Unis.
Photographe de guerre, elle est témoin de moments clés de l’Histoire, notamment en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle suit le général Patton en Allemagne c'est elle qui documentera la libération du camp de concentration de Buchenwald. qui dévoile les horreurs de l'Holocauste.
I was to discover that the quest for human understanding is a lifetime one that has no end in sight.
Plus tard, en Inde, elle photographie les derniers jours de Gandhi avant son assassinat.
Novatrice également sur le plan technique, Margaret Bourke-White laisse en héritage sa capacité unique à capturer les luttes, les triomphes et les bouleversements du XXᵉ siècle à travers des prises de vue audacieuses et des angles innovants, redéfinissant ainsi la photographie comme un puissant vecteur d’information et d’expression artistique.
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