| ML7 |
In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0
dimanche 21 janvier 2018
samedi 20 janvier 2018
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| Édouard Manet - L'asperge (1880) |
Pour l'accompagner, voici quelques lignes d’un article de Michel Jeanneret, prof de littérature française à l’université de Genève et spécialiste de la Renaissance.
Cet article figure dans l’ouvrage collectif La gourmandise publié aux éditions Autrement sous la direction de la philosophe Catherine N’Diaye.
" La réprobation de la gourmandise – l’un des sept péchés capitaux – traverse les siècles de ses litanies édifiantes. […..]
Dans sa campagne contre les impostures, Montaigne dénonce le terrorisme des bien-pensants.
La prohibition des voluptés corporelles, dit-il, n’est pas moins suspecte que l’abus des plaisirs.
L’abstinence que prêchent les moralistes, les théologiens et leurs complices brime la nature. […..]
Dans le mot « gastronomie » voisinent le nom de l’estomac et l’idée de coutume et de règle (nomos), suggérant que le plaisir du ventre ne perd rien à être maîtrisé, relayé et reconnu par la raison.
Le bon mangeur se met à table sans perdre la tête. Tel est le moyen de sauvegarder la gourmandise et de célébrer en elle l’une des rares activités qui réconcilie l’homme avec lui-même.
On conçoit, dans cette perspective, l’intérêt que lui témoignent les humanistes, eux qui cherchent justement à actualiser, sans restriction, toutes les puissances de l’humain. ˮ
Et Michel Jeanneret de rappeler, un peu plus loin, que Platon, dans Le Banquet,
nous enseigne que la sagesse n’est pas de se dérober devant les réjouissances…
Cet article figure dans l’ouvrage collectif La gourmandise publié aux éditions Autrement sous la direction de la philosophe Catherine N’Diaye.
" La réprobation de la gourmandise – l’un des sept péchés capitaux – traverse les siècles de ses litanies édifiantes. […..]
Dans sa campagne contre les impostures, Montaigne dénonce le terrorisme des bien-pensants.
La prohibition des voluptés corporelles, dit-il, n’est pas moins suspecte que l’abus des plaisirs.
L’abstinence que prêchent les moralistes, les théologiens et leurs complices brime la nature. […..]
Dans le mot « gastronomie » voisinent le nom de l’estomac et l’idée de coutume et de règle (nomos), suggérant que le plaisir du ventre ne perd rien à être maîtrisé, relayé et reconnu par la raison.
Le bon mangeur se met à table sans perdre la tête. Tel est le moyen de sauvegarder la gourmandise et de célébrer en elle l’une des rares activités qui réconcilie l’homme avec lui-même.
On conçoit, dans cette perspective, l’intérêt que lui témoignent les humanistes, eux qui cherchent justement à actualiser, sans restriction, toutes les puissances de l’humain. ˮ
Et Michel Jeanneret de rappeler, un peu plus loin, que Platon, dans Le Banquet,
nous enseigne que la sagesse n’est pas de se dérober devant les réjouissances…
dimanche 14 janvier 2018
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| Goya - Perro semihundido (c.1820) |
Peut-être parce que je ne le connais pas assez ?
Mais il y a un tableau que je trouve fascinant : le Perro semihundido (c.1820), une des "peintures noires" qu'il a directement peintes sur les murs de la "Quinta del sordo", la maison qu'il occupait dans le quartier madrilène de Carabanchel avant de s'exiler à Bordeaux. On y voit un chien à demi englouti, le museau levé vers le ciel, dans un espace vide et oppressant.
Difficile de ne pas y voir, aujourd’hui, une métaphore de tous ceux qui luttent en vain contre la noyade, et qui disparaissent dans une quasi indifférence au large de nos côtes.
dimanche 7 janvier 2018
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| Calendrier des bergers - Janvier |
Le vide-grenier du dimanche. Deux gravures extraites du Calendrier des bergers, une encyclopédie morale publiée pour la première fois en 1491, « pour enseigner la science des bergers, qui est science de l’âme, du corps, des astres, de la vie et de la mort ».
Considéré comme l’un des fleurons des débuts de l’imprimerie, ce recueil offre une plongée précieuse dans les croyances, les pratiques et les savoirs qui guidaient encore l’homme du Moyen Âge à l’orée de la Renaissance.![]() |
| Calendrier des bergers |
J’en avais déniché, il y a quelques années, une belle réédition grand format à La Machine à lire, la librairie du quartier Saint-Pierre à Bordeaux. Voici, Janvier, le mois de Janus, dieu des portes et des passages.
L’image représente un intérieur cossu : large cheminée de pierre, fenêtre ouvragée, sol dallé qui obéit aux lois de la perspective…
Mais la volaille, elle, est vue du dessus, et la cruche au bord de la table semble prête à basculer. Un mélange de précision et de gaucherie qui fait tout le charme de ces images.
Ainsi allait le Calendrier des bergers : chaque mois mêlait symboles anciens, observations de la vie quotidienne et leçons morales, à la fois livre d’images et miroir de l’existence.
samedi 6 janvier 2018
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| (A/U) |
Souhaitez-vous parvenir au but que vous désirez ? Faites alors comme le bon archer. Il place sa mire plus haut que la cible, non pour la dépasser, mais pour l’atteindre. Autrement dit, visez haut pour viser juste. La métaphore est tirée de la rhétorique classique ; Machiavel en use pour justifier le fait qu’il place dans ses œuvres politiques, et notamment dans Le Prince, les « très grands exemples » d’hommes illustres comme des guides pour l’action. En termes de langage politique, d’éducation, ou simplement dans la manière de conduire sa propre vie, on devrait toujours se souvenir de cette leçon : se donner des exemples élevés n’est pas présumer de ses capacités, c’est au contraire, écrit Machiavel, "savoir jusqu’où va la force de son arc".
lundi 1 janvier 2018
Dix ans de publications… En survolant ce blog, je constate que l’art qui m’attire est celui auquel je réagis le plus intimement, d’une façon qu'il me prendrait du temps de définir.
Coups de cœur, coups de tête, il n’y a eu ni fil conducteur rigoureux, ni classement méthodique par écoles, genres ou hiérarchies artistiques.
Pas de grandes théories savantes ou d’analyse académique.
Ce blog n’est donc pas une encyclopédie et ne prétend pas à l’érudition. Il suit simplement le fil de mes goûts, évidemment subjectifs et parfois contradictoires.
On pourrait y voir des lacunes : pourquoi tel grand maître manque-t-il à l’appel ? Pourquoi une chronique sur un peintre du dimanche succède-t-elle à une publication consacrée à un génie incontestable ? Pourquoi certaines publications sont-elles brèves et d’autres plus développées ? Simplement parce que ce blog n’a pour ambition que de partager mon regard au moment où je choisis un sujet, en fonction de ma sensibilité, de mon humeur, et parfois, tout simplement, du temps dont je dispose pour en parler... Il ne s’adresse ni aux historiens ni aux universitaires, mais à des lecteurs comme moi : curieux, amateurs, passionnés, ou simples visiteurs en quête d’une rencontre plutôt que d’une leçon. C’est vrai aussi, de Purcell à Nick Cave, pour la musique qui accompagne ces publications.
Ce que j’aime le plus dans une œuvre d’art, ce n’est pas forcément sa qualité technique ou son originalité. C’est aussi - et peut-être surtout - l’histoire qu’elle me raconte, ou mieux encore, celle qu’elle me permet de me raconter. Une œuvre peut être remarquablement exécutée ou magistralement pensée, mais si elle ne m’évoque rien, si elle ne nourrit pas mon imaginaire ou ne m’invite pas à voyager, alors elle m’échappe.
Donc, pas d’exhaustivité ni d’analyse savante… Pour moi, et pour paraphraser Robert Filliou, l’art c’est simplement ce qui rend la vie plus belle que l’art.
D’ailleurs, en parlant de Filliou, je remarque le peu de place que j'ai accordé à l’art contemporain ou conceptuel. Ce n’est pas par rejet ni par snobisme, et non plus – en tous cas j'espère – par ignorance, mais parce que l’art contemporain, avec ses références complexes et ses détours parfois très cérébraux, me déroute beaucoup plus qu'il ne m'émeut. J’ai lu, visité, exploré, et il y a des œuvres modernes qui me touchent vraiment. Pour être honnête, c’est un univers où je ne me sens pas toujours à l’aise. Parfois, je doute de sa sincérité, et je l’aborde toujours avec réserve
Quand je publie Hanson (août 2014), c’est parce que sa sculpture me plaît, qu’elle me touche, ou me stimule intellectuellement. Quand je publie Gursky (oct.2011), je le fais un peu tongue-in-cheek. Alors je pourrais m’y plonger davantage, me documenter davantage, mais mon rapport à l’art reste avant tout instinctif. Et si je parle plus de préraphaélisme que de l’abstraction lyrique de Twombly ou de street photography plus que de photographie conceptuelle, c’est sans doute parce que j’y trouve un terrain plus familier, un ancrage solide dans un monde que je comprends mieux.
Alors ce blog peut sembler désordonné, parfois désinvolte, mais il obéit à une seule règle : laisser parler l’émotion. Merci de suivre ce chemin avec moi, aussi sinueux soit-il.
À l’art, à ses mystères, et à tous ceux qui l’aiment à leur façon, qu’il soit pour eux une source de plaisir ou une forme de consolation. Seul l'art - nous dit Aharon Appelfeld - a le pouvoir de tirer la souffrance de l’abîme.
Meilleurs voeux !
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