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Philippe Cognée - Foule au crépuscule (2014) |
Une image et des mots. Un tableau de Philippe Cognée, "
Foule au crépuscule" (2014). Et pour aller avec, un extrait d'un récent ouvrage d'André Comte-Sponville,
L'inconsolable et autres impromptus (2018).
Du beau mot de "solitude", j'ai toujours fait un usage plutôt positif. C'est que j'y vois une dimension - constitutive, nécessaire, inévitable - de la condition humaine, qu'on ne saurait dénier sans mentir. Lucidité du Bouddha:
"L'homme naît seul, vit seul, meurt seul."
[.....] C'est pourquoi on aime seul, même lorsqu'on est aimé en retour. Belle formule de Rilke, dans ses
Lettres à un jeune poète:
"Dans la mesure où nous sommes seuls, l'amour et la mort se rapprochent" - parce que nous ne saurions les déléguer à quelque remplaçant que ce soit.
La solitude, prise en ce sens, n'est pas l'exception mais la règle: c'est le prix à payer d'être soi.
[.....] Revenons pour finir à Rilke, toujours dans ses
Lettres à un jeune poète:
"Nous devons nous tenir au difficile. Tout ce qui vit s'y tient. [.....] Nous savons peu de choses, mais qu'il faille nous tenir au difficile, c'est là une certitude qui ne doit pas nous quitter. Il est bon d'être seul parce que la solitude est difficile. [.....] Il est bon aussi d'aimer; car l'amour est difficile."