In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 5 avril 2015

Gregory Crewdson - The basement (2014)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Gregory Crewdson, né en 1962 à New York, Brooklyn exactement ; les deux font parties de sa série "Cathedral of the pines".
Gregory Crewdson étudie la photographie à la State University of New York, puis obtient à Yale un master en Beaux-Arts. Il va ensuite lui-même y enseigner ainsi que que dans d'autres universités de l'état de New York.

G. Crewdson - The disturbance (2014)

Les "tableaux" photographiques qu'il compose s'apparentent à des scènes de films ; ils suggèrent que c'est une histoire plus vaste que celle qu'il nous est donné de voir qui donne son sens à la photo.
It's very hard to describe what I'm looking for, something that feels both familiar and strange at the same time.
Le travail de préparation de chacun des clichés de Gregory Crewdson est considérable et extrêmement minutieux, avec des environnements parfois intégralement reconstitués en studio, ce qui implique l'intervention de toute une équipe de techniciens, éclairagistes, décorateurs, stylistes... Les personnages, inexpressifs, sont figés dans une solitude dont on ne nous donne pas la clé et les influences de Hopper, de Lynch, et du photographe Jeff Wall sur son travail sont bien sûr régulièrement, et à juste titre, soulignées.
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samedi 4 avril 2015

Philippe Cognée - Foule au crépuscule (2014)
Une image et des mots. Un tableau de Philippe Cognée, "Foule au crépuscule" (2014). Et pour aller avec, un extrait d'un récent ouvrage d'André Comte-Sponville, L'inconsolable et autres impromptus (2018).

Du beau mot de "solitude", j'ai toujours fait un usage plutôt positif. C'est que j'y vois une dimension - constitutive, nécessaire, inévitable - de la condition humaine, qu'on ne saurait dénier sans mentir. Lucidité du Bouddha:
"L'homme naît seul, vit seul, meurt seul."
[.....] C'est pourquoi on aime seul, même lorsqu'on est aimé en retour. Belle formule de Rilke, dans ses Lettres à un jeune poète:
"Dans la mesure où nous sommes seuls, l'amour et la mort se rapprochent" - parce que nous ne saurions les déléguer à quelque remplaçant que ce soit.
La solitude, prise en ce sens, n'est pas l'exception mais la règle: c'est le prix à payer d'être soi.
[.....] Revenons pour finir à Rilke, toujours dans ses Lettres à un jeune poète:
"Nous devons nous tenir au difficile. Tout ce qui vit s'y tient. [.....] Nous savons peu de choses, mais qu'il faille nous tenir au difficile, c'est là une certitude qui ne doit pas nous quitter.  Il est bon d'être seul parce que la solitude est difficile. [.....] Il est bon aussi d'aimer; car l'amour est difficile."

dimanche 29 mars 2015

Jeremy Mann - Una bella adagio (2012)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Jeremy Mann, né en 1979 à Cleveland, Ohio. Chacune illustre un de ses thèmes de prédilection.

J. Mann - Composition 147 (2014)

J'aime beaucoup ses représentations de la figure féminine, auxquelles il parvient toujours à  conférer beaucoup de grâce et de sensualité malgré l'emploi dominant - et plutôt inattendu - de couleurs froides (même si la Bella adagio fait exception à cette règle). 
Et pour découvrir le reste de son travail, y compris ses paysages urbains de néons et de pluie, c'est ICI.
EC1

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samedi 28 mars 2015

Untitled
Une image et des mots. J'ignore de qui est cette photo, sa date et son contexte.
Les mots sont un passage du roman de Carson McCullers, La ballade du café triste.

Toute la journée, c'est le bruit des pioches dans la terre glaise, le soleil implacable, l'odeur de transpiration. Et chaque jour, c'est la musique. Une voix sombre amorce une phrase, à peine modulée, comme une question qu'elle pose. Bientôt, une seconde voix la rejoint, et peu à peu le groupe entier se met à chanter. Voix sombres dans l'incendie doré du soleil, inextricablement fondues, musique déchirante et joyeuse à la fois. Et voici qu'elle prend de l'ampleur. Une ampleur si vaste qu'elle semble ne plus venir des douze hommes, mais de la terre elle-même ou de l'immensité du ciel. Musique qui force le coeur à s'ouvrir. Celui qui l'entend demeure figé de stupeur et d'émerveillement. Peu à peu, elle va s'éteindre. Il n'y aura plus qu'une voix solitaire, comme un long soupir enroué, et le soleil, et le bruit des pioches dans le silence.
Quelle sorte de groupe peut ainsi donner souffle à une si belle musique ? Simplement douze mortels, sept Noirs et cinq Blancs du comté. Simplement douze condamnés à mort enchaînés l'un à l'autre.

JP4 ICI