In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 5 décembre 2010

August Sander - Deutz bridge (1937)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe allemand August Sander (1876-1964), un des grands maîtres de la photographie documentaire, auteur d'une oeuvre immense et d'une grande honnêteté, et toujours profondément artistique.
Issu d’un milieu modeste, il découvre la photographie alors qu’il travaille dans une mine, avant de se former dans différents studios et d’ouvrir le sien à Cologne en 1909.

A.S. - Beggar (1926)


Dès les années 1920, il entreprend un vaste projet, "Hommes du XXe siècle", qui deviendra son œuvre majeure. À travers une série de portraits rigoureusement composés, il dresse une vaste typologie photographique de la société allemande de son époque. Paysans, artisans, bourgeois, artistes, intellectuels, chômeurs ou marginaux, tous sont photographiés avec une approche frontale et objective, sans artifice, révélant avec force la diversité et les contrastes de la société allemande. "Voir, observer, et penser.. C'est le credo de mon travail", déclarait-il en 1927, à l'occasion de l'exposition de son oeuvre à Cologne.
Avec l’arrivée du régime nazi, son travail est jugé subversif car il donne à voir une image trop réaliste de la société allemande, incluant des personnes marginalisées et des opposants politiques. En 1936, son livre "Face of Our Time", issu de son grand projet, est interdit et ses plaques de verre confisquées. Malgré cela, il poursuit son œuvre et influence profondément la photographie documentaire du XXe siècle.
"Nothing is more abhorrent to me than sugary-sweet photography full of pretence, poses, and gimmickry. For this reason, I have allowed myself to tell the truth about our times and people in a sincere manner."
Son obsession de la vérité, sa volonté, toute sa vie, de témoigner avec rigueur de son époque et des hommes de son temps, ont fait de lui un modèle pour de nombreux photographes contemporains ; et c'est justice.

HS1

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samedi 4 décembre 2010

Zhang da Zhong (1990s)
Une image et des mots. J'aime bien les jolies Gardes Rouges, ICI, du peintre autodidacte Zhang da Zhong. Elles n'ont pas la froideur martiale et vertueuse des héroïnes de la révolution portraiturées par le réalisme socialiste soviétique. Et lorsque comme ici elles viennent aider aux champs, elles n'ont rien des gaillardes "rabotnitsa" bolchéviques, travailleuses vaillantes dans des campagnes heureuses. Ce sont des guerrières à l'air fragile, parfois même un peu espiègle, surprises souvent en train de rêvasser ou, coquettes, d'arranger leur mise.

Les mots sont de Michel Griffon, extraits de La fracture agricole et alimentaire mondiale (chez Universalis).

"Quel est l'avenir des agricultures et des alimentations dans le monde? Cette question s'est imposée avec force après la Deuxième Guerre mondiale, alors que l'Inde et la Chine subissaient des disettes et des famines. Avec la prise du pouvoir en Chine par Mao Zedong en 1949, la faim fut clairement désignée par l'Occident comme une source de révolte pouvant mener à la révolution communiste. Parallèlement, la pauvreté des paysanneries et la proportion importante parmi elles de paysans sans terre ont mis en évidence la nécessité impérieuse de développer l'accès à la terre pour accroître la production et en finir avec les famines. [.....] Mais on décompte encore aujourd'hui dans le monde autour de 850 millions de personnes sous-alimentées, soit près d'un habitant sur sept, et un habitant sur cinq vit avec moins d'un euro par jour."
BS2

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dimanche 28 novembre 2010

A. Kertész - Peggy Guggenheim (1945)
Le vide-grenier du dimanche. Du photographe hongrois, naturalisé américain, André Kertész (1894-1985), voici deux clichés sur l'intime plaisir de lire, ce souverain remède contre les dégoûts de la vie, disait Montesquieu. Né en Hongrie, il s’initie très tôt à la photographie, mais sa carrière décolle véritablement lorsqu’il s’installe à Paris en 1925. Dans l’effervescence artistique de Montparnasse, il fréquente des figures majeures de l’avant-garde, comme Brassaï, Mondrian et Chagall, et deviendra un des photographes les plus influents du XXe siècle, salué pour son regard poétique et novateur.

A.K. - New York (1965)
Son travail se distingue par des cadrages audacieux, des jeux d’ombres et de lumière, et par une approche spontanée qui préfigure la photographie humaniste et le photojournalisme moderne.
Composition, souci du trait, ..... si la photographie de Kertész ne s'inscrit pas dans une démarche documentaire au même titre par exemple que la photographie sociale de Willy Ronis en Europe ou de Paul Strand aux États-Unis, mais dans une recherche plastique, résolument artistique, de ses possibilités - I do not document anything, I give an interpretation -, elle n'en reste pas moins dictée par l'instant et ce qui s'y passe, autant que par l'atmosphère qui s'en dégage et ce que ressent le photographe.
"Technique isn't important. Technique is in the blood. Events and mood are more important than good light and the happening is what is important."

JV1
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dimanche 21 novembre 2010

Robert Henri - Snow in New York (1902)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Robert Henri (1865-1929), dans un style très impressionniste. Considéré comme une figure majeure du réalisme américain, il est membre de la Ash Can School, un mouvement qui cherchait à représenter la vie urbaine avec réalisme et sans idéalisation.
Formé à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts puis à l’Académie Julian à Paris, où il aura comme professeur Bouguereau et Robert-Fleury. Henri est influencé par l’impressionnisme et le réalisme européen, et sera également admis à l'École des beaux-arts de Paris.

R.H. - Cumulus clouds, East River
(1901)
À son retour aux États-Unis, il se détourne de l’art académique et milite pour une peinture plus vivante et proche du quotidien des Américains. Il devient le chef de file d’un groupe de jeunes artistes, The Eight, qui rejettent les conventions artistiques dominantes et exposent en dehors des circuits institutionnels.
À New York il fut très proche de l'anarchiste Emma Goldman et en vint à enseigner, comme George Bellows, à la Modern School (lire aussi ICI) où il eut notamment comme élèves Man Ray et Léon Trotsky pendant son exil de 1917.

MG1 ICI