In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 7 mars 2010

S. Ghadirian - Be colourful
(2002)
Le vide-grenier du dimanche. À la veille de la Journée internationale des femmes, deux clichés de l'artiste iranienne Shadi Ghadirian. Par ses photographies - et particulièrement celles de la série Like everyday ("Domestic life") réalisée en 2000-2002 -, elle questionne la condition féminine et ouvre un double débat : celui d'une expression féministe dans un pays où la femme ne peut être photographiée sans son voile, et celui de l'irruption du voile dans l'espace public occidental.

S. Ghadirian - Like everyday (2001)
" Il n'est pas facile d'être une femme; il est encore moins facile, en Iran, d'être une femme photographe qui travaille sur la condition féminine. Pour donner vie à ses idées, il faut avancer masquée. Le rêve de travailler pour l'amélioration de notre condition se heurte au fait même d'être femme."
BS1

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samedi 6 mars 2010

Walt Disney - Mary Poppins (1964)
Une image et des mots.
À deux jours de la Journée internationale de la femme, une image de ce chef d'oeuvre de poésie et d'humour que nous a offert Walt Disney en 1964 avec son adaptation du roman de Pamela Travers.
Et pour aller avec, un extrait de l'ouvrage du sociologue Pierre Bourdieu, La domination masculine (1998).

En fait, il n'est pas exagéré de comparer la masculinité à une noblesse. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer la logique, bien connue des kabyles, du double standard, comme disent les anglo-saxons, qui instaure une dissymétrie radicale dans l'évaluation des activités masculines et féminines. Outre que l'homme ne peut sans déroger s'abaisser à certaines tâches socialement désignées comme inférieures (entre autres raisons parce qu'il est exclu qu'il puisse les accomplir), les mêmes tâches peuvent être nobles et difficiles, quand elles sont réalisées par des hommes, ou insignifiantes et imperceptibles, faciles et futiles, quand elles sont accomplies par des femmes ; comme le rappelle la différence qui sépare le cuisinier de la cuisinière, le couturier de la couturière, il suffit que les hommes s'emparent de tâches réputées féminines et les accomplissent hors de la sphère privée pour qu'elles se trouvent par là même ennoblies et transfigurées.
AB2
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dimanche 28 février 2010

A.L. - The Tron Steeple, Glasgow (1927)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'écossais Andrew Law (1873-1967). Une bourse de la Glasgow School of Art, où il recevait l'enseignement de Francis Newbery, lui permit en 1896 de passer six mois à Paris, pour y prendre des cours à l'académie Delécluse, et y suivre l'enseignement de l'américain Robert Henri (lui-même élève de Bouguereau).

A.L. - Waterloo Street, Kilmarnock

Portraitiste réputé, qui travaillait beaucoup sur commande, il s'est aussi attaché à peindre les rues et les environs de Kilmarnock, la petite ville du nord-ouest de l'Écosse où il a grandi et étudié avant de partir à la Glasgow School of Art.
Très discret autant que modeste, "one of Scotland's unsung heroes of the art world." n'a pratiquement jamais exposé en dehors de Glasgow.

samedi 27 février 2010

Ernest Brooks
Une image et des mots.
Depuis six mille ans la guerre plait aux peuples querelleurs, et Dieu perd son temps à faire les étoiles et les fleurs, écrivait Victor Hugo dans Les Châtiments (1853), où il illustre la dualité tragique entre la beauté du monde et la violence des hommes. 
Le cliché est de Ernest Brooks (1878-1957), premier photographe officiel de guerre du Royaume-Uni pendant la Grande Guerre ; et les mots que j'ai choisis pour l'accompagner sont un extrait de Sur l'eau, de Maupassant, un récit de voyage publié en 1888.

Les petits lignards qui courent là-bas sont destinés à la mort comme les troupeaux que pousse un boucher sur les routes. Ils iront tomber dans une plaine, la tête fendue d’un coup de sabre ou la poitrine trouée d’une balle ; et ce sont des jeunes gens qui pourraient travailler, produire, être utiles. Leurs pères sont vieux et pauvres ; leurs mères qui, pendant vingt ans, les ont aimés, adorés comme adorent les mères, apprendront, dans six mois ou un an peut-être, que le fils, que l’enfant, le grand enfant élevé avec tant de peine, avec tant d’argent, avec tant d’amour, fut jeté dans un trou comme un chien crevé... [...] Les hommes de guerre sont les fléaux du monde. Nous luttons contre la nature, l’ignorance, contre les obstacles de toute sorte, pour rendre moins dure notre misérable vie. Des hommes, des bienfaiteurs, des savants usent leur existence à travailler, à chercher ce qui peut aider, ce qui peut secourir, ce qui peut soulager leurs frères. [...] La guerre arrive. En six mois les généraux ont détruit vingt ans d'efforts, de patience, et de génie.
DS1

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