In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

dimanche 5 janvier 2025

Eve Morcrette (2016)

Une image et des mots. Un cliché de la photographe française Eve Morcrette, de qui le peu que je sais se trouve ICI.

Bart Lans
Une image et des mots.

A/U - Trip to Mars, Carnival Circus (1911)

Une image et des mots.

Antoine Roegiers - De l'autre côté (2024)
Une image et des mots. Une oeuvre d'Antoine Roegiers (b.1980) dont je viens de découvrir le travail à l'occasion de l'exposition que lui a consacrée du 30 octobre au 21 décembre la galerie Templon, à Paris.
Ce tableau m'a rappelé un passage de Traces (1959), de Ernst Bloch, que voici :

Un jour, dit-on, des paysans furent surpris aux champs par l'orage. Ils se mirent à l'abri dans une grange, mais la foudre, loin de s'éloigner, tournait en cercle autour de la cabane. Alors les paysans comprirent que la foudre visait l'un d'entre eux, et ils convinrent d'accrocher leurs chapeaux devant la porte. Celui dont le chapeau serait le premier arraché par l'orage devait être jeté dehors afin que les innocents ne périssent point pour le péché d'un seul. À peine les chapeaux furent-ils accrochés au-dehors qu'un coup de vent emporta le chapeau du paysan Li l'entraînant au loin à travers champs. Aussitôt les paysans jetèrent dehors le paysan Li ; et à l'instant même la foudre frappa la cabane, car Li était le seul juste.
Frederic Edwyn Church - River of light (1877)
Une image et des mots. L'américain Frederic Edwin Church (1826-1900) était une figure majeure de l'École de peintres paysagistes de l'Hudson River School, déjà évoquée ici avec Bierstadt en juin 2018.
À deux reprises, celui qui fut surnommé le Michel-Ange du paysage part en Amérique du sud, inspiré par les récits d'Alexandre de Humboldt, auteur du Voyage en Amérique équinoxiale et à qui l'on doit notamment l'exploration du Brazo Casiquiare, ce cours d'eau qui relie les bassins hydrographiques de l'Orénoque et de l'Amazone.

Ce tableau, River of light (1877), fruit de ces voyages, est conservé à la National Gallery of Art de Washington qui présente ainsi le peintre :
"Comme son maître Thomas Cole, Church exprime en célébrant dans ses paysages les merveilles apparemment infinies de la nature un sens stupéfiant du sublime. L'artiste consacrait énormément de temps à l'étude scientifique, convaincu que la connaissance de l'optique, de la météorologie, de la botanique et de l'écologie apporterait beaucoup à son travail."

Pour aller avec, j'ai choisi les mots de Roberto Juarroz, extraits de sa Dixième poésie verticale.

Eras el portador de la aventura
el huéped de lo insólito,
Titular de los trajines del milagro,
depositario de las rúbricas del viento,
capitán del azul inesperado,
reinventor general de lo existente.

No importa que las costras de la vida
sometieran tu heráldico penacho.
No importa que tu enorme expectativa
se hundiera en los sarcófagos bruñidos.
No importa que tus manos siempre abiertas
te las hayan cerrado con usuras.
No importa que tus sueños para todos
se volvieran un sueño para nadie.

Basta sencillamente que hayas sido
lo que alguna vez fuiste :
un hueco de tos joven
en la cueva envejica del mundo.

***

Tu étais le porteur de l’aventure,
l’hôte de l’insolite,
maître des allées et venues du miracle,
dépositaire des rubriques du vent,
capitaine du bleu inespéré,
réinventeur général de l’existant.

Peu importe que les croûtes de la vie
aient soumis ton panache héraldique.
Peu importe que ton énorme attente
se soit enfouie dans les sarcophages polis.
Peu importe que tes mains toujours ouvertes
aient été fermées par l’usure.
Peu importe que tes rêves pour tous
ne soient devenus un rêve pour personne.

Il suffit simplement que tu aies été
ce qu’un jour tu fus :
une caverne de jeune toux
dans la grotte vieillie du monde.

Joseph Wright of Derby - Trois personnes examinant le gladiateur
Une image et des mots. L'anglais Joseph Wright of Derby (1734-1797) est l'auteur de ce tableau intitulé Trois personnes examinant le gladiateur à la lueur d'une chandelle (1765) qui illustre bien la formidable maîtrise du clair-obscur de l'artiste.
Les vers qui suivent sont du poète américain Walt Whitman (1819-1892), extraits de Leaves of grass (Feuilles d'herbe) :

Of the terrible doubt of appearances.

Of the terrible doubt of appearances,
Of the uncertainty after all, that we may be deluded,
That may-be reliance and hope are but speculations after all,
That may-be identity beyond the grave is a beautiful fable only,
May-be the things I perceive, the animals, plants, men, hills, shining and flowing waters,
The skies of day and night, colors, densities, forms, may-be these are (as doubtless they are) only apparitions,
and the real something has yet to be known

***

Du terrible doute des apparences

Du terrible doute des apparences,
De l’incertitude en définitive, que nous pouvons être trompés,
Que peut-être la confiance et l’espoir ne sont en définitive que des spéculations,
Que peut-être la survie de l’identité au-delà du tombeau n’est qu’une belle légende,
Que peut-être les choses que je perçois, les animaux, les plantes, les hommes, les montagnes,
les flots qui brillent et qui coulent,
Le ciel du jour et de la nuit, les couleurs, les densités, les formes,
que peut-être toutes ces choses sont (et sans aucun doute elles le sont) de simples apparitions,
et qu’il nous reste à connaître ce qui est réel

 

J. van Eyck - Les époux Arnolfini Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre flamand Jan van Eyck. Des chefs-d'oeuvre, évidemm...