In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 4 septembre 2021

J. Ducamps
Allégorie de l'amour vertueux
(c.1620-1630)

Une image et des mots. L'image, c'est ce tableau du flamand Jean Ducamps. Les mots sont un extrait de Comme de petits chiens, une des nouvelles du poète gallois Dylan Thomas qui figure dans son autobiographie Portrait de l'artiste en jeune chien (1940).

Et c'était vrai. J'étais un noctambule solitaire et un habitué des coins de rue. J'aimais errer après minuit dans la ville, sous la pluie, quand les rues étaient désertes et les lumières éteintes aux fenêtres .. [.....] Et jamais je ne me sentais plus profondément intégré dans ce monde lointain et écrasant ou plus débordant d'amour, d'arrogance, de pitié et d'humilité, non seulement pour moi, mais pour les créatures de cette terre où mes tourments étaient sans fin et pour les astres impassibles des sphères célestes, Mars, Vénus, Brazell, Skully, les habitants de Chine, saint Thomas, les femmes hautaines et les femmes faciles, les soldats, les marlous, les agents de police, les rats soupçonneux des librairies d'occasion, les putains en guenilles qui vous donnaient la secousse contre le mur du musée pour une tasse de thé et les femmes distinguées et inabordables dont la silhouette se découpait sur sept pieds de haut dans les journaux de mode et qui défilaient lentement dans leurs fourreaux glacés parmi le verre, l'acier et le velours.

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dimanche 29 août 2021

S.A.Vinogradov - Rêves d'été

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre russe Sergueï Arsenievitch Vinogradov (1869-1938), pionnier de l'impressionnisme.
Il étudie pendant près de dix ans à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou, où il suit notamment l'enseignement de Vassili Polenov (voir publication de septembre 2015), membre du mouvement réaliste des Ambulants dont il fera lui aussi partie plus tard.

S.A.V. - Jour d'été en Crimée (1917)









À partir de 1898 il enseigne à son tour la peinture, à l'académie Stroganov de Moscou dont il va ensuite devenir membre, et cofonde en 1903 l'Union des artistes russes.
Puis il part enfin enseigner à Riga, en Lettonie, où il restera jusqu'à sa mort. Voici deux tableaux que j'aime beaucoup, pour leur composition, leurs couleurs, leur lumière... ; deux portraits de jeunes femmes dont on ne connaîtra pas le visage. La première, a-t-elle levé les yeux de sa lecture pour s'abandonner au monde qu'elle révèle ? Et la seconde, sur quel lointain porte-t-elle son regard ? Chaque jour on regardait ça, disait Duras ; la mer écrite.

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samedi 28 août 2021

A/U - London tram on Embankment (1938)
Une image et des mots. Une belle photographie anonyme sur les bords de la Tamise, et un extrait du roman d'Aragon, Les voyageurs de l'impériale (1942).

- C'est drôle comme on passe d'une condition à l'autre... Il y a des gens qui montent, d'autres qui descendent..., ce n'est pas comme dans l'escalier, ils ne se croisent pas...
- Plaît-il?
- Rien... je voulais dire... que nous imaginons grossièrement la société comme formée de compartiments étanches bien séparés... et puis des échanges, des va-et-vient... il n'y a pas vraiment de classes...
- D'un côté, vous dites vrai ; et d'un autre... Vous vous dites qu'il n'y a pas de classes, parce que vous avez toujours vécu dans la même... Notez que je n'ai jamais été socialiste. Mais j'ai été ouvrier. Alors je connais tous les mensonges. Ceux qu'on dit en bas, ceux qu'on dit en haut.

dimanche 22 août 2021

W.G. - Devant le miroir (1910)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et sculpteur allemand Wilhelm Gallhof (1878-1918), qui s'imposa au début du XXe siècle comme l'un des artistes allemands les plus en vue pour ses représentations de nus féminins, s'inscrivant dans les mouvements impressionniste et Jugendstil (Art nouveau allemand). D'après certaines sources, il aurait étudié la peinture d'histoire avec Johann Caspar Herterich à l'Académie des beaux-arts de Munich, puis à l'école des arts appliqués de Karlsruhe sous Ludwig Schmidt-Reutte, et enfin à Berlin avec le peintre Lovis Corinth, membre de la Sécession berlinoise et que l'Allemagne nazie qualifiera plus tard de dégénéré.
Gallhof , qui a travaillé notamment à Weimar et à Paris, était également membre du Deutscher Künstlerbund, une association d'artistes en Allemagne.

W.G. - Le collier de corail (c.1917)
Son style de peinture, rapide et fluide, était parfois controversé en raison de ses nombreuses œuvres érotiques, perçues comme provocantes et même pornographiques pour l'époque, bien qu'il fût respecté dans les milieux artistiques.
Les sujets et thèmes de ses œuvres s'inscrivaient dans l'air du temps de l'Allemagne d'avant-guerre, capturant l'esprit de transition vers les années folles.
Son tableau le plus célèbre et souvent reproduit est Le Collier de corail (Die Korallenkette) de 1917. Cette peinture, qui représente une femme nue regardant dans un miroir et portant des colliers de corail autour du cou et de la cheville (ci-contre), fut même publiée en couverture du magazine Jugend, un magazine culturel fondé en 1896 et très influent dans le monde de l'art et de la littérature. L'année suivante Gallhof meurt au combat à peine âgé de 40 ans, alors que touche à sa fin "la plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite", selon les mots du Maréchal Lyautey.

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