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PM2 |
In girum imus nocte et consumimur igni

eiπ + 1 = 0
dimanche 12 juin 2016
samedi 11 juin 2016
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Tom Lovell, Pulp fiction magazine |
Ma petite femme adorée,
Nous avons, comme je te l'ai dit, subi un grave échec: tout mon bataillon a été pris par les Boches, sauf moi et quelques hommes, et, maintenant, on me reproche d'en être sorti; j'ai eu tort de ne pas me laisser prendre également. Maintenant, le colonel Bernard nous traite de lâches, les deux officiers qui restent, comme si, à trente ou quarante hommes, nous pouvions tenir comme huit cents.
Enfin, je subis le sort, je n'ai aucune honte, mes camarades, qui me connaissent, savent que je n'étais pas un lâche. Mais avant de mourir, ma bonne Fernande, je pense à toi et à mon Luc. Réclame ma pension, tu y as droit.
J'ai ma conscience tranquille, je veux mourir en commandant le peloton d'exécution devant mes hommes qui pleurent. Je t'embrasse une dernière fois comme un fou.
Crie, après ma mort, contre la justice militaire. Les chefs cherchent toujours des responsables. Ils en trouvent pour se dégager.
Mon trésor adoré, je t'embrasse encore d'un gros baiser, en songeant à tout notre bonheur passé. J'embrasse mon fils aimé qui n'aura pas à rougir de son père qui avait fait tout son devoir.
De Saint-Roman m'assiste, dans mes derniers moments. J'ai vu l'abbé Heintz avant de mourir. Je vous embrasse tous. Toi encore, ainsi que mon Lulu.
Dire que c'est la dernière fois que je t'écris. Oh! mon bel ange, sois courageuse, pense à moi, et je te donne mon dernier et éternel baiser. Ma main est ferme et je meurs la conscience tranquille.
Adieu, je t'aime.
Je serai enterré au bois de Fleury, au nord de Verdun. De Saint-Roman pourra te donner tous les renseignements.
Dernière lettre du sous-lieutenant Henri Herduin, fusillé sans jugement le 11 juin 1916, il y a très exactement 100 ans, ici, et une chanson ICI.
dimanche 5 juin 2016
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Paul Almasy |
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du français d'origine hongroise Paul Almásy (1906-2003), grand nom du photojournalisme du XXᵉ siècle. Né à Budapest, il étudie les sciences politiques et l’économie à Vienne et à Munich, se destinant d’abord à la diplomatie, avant de choisir le journalisme.
Ses reportages le mènent à travers l’Europe, l’Afrique et l’Asie, avec de nombreuses missions au Maroc et en Amérique latine, jusqu’à son installation définitive en France en 1938, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale (il sera naturalisé en 1958).
À Paris, il adopte la photographie comme moyen d’expression privilégié, convaincu que l’image pouvait rendre compte plus directement des réalités du monde. Collaborateur régulier de l’AFP, de l’UNESCO et de nombreuses revues, il documente pendant plus de soixante ans les bouleversements politiques, sociaux et culturels de son époque, depuis la Libération de Paris jusqu’aux grands chantiers du Tiers-Monde.
Paul Almásy appartient, aux côtés de Brassaï, Lucien Hervé, André Kertész et François Kollar, à cette remarquable lignée de photographes hongrois émigrés en France qui ont marqué de leur empreinte la grande tradition de la photographie humaniste.
dimanche 29 mai 2016
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Pierre Belhassen - série Istanbul (2014) |
Du côté des photographes, ses références vont de Robert Frank à Josef Koudelka, de Saul Leiter à Alex Webb ou Trent Parke.
Belhassen dit voir la vie « comme un grand théâtre d’où peut surgir l’inattendu à tout instant, pourvu qu’on ouvre les yeux… ».
Dans cette photographie où tout est possible et fugace à la fois, il cherche avant tout « des instants de grâce ». Il aime se perdre dans le quotidien, creuser la surface des choses, saisir un geste, un regard, et donner à ces fragments de réalité une portée poétique : « Les choses ne sont pas vues parce qu’elles sont visibles mais, à l’inverse, visibles parce qu’elles sont vues », disait Diane Arbus en citant Platon.
Habité par ce désir de beauté et cette conviction, empruntée à Saul Leiter, que la misère n’est pas plus profonde que le bonheur, Pierre Belhassen garde l’homme au cœur de son travail.
Avec ses images - ces paroles silencieuses - c’est à lui qu’il s’adresse : celui, pour reprendre les mots de Stig Dagerman, « dont le besoin de consolation est impossible à rassasier ».
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