In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 6 juin 2015

Peinture rupestre, Gorge de Naib
Une image et des mots. Cette belle peinture rupestre, ce nuage qui figure le monde de la pluie, se trouve dans la gorge de Naib, dans le massif du Brandberg, en Namibie.
Elle est reproduite dans un très beau livre de Renaud Ego qui m'a été offert il y a trois jours (merci Éric P.) : L'animal voyant, aux éditions Errance.
Pour l'accompagner, deux strophes d'un poème de Garcia Lorca, Lluvia.




La lluvia tiene un vago secreto de ternura,
algo de soñolencia resignada y amable,
una música humilde se despierta con ella
que hace vibrar el alma dormida del paisaje.
[.....]
íOh lluvia silenciosa, sin tormentas ni vientos,
lluvia mansa y serena de esquila y luz suave,
lluvia buena y pacífica que eres la verdadera,
la que llorosa y triste sobre las cosas caes!


***

La pluie a comme un vague secret de tendresse,
quelque chose d'une somnolence aimable et résignée,
discrète, avec elle une musique s'éveille
qui fait vibrer l'âme endormie du paysage.
[.....]
Sans orages ni vents, ô pluie silencieuse,
pluie paisible et sereine de sonnaille et de douce lumière,
pluie pacifique et bonne, la seule véritable,
qui triste et éplorée sur toute chose tombes!
FS6
ICI

dimanche 31 mai 2015

Victor Hugo - Ma destinée (1867)
Le vide-grenier du dimanche. "En art point de frontière", disait Victor Hugo. Voici deux dessins parmi les plus de 4000 qu'il a réalisés, le plus souvent sur papier au stylo et à l'encre noire délavée.
"L'encre, cette noirceur d'où sort une lumière" (Océan, Oeuvres posthumes)

V.Hugo - Paysage avec 3 arbres (1850)





Ces dessins, où l'imagination pour s'exprimer est délivrée des contraintes de l'écriture, Victor Hugo les faisait disait-il "à des heures de rêverie presque inconsciente, avec ce qui restait d'encre dans ma plume".
Restés de son vivant dans le cercle des intimes, ils n'ont été portées à la connaissance du public qu'après sa disparition.

dimanche 24 mai 2015

Raymond Depardon - La Gallia (2007)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Raymond Depardon (b.1942), maître du film documentaire et immense photographe, créateur de Gamma en 1966 et membre de Magnum depuis 1979.
Le photographe de guerre réalise qu'il connait mieux le Vietnam, le Tchad, le Liban, l'Afghanistan, que les territoires ruraux de son propre pays. 
Alors pendant quatre ans, inspiré dans son projet par deux figures majeures de la photographie documentaire - les américains Paul Strand et Walker Evans -, il va sillonner la France en camping-car, à la recherche du génie du lieu.

R. D. - Le Portel, Pas-de-Calais (2007)
Rien de pittoresque au sens touristique du terme, rien de spectaculaire ni de délibérément séduisant... 
Ce qu'il photographie, c'est la France des sous-préfectures, les façades modestes des petits commerces, les trottoirs déserts... 
"J'ai eu envie de revenir au silence de la photographie". 
Des lieux vides, où la présence humaine le plus souvent invisible est perçue en creux...  
"Les gens ont peur du vide. Alors que ce n'est pas du tout ennuyeux de voir une photo vide. Je trouve que c'est une façon très forte de voir l'être humain."

Cette présence invisible, ces espaces du quotidien vécu, il les photographie avec minutie ... 
Pas à la sauvette, pas au Leica si facile à dégainer, mais en s'imposant la contrainte d'une prise de vue unique avec une chambre 20x25 et un trépied, en travaillant soigneusement les cadrages et les couleurs.
La France de Raymond Depardon a fait l'objet d'une publication au Seuil en 2010 dans la collection Beaux-livres. C'en est un.
AV1

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samedi 23 mai 2015

Eugenia Loli - Yerba buena
Une image et des mots. Un collage de l'artiste grecque Eugenia Loli, de sa série Oh l'amour (2014).
Pour aller avec, quelques lignes d'Hannah Arendt, extraites de l'ouvrage Du mensonge à la violence.

Un des traits marquants de l'action humaine est qu'elle entreprend toujours du nouveau, ce qui ne signifie pas qu'elle puisse alors partir de rien, créer à partir du néant. On ne peut faire place à une action nouvelle qu'à partir du déplacement ou de la destruction de ce qui préexistait et de la modification de l'état de choses existant. 
Ces transformations ne sont possibles que du fait que nous possédons la faculté de nous écarter par la pensée de notre environnement et d'imaginer que les choses pourraient être différentes de ce qu'elles sont en réalité. Autrement dit, la négation délibérée de la réalité - la capacité de mentir -, et la possibilité de modifier les faits - celle d'agir - sont intimement liées ; elles procèdent l'une et l'autre de la même source : l'imagination.

JP4 ICI