In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 24 janvier 2010

Vilhelm Hammershøi - Intérieurs
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'inclassable danois Vilhelm Hammershøi (1864-1916), admiré par Rilke et par Dreyer.
À l'occasion de son séjour à Paris, pour l'exposition universelle de 1889 à laquelle il participe, il découvre les Impressionnistes et l'art contemporain. Mais aucune influence ne transparaît dans son travail, qui reste résolument hors mode.
Hammershøi dos à la couleur. Dans cet article du 21 novembre 1997, Hervé Gauville, critique d'art et journaliste à Libération écrit : "Il y a, dans l'attitude de cet homme austère, une fermeture à ses contemporains qui contribue à l'écarter des débats de son époque." 

Vilhelm Hammershøi - Intérieurs




Hammershøi est donc comme ses personnages, il semble indifférent à ce qui l'entoure.  Eux ne regardent personne, ni nous lorsqu'ils nous font face (portrait d'Ida Ilsted), ni ceux dont ils partagent l'espace (trois jeunes femmes, 1895) ; leur regard est ailleurs.
Des oeuvres de cette superbe série - Intérieurs (1900-1909) -, il se dégage une atmosphère étrange, comme une paisible mélancolie. Un personnage féminin vêtu de sombre - , immobile le plus souvent, de dos le plus souvent -, et comme perdu dans ses pensées ou occupé à quelque affaire silencieuse. 
Rien d'oppressant pourtant, car la lumière - âme invisible de la peinture, disait Kierkegaard, un autre danois -, est partout dans ces vastes pièces dépouillées ; et peu importe que l'ombre portée au pied des meubles nous désoriente parfois.
EG1
ICI

samedi 23 janvier 2010

A.S. Anker
La petite éplucheuse de pommes de terre
(1886)

Une image et des mots. J'aime beaucoup la peinture d'Albert Samuel Anker, à qui il me faudra consacrer une publication.
Pour accompagner ce tableau, voici quelques lignes du grand Alexandre Vialatte.

Il est contraire à la décence, au sens commun, aux bonnes manières, à la syntaxe, à l'amitié que l'on a de toujours pour la grammaire, à la rapidité du style, à la clarté, au confort vocal et, d'une façon plus générale, à tout ce qui fait le plaisir d'être homme, d'employer le subjonctif à la suite d' "après que".
On ne dit pas "j'ai mangé du steak après que j'eusse mangé les frites", mais "après que j'eus" ; mieux encore : "quand j'eus"; mieux encore : "après avoir mangé les frites"; et mieux encore : "après les frites"; et si l'on veut être parfait, "avec les frites", tout simplement. C'est bien meilleur.
Alexandre Vialatte, Chroniques de La Montagne  (1962-1971)

dimanche 17 janvier 2010

Paul Rockett - Glenn Gould's hands (1956)
 Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe de mode canadien Paul Rockett (1920-2010). Il quitte l'école à l'âge de treize ans et commence à travailler comme office boy puis dans la chambre noire du Toronto Star, avant de rejoindre la Royal Canadian Air Force comme photographe.
Dans l'Europe des années 40 un nouveau courant s'affranchit des poses statiques sous les spotlights. 
Paul Rockett sait alors tirer partie des progrès technologiques pour apporter ce style nouveau à la photo de mode, où le modèle sera saisi dans des attitudes et des mouvements naturels.

P.Rockett - Leonard Cohen (1979)
Voici les mains de Glenn Gould de qui il était le photographe préféré parce que le seul à ne pas lui parler de musique.
Glenn Gould n'aimait pas le public (comme entité bien sûr, pas les individus qui le composent), et il aurait voulu que l'on interdise les applaudissements et toute manifestation d'enthousiasme de sa part.... Le propos de l'art, disait-il, n'est pas (de provoquer) la libération d'une soudaine décharge d'adrénaline, mais plutôt la construction lente, tout au long d'une vie, d'un état d'émerveillement et de sérénité.
Le beau portrait de Leonard Cohen était la photo favorite d' Eve Rockett, son épouse.
Selon le Toronto Star, Paul Rockett était avec Yousuf Karsh la "Canadian's photography only star".
JB1
ICI

dimanche 10 janvier 2010

Arateus de Leyde - Céphée
Le vide-grenier du dimanche. Deux des 35 magnifiques enluminures pleine page qui figurent dans l'Aratea de Leyde, un manuscrit de la renaissance carolingienne (VIIIe et IXe siècles), dont les chapitres des "Phénomènes", du poète grec Aratus, sont consacrés aux constellations.

Arateus de Leyde
Planisphère céleste
Il n'y a pas véritablement de rapport, mais par association d'idées ces deux illustrations me font repenser à une phrase de Nietzsche, extraite de Ainsi parlait Zarathoustra, et qui m'avait suffisamment frappé pour que jamais je ne l'oublie :
"Il faut avoir un chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse." 
On pense que ce codex est une commande de Louis le Pieux (778-840), fils de Charlemagne.

dimanche 3 janvier 2010

W.E. Smith - Bob Dylan (c.1965)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste américain William Eugene Smith (1918-1978). Correspondant de guerre dans le Pacifique pendant la Seconde guerre mondiale, fidèle à sa formule "sink into the picture", il est gravement blessé au Japon en mai 45 et doit être rapatrié. 

W.E.S.
The walk into Paradise Garden
(1946)
C'est au terme de sa convalescence qu'il réalise ce "portrait" de ses enfants Patrick et Juanita , un cliché devenu célébrissime mais refusé alors par le magazine Life au motif que les protagonistes tournent le dos à l'objectif. Professionnel intransigeant, intraitable sur l'éthique de sa pratique mais aussi sur celle de ses employeurs, W.E. Smith démissionnera de Life en 1954 suite à un profond désaccord sur l'usage de ses photos et les modifications arbitraires de leurs légendes.
I am a passionate photographer ; passionate about life, love, and beauty... Life is precious and I savor it to the fullest, capturing its magical moments with my camera.
Son refus des compromissions lui vaudra de vivre souvent dans la précarité et lorsqu'il disparaît, à l'âge de 60 ans, il laisse derrière lui 11 tonnes d'archives et seulement 18 $ sur son compte en banque.

Gilbert Garcin - Le moulin de l'oubli (1999) Une image et des mots. Où Beckett dialogue avec Tati... Une "photosophie" du p...