In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

dimanche 2 décembre 2012

Martin Lewis - Relics (1928)
Le vide-grenier du dimanche. Deux illustrations du peintre et graveur américain Martin Lewis (1881-1962).
Né en Australie, il est arrivé aux États-Unis en 1900 et s'est installé à New York où il a initié Edward Hopper à l'art de la gravure.
Puis il est parti au Japon pendant deux ans pour s'y former aux techniques traditionnelles.
Vint la Grande Dépression et Martin Lewis sombra peu à peu dans l'oubli, alors que Hopper connaissait la gloire.

M. Lewis - Rainy day, Queens (1931)








Aux très admirés "Shadow dance" et "The glow of the city", j'ai préféré ces deux gravures.
La première, Relics, est une pointe sèche parfois appelée  - ou du moins sous-titrée-, Speakeasy Corner. Pendant la Prohibition (1920-1933) , un Speakeasy était un marchand d'alcools ou un bar clandestin.
La deuxième gravure, encore une pointe sèche, je l'ai choisie pour sa belle atmosphère, ses jeux d'ombres et de lumière sur le sol mouillé.
Le New York nocturne était, pour Lewis comme pour Hopper, une formidable source d'inspiration.

samedi 1 décembre 2012

Aitor Lara - Sans titre
Une image et des mots. Le cliché est du photographe philosophe espagnol Aitor Lara (b.1974), et les mots sont extraits de la Biologie de l'amour (1985) du médecin psychiatre Marcel Schwob.

"Une fois passée la phase d'excitation due aux catécholamines du "choc amoureux" (le coup de foudre), le cerveau émotionnel s'installe dans un état que l'on pourrait qualifier d'euphorie-dépendance. En effet, cette phase correspond pour la personne amoureuse à la présence de l'autre; à elle seule, elle suffit à donner une joie intérieure, tout à fait différente de l'excitation amoureuse initiale, faite de calme et de sérénité. Mais cette présence, de suffisante, devient peu à peu nécessaire, puis indispensable. L'absence de l'être aimé crée un état d'angoisse que seul son retour apaise. [.....] Il faut se rappeler que le système limbique, avec en son sein le septum, centre de l'orgasme, fonctionne en grande partie avec des morphines endogènes. 
Ces endorphines qui voient leur sécrétion accrue lors de l'état amoureux, grâce à la stimulation du système de plaisir, entraînent la sensation d'euphorie ressentie par la personne qui a trouvé l' "élu de son coeur". Saturant les circuits nerveux du système limbique, elles imprègnent de bonheur toute la vie affective de la personne."
RF1

ICI

dimanche 25 novembre 2012

John Koch - Morning (1971)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain John Koch (1909-1978). 
Au début des années 30 il part pour Paris, où il passe cinq ans à étudier et copier des tableaux dans les musées de la capitale.

J.K. - The painter (1964)








Peinture réaliste de scènes domestiques, ses toiles ont souvent pour cadre le propre appartement de l'artiste, à Manhattan.
I am quite visibly a realist, occupied essentially with human beings, the environments they create, and their relationships.

dimanche 18 novembre 2012

Joan Fontcuberta - Miracle of cryofloration (2002)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du catalan Joan Fontcuberta (b.1955). La première est extraite de sa série Miracles & Co, qui a fait grand bruit en Espagne. On y voit un prêtre orthodoxe (incarné par le photographe) marcher sur l'eau, ou bien en état de lévitation, ou bien encore ouvrant sa soutane sur une glorieuse poitrine féminine. Il s'agit, nous dit Fontcuberta d' "une référence critique à la foi religieuse, au fanatisme, à la superstition, au paranormal et à la crédulité."
Bon..., soit.... Mais je trouve que le photographe nous fait là, comme on dit au rugby, des passes un peu trop téléphonées, et pour ma part je ne garde de cette série, et pour des raisons simplement esthétiques, que cette photo qui me plaît assez.

J. F. - Braohypoda frustata (1982)
Pour sa beauté abstraite, mais aussi pour la réflexion à laquelle elle nous invite, j'aime bien davantage sa série Herbarium (1982-1985) d'où est extraite cette plante imaginaire. Il s'agit -  à la manière du splendide Formes originelles de l'art de Karl Blossfeldt - d'un catalogue pseudo-scientifique de fausses plantes exotiques reconstituées à partir de déchets végétaux, de débris industriels, et de restes animaux. Un travail sur le simulacre et la fiction qui nous porte à questionner notre relation émotionnelle et intellectuelle au monde.
Fontcuberta est également théoricien de la photographie et a publié en 2005, chez Actes Sud, un brillant et passionnant essai intitulé "Le baiser de Judas".

samedi 17 novembre 2012

Sean Landers - Hourglass (2011)
Une image et des mots. Sous le titre Une bibliothèque idéale, Payot a réuni récemment dans sa collection Rivages une sélection d'articles rédigés par Hermann Hesse sur le monde du livre - le plus grand de tous les mondes que l'homme n'a pas reçu de la nature -, et l'art de la lecture. Qui s'adonne à la lecture comme on écoute un ami, écrit-il, verra les livres s'ouvrir à lui et devenir siens.
Mais la présence, sur ce tableau de l'américain Sean Landers (b.1962), d'un sablier - fragile symbole du temps qui passe -, parmi ces voix périssables de l'éternité que sont les livres, me fait évidemment penser à Borgès. Voici un extrait de la nouvelle La Bibliothèque de Babel, publiée en 1944 dans le recueil Fictions.

Je me retrouvai dans une galerie hexagonale dont les murs étaient cachés par des étagères de livres. Au centre de cette galerie, un puits permettait de voir, au dessus et en dessous, d'autres galeries hexagonales à perte de vue. Elles étaient reliées par des labyrinthes de couloirs et d'escaliers en colimaçons. Un vieillard, probablement un bibliothécaire, contemplait le puits. Je m'approchai.
- Qui êtes-vous et où sommes nous ?
- Je suis Jorge de Burgos et nous sommes dans une des galeries de la Bibliothèque de Babel.
- Comment fait-on pour sortir d'ici ?
- On ne peut sortir d'ici. Cette Bibliothèque est infinie, c'est l'Univers dans lequel les hommes naissent, vivent et meurent.
Je compris qu'il croyait en l'existence de l'infini actuel. En me montrant les miroirs jalonnant les galeries et multipliant les images, il ajouta :
- Ces miroirs qui multiplient les images rappellent que la Bibliothèque est infinie.
Je protestai.
- Ils créent l'illusion de l'infini, mais ce n'est pas l'infini. Puisqu'il y a des murs, la Bibliothèque est finie et on peut en sortir.
- Derrière ces étagères formant un hexagone, il y a d'autres étagères formant un autre hexagone, jusqu'à l'infini. Nous sommes au centre de la Bibliothèque. Dans un espace infini, on est toujours en son centre et les frontières sont inaccessibles. Chaque hexagone est contenu dans un autre hexagone., la Bibliothèque est infinie, c'est l'Univers.

GH8 ICI